Le patron de l'opérateur, Stéphane Richard, se dit favorable au traçage numérique pour lutter contre le Covid-19.
Pour lutter contre le coronavirus, le monde de la tech et du numérique est à pied d'œuvre afin de mettre au point une ou des solutions capables de ralentir, ou du moins de contenir, la progression du virus. Apple et Google collaborent pour en mettre une au point, d'autres entreprises s'y attellent, souvent des sociétés privées tel que c'est le cas pour l'application Coalition. En France, l'opérateur historique Orange serait parvenu à développer sa propre application de contact tracing.
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Orange a devancé le gouvernement
Ce vendredi 17 avril, le président-directeur général d'Orange, Stéphane Richard, était au micro de France Inter et d'Ali Baddou pour évoquer la probable et prochaine mise en place, en France, d'une application de traçage numérique pour lutter contre le Covid-19. Le dirigeant, qui peut profiter de la porte enfoncée sur ce dossier par le président de la République Emmanuel Macron, est également ouvert à la diffusion d'une application de ce type, allant même jusqu'à affirmer avoir « un prototype d'application qui fonctionne ».« Si on pense que la technologie peut aider à sortir de l'épidémie, il faut l'utiliser », a précisé le patron de l'opérateur, qui ne cache donc pas son opinion sur le traçage numérique des Français. Pour développer sa propre application de contact tracing, le gouvernement a fait appel à l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA). L'entreprise Orange s'inscrit donc en alternative, en affirmant être déjà prête. De quoi faire réfléchir le gouvernement ?
.@SRichard, PDG d'Orange : "Si on pense que la technologie peut aider à combattre le virus, ce serait irresponsable de fermer cette voie pour des raisons qui relèvent davantage du fantasme que d'autres choses. La question, c'est celle des garanties." #le79Inter pic.twitter.com/3oXYAJMnJ3
— France Inter (@franceinter) April 17, 2020
Une application dans l'esprit semblable à celle développée par l'État
Rappelons que l'application envisagée par l'État est prévue pour fonctionner grâce au Bluetooth, qui permettrait aux smartphones qui se croisent à une certaine distance et sur une certaine durée de s'enregistrer mutuellement via un ID personnalisé et anonymisé. Cela aurait alors effet, dans le cas où un individu tombe malade, de prévenir tous les autres smartphones rencontrés les quinze jours précédant le diagnostic.Si le gouvernement veut rassurer en vendant une application sécurisée, qui ne collecte pas de données, anonyme donc, et basée sur le volontariat et le consentement clair et précis de l'utilisateur, c'est là que réside la principale inquiétude d'une partie de la population. Se dirige-t-on vers un Big Brother à la Française ? Le patron d'Orange a son avis.
«< i>Il ne s'agit pas de l'imposer à qui que ce soit ; [...] il faudra un droit à l'effacement prévu dès le départ, que cette application s'auto-détruise ; et enfin qu'elle ne repose pas sur les données des opérateurs, et notamment pas sur la géolocalisation, mais sur une autre donnée, le Bluetooth, qui conserve un historique des contacts à l'intérieur du téléphone ». En somme, Orange propose une appli censée préserver les libertés individuelles des citoyens, comme celle du gouvernement. Sauf qu'elle serait déjà opérationnelle. Selon nos confrères du Figaro, Orange aurait collaboré avec Accenture, Dassault Systèmes et Sopra Steria sur la question.
Notons qu'Orange a en parallèle annoncé, toujours ce vendredi, réduire la distribution de dividendes à verser aux actionnaires de 30 %.