Le gendarme des données de l'UE réclame une application paneuropéenne de suivi du coronavirus

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 07 avril 2020 à 12h56
Wojciech Wiewiórowski
Wojciech Wiewiórowski © CEPD

Le Contrôleur européen de la protection des données a milité, lundi, pour l'utilisation d'une seule et même application mobile Covid-19 pour l'ensemble des pays de la zone.

Alors que l'exécutif paraît être de plus en plus ouvert au « tracking », c'est-à-dire à cette idée de pouvoir tracer numériquement les malades du coronavirus de façon à enclencher un déconfinement sans crainte d'une relance de l'épidémie, le Contrôleur européen de la protection des données (CEPD), Wojciech Wiewiórowski, a appelé, lundi, à la mise en place d'une application mobile dite « paneuropéenne ». Une solution proposée afin d'éviter de voir chaque pays livrer son propre outil, ce qui pourrait potentiellement porter atteinte à la vie privée des citoyens de l'Union européenne.


L'appel au développement d'une application mobile pour toute l'Europe

Ces dernières semaines, plusieurs gouvernements européens (allemand, autrichien, irlandais ou polonais) ont déployé (ou envisagent de le faire) une application qui permet de suivre une personne précédemment atteinte du Covid-19 ou qui a pu être en contact avec un malade de façon à endiguer la pandémie. Mais celles et ceux qui militent pour la protection des données et le respect de la vie privée redoutent de fâcheuses conséquences futures comme le maintien de telles applications une fois la crise sanitaire passée, ou dénoncent le fait que les utilisateurs n'ont pas nécessairement accepté d'être « tracés » .

« La crise ne sera pas terminée en quelques semaines. Il faudra des mois pour se battre avec et des années pour récupérer », a indiqué Wojciech Wiewiórowski dans une déclaration publiée le 6 avril. Le Contrôleur européen de la protection des données, en poste depuis décembre 2019, considère que « nous ne serons pas en mesure de résoudre (la crise) avec des outils nationaux seulement ».

Le dirigeant polonais appelle ainsi à la création d'une application mobile Covid-19 paneuropéenne, qui serait « coordonnée au niveau de l'Union européenne », en collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé.


Le RGPD ne devrait pas faire barrage

Le CEPD semble considérer qu'en utilisant des identifiants temporaires et la technologie Bluetooth pour le suivi des contacts, un équilibre entre la protection des données personnelles, de la vie privée et la protection sanitaire des citoyens européens pourrait être trouvé. Et ce, dans le respect du RGPD, qui ne devrait pas constituer un obstacle pour le traitement des données à caractère personnel, dans le sens où la mesure est « jugée nécessaire par les autorités sanitaires pour lutter contre la pandémie », justifie le contrôleur.

L'autorité de l'UE appelle ainsi les développeurs à se manifester pour mener à bien cette entreprise collective.

Source : CEPD
Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Commentaires (10)
Confined-at-Home

Le dirigeant polonais appelle ainsi à la création d’une application mobile Covid-19 paneuropéenne, qui serait « coordonnée au niveau de l’Union européenne », en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé.

Ils savent qu’avec les processus de la commission, les appels d’offres pour la libre concurence, on risque de voir cette application pas avant les JO de 2024?
on sera en alors CODIV-23…

carinae

ho punaise ne parle pas de malheur ! :slight_smile: :slight_smile: Mais bon … il a fallu quand même 1 mois pour qu’on commence a penser européen. Après la demande d’aide des italiens ou aucun pays n’a répondu présent serait-ce les prémices d’une volonté a l’échelle européenne ? c’est pas possible ? si ? (humour inside)

GRITI

Une volonté à l’échelle européenne pour surveiller les populations? Pour cela, ils arriveront à se mettre très vite d’accord :wink:

ChristianBoxe

bonjour un conseil , laissez vos smartphones à la maison, ce n’est pas indispensable de lavoir toujours avec soi!

Confined-at-Home

Là tu rêves, ils ne savent plus marcher sans smartphone!
cela fait des années qu’ils donnent leurs vies à Google, Apple, FB, Twitter, Instagram. Ils sont d’accord pour sortir sans masque mais pas sans téléphone.

Par contre, je suis entièrement pour la géolocalisation type BT afin de savoir si j’ai croisé des gens contaminés ou pas. Idem pour une application avec données qui restent sur le site du ministère pour le confinement. il n’est pas normal de pouvoir faire plusieurs demandes de sortie par jour pour des activités autres qu’essentielles.
Eventuellement qu’on puisse la corriger avant le déclenchement de la fenetre de sortie, mais pas qu’on puisse en avoir plusieurs actives dans une row de 24h.

KlingonBrain

je suis entièrement pour la géolocalisation type BT afin de savoir si j’ai croisé des gens contaminés ou pas.

Ce sera sans moi…

Pour ma part, je pense qu’outre le fait d’être potentiellement dangereux pour nos libertés, je ne suis pas du tout convaincu par l’utilité de ce gadget.

L’informatique, ça n’est pas magique. L’idée que le bluetooth serait à même de détecter une contamination ne repose sur absolument aucune preuve scientifique. Et les pays comme la Corée ont généralisé les masques et les tests. Cette multiplicité des actions multiplie les biais de raisonnement, ce qui ne permet nullement de prouver que les applications sur smartphone auraient effectivement joué un rôle.

Il faut savoir que le BT standard à une portée de 10 mètres.

Tu t’arrêtes au feu rouge vitres fermées, celui qui est dans la voiture à côté est contaminé -> tu est contaminé ?
Ton voisin du dessus est contaminé -> Tu est contaminé ? (le BT passe à travers une dalle, pas le virus).
Le gars qui bosse dans le bureau d’a côté, à 2 mètres de toi, mais séparé par un mur -> Tu est contaminé ?
Tu habites à côté d’un arrêt de bus-> Tu est contaminé ?
Tu habites juste au dessus d’une boulangerie -> Tu est contaminé ?
Quelqu’un passe dans la cage d’escalier juste à côté de ta chambre -> tu est contaminé ?
Tu croise à coureur à pied à 10 mètres -> Tu est contaminé ? (Et si on considère que c’est insuffisant pour être contaminé alors on ne détectera pas un coureur qui vous tousse dessus à 50cm en passant).

Tu lèches la barre du métro -> Tu n’est(soit disant) pas contaminé car l’application ne peut pas le détecter.

Quelqu’un est passé dans un couloir et à toussé 10 secondes avant ton passage ? Pas détecté car en dehors de portée du bluetoot -> Contamination possible, non détectée.

Bref, ça repose sur quoi l’idée qu’on pourrait détecter la contamination avec le bluetooth de manière fiable ?

Quand à considérer qu’il faudrait un certain temps de contact pour être contaminé, cela ne reposerait sur rien de scientifique. Quelqu’un vous tousse dessus dans un couloir du métro = contaminé immédiatement.

A l’inverse, on peut être pendant des heures à proximité d’un contaminé sans l’être quand on est séparé par une cloison. Le bluetooth ne peut pas détecter la cloison.

Bref, je ne suis pas du tout convaincu par le fait qu’on puisse déterminer de manière fiable qu’une personne est contaminée (ou non) par ce genre de gadget. Les ondes bluetooth et les flux d’air ont un comportement beaucoup trop différent, pour ne pas dire opposé. Le smartphone n’a en outre aucune capacité à percevoir les situations à risque de contamination (la distance n’est qu’un critère).

Et d’un autre côté, il y a des choses beaucoup plus concrètes et évidentes que l’on pourrait faire pour limiter la propagation du virus. Par exemple, au minimum de fournir des masques aux forces de l’ordre qui contrôlent tous les jours des milliers de gens… comment fait t’on pour ne pas voir ce vecteur majeur et évident de contamination potentielle ?

Mais ce qu’il faut comprendre, c’est qu’une application, ça en jette, ça va faire de la comm’ et du buzz, ce qui donnera une impression d’efficacité… Tout en faisant oublier qu’on est à la dèche pour des choses bien plus importantes comme les masques et les tests.

Et j’imagine aussi que des entreprises ont du fleurer le bon filon pour faire du pognon. Face à des politicards qui ne comprennent absolument rien aux détails de la technologie et qui veulent prouver à leurs administrés qu’ils ont fait quelque chose. Ils ont bien compris qu’après la crise viendra le temps des procès et des responsabilités. Des gens auront perdu des proches, la foule réclamera des têtes… il faudra avoir de quoi se justifier.

Quand à l’Europe et ses institutions démocratiquement discutables, on voit tout le danger possible d’une prise de décision qui pourrait complètement bypasser la volonté des peuples. Et des politiciens nationaux qui se retrancheront comme d’habitude derrière l’application des lois européennes.

Bienvenue en EURSS ? Ou alors cette histoire sera t’elle la goute d’eau qui convaincra les peuples qu’il faut mettre fin à cette union européenne ?

Nmut

Il ne faut pas de baser sur des cas spécifiques, on est sur de la statistique.
On sait maintenant que cette cochonnerie est infiniment plus transmissible que l’on ne le pensait et que le nombre de porteurs sains est énorme. Le seul moyen de contrer ça c’est d’isoler les porteurs potentiels. On sait maintenant que l’on a plus que les tests généralisés et les quarantaines ciblées pour s’en sortir au moins pire… Après si tu as une meilleure solution, je pense que le monde entier te serait reconnaissant.
Quand on voit le nombre de personnes dehors dès le premier rayon de soleil, le confinement ne peut durer . Et je me mets dans le lot: on a eu une panne d’électricité et tout le monde est sorti pour discuter dans la rue, certes à 20m les uns des autres, mais bon, le confinement à pris une baffe avec nos réflexes basiques…

KlingonBrain

Il ne faut pas de baser sur des cas spécifiques, on est sur de la statistique.
Le seul moyen de contrer ça c’est d’isoler les porteurs potentiels

Isoler les porteurs potentiels n’a de pertinence que si on peut trouver un moyen à peu près fiable de détecter la contamination. Pas juste une probabilité statistique. IMHO, pour les raisons expliquées plus haut, je suis convaincu que les smartphones ne sont pas en mesure d’apporter des données assez fiables sur le plan statistique pour qu’on puisse s’appuyer la dessus.

S’il faut isoler une grande quantité de personnes juste parce qu’elles ont croisé le chemin d’un contaminé à 10 mètres, cela va ruiner notre économie. Et ceux qui pensent que notre économie peut tourner alors que des personnes clé seront mises régulièrement (et sans prévision possible) en quarantaine se trompent : plus personne ne pourra garantir le moindre délai.

Et de l’autre côté, si on laisse passer ne fut ce qu’un seul porteur sain, l’épidémie peut reprendre de plus belle.

Pour moi, cette histoire d’application est juste une fausse bonne idée.

Après si tu as une meilleure solution, je pense que le monde entier te serait reconnaissant.

Et le pire c’est qu’il y en a. Les solutions ne manquent vraiment pas. Et sans rien inventer…

Pas besoin de chercher plus loin que… d’appliquer les solutions que scientifiques et médecins utilisent déjà depuis très longtemps pour se protéger de la contamination. Y compris de virus beaucoup plus dangereux que le Coronavirus.

Et croyez moi, si vous regardez ce qu’on utilise dans les labo, on sait faire des choses très performantes pour empêcher quelqu’un d’être contaminé.

Mais libre au peuple de croire qu’une application sur leur smartphone les protégera… pendant que d’autres utiliseront pour eux de vrais moyens scientifiquement efficaces.

Exemple de ce qu’utilise Vladimir poutine pour se protéger. Moi j’en vieux bien une.

Et pour info, il y a des tenues encore plus performant dans les labo P3 et P4 avec unité portable de décontamination d’air. Du joli matos, mais qui serait certainement « overkill » pour un simple coronavirus…

Donc oui, la science nous fournit des solutions bien plus sérieuses, validées et autrement moins dangereuses pour nos libertés que ces histoires de big brother qui vous dira… quand vous serez contaminé (la belle affaire…).

A ceux qui objecteront que ce genre de tenue est coûteuse, je répondrait que produite en grande quantité, je pense que ce serait tout à fait abordable. En les adaptant pour l’usage grand public, cela va de soi.

C’est particulièrement le cas si on compare au coût exorbitant de la mise en quarantaine de millions de personnes.

Avi84

As-tu bien compris le sujet ?
Le Bluetooth ne permet pas de détecter le virus. mais il permet de détecter que tu a croisé une personne qui a été détecter et signalé par les autorités médicale comme porteur de la maladie !!!
Ainsi, on pourrai TE faire un dépistage particulier au lieu d’un dépistage sur toute la population qui couterai un max de test pour rien et une fortune.

Le Bluetooth ne détecte pas le « conàvirus » !!!

KlingonBrain

Le Bluetooth ne détecte pas le « conàvirus » !!!

L’informatique est mon métier.

Je n’ai pas parlé de détecter le coronavirus, mais la contamination. Précisons donc : "détectée à posteriori par corrélation de données. ".

Le Bluetooth ne permet pas de détecter le virus. mais il permet de détecter que tu a croisé une personne qui a été détecter et signalé par les autorités médicale comme porteur de la maladie !!!
Ainsi, on pourrai TE faire un dépistage particulier au lieu d’un dépistage sur toute la population qui couterai un max de test pour rien et une fortune.

J’ai bien compris l’idée. Mais je ne suis pas d’accord. A mon humble opinion, quand on étudie le détail, c’est beaucoup plus compliqué.

(1) Dans cet épidémie, il y a une grande quantité de porteurs sains ou de personnes avec très peu de symptômes. La stratégie de contrôle par traçage des personnes malade s’est déjà révélé un échec à petite échelle. C’est en croyant à cette stratégie que la situation nous a échappé. Il n’y a pas de raison que cela fonctionne mieux à grande échelle. Bien au contraire.

(2) Une petite proportion de personnes contaminées qui prendront le métro à l’heure de pointe vont logiquement mener à un grand nombre de « hits », voir un nombre énorme. Et cela tous les jours. Déjà qu’on a du mal à tester les personnes malades avec des symptômes avérés…

(3) Les tests sont loin d’être fiables à 100%. Ce simple détail met par terre toute la stratégie de dépistage basée sur le principe que vous avez mentionné sachant qu’il suffit d’un seul cas pour relancer l’épidémie.

(4) Une caissière, un conducteur de train, un policier ou un postier vont s’approcher tous les jours de milliers de personnes. Devront t’ils faire des tests tous les jours ?

IMHO, le danger d’une application de pistage, outre les graves problèmes soulevés à propos des libertés individuelles est le risque de surinvestir en espoir à propos de son efficacité. Ce qui peut mener le grand public comme la classe politique à de mauvais choix, c’est à dire à oublier tout le reste.

Bref, je ne crois pas dans une « application magique » qui a encore tout à prouver. Ce que je crois, ce sont les solutions sérieuses qui ont déjà fait leurs preuves depuis très longtemps : les équipements de protection et les gestes barrières qui sont pour rappel ce que tous les médecins et scientifiques utilisent pour se prémunir de la contamination. Et cela aussi bien en milieu hospitalier que dans les laboratoires.

Abonnez-vous à notre newsletter !

Recevez un résumé quotidien de l'actu technologique.

Désinscrivez-vous via le lien de désinscription présent sur nos newsletters ou écrivez à : [email protected]. en savoir plus sur le traitement de données personnelles