SanDisk et Samsung ne sont plus les seuls à utiliser de la mémoire TLC. OCZ se jette également dans la bataille profitant, comme SanDisk, des puces Toshiba à trois couches.
Des composants moins chers à produire, qui placent naturellement le Trio 100 dans la catégorie des SSD d'entrée de gamme : ce nouveau venu dans la gamme OCZ se situe ainsi sous le Arc 100, que nous testions il y a près d'un an.
En plus de l'introduction de ces puces TLC, OCZ profite de ce Trion 100 pour proposer un contrôleur signé Toshiba, qui vient remplacer le Barefoot 3 d'Indilinx, société rachetée en son temps par OCZ. Le constructeur japonais, désormais propriétaire d'OCZ, est donc plus que jamais présent au sein du Trion 100. Pour quelles performances et à quel prix ? C'est tout l'objet de ce test de la version 240 Go de ce nouveau SSD.
MAJ : nous ajoutons au test du modèle 240 Go celui de la version 480 Go.
Du retard, pour quelles innovations ?
Avec le Trion 100, OCZ commercialise un SSD que SanDisk, et surtout Samsung, ont sorti il y a plusieurs mois, voire plusieurs années. Difficile toutefois de comparer le Samsung 840 Series (premier SSD en TLC) avec le Trion 100, tant les puces mémoire ont évolué depuis fin 2012. En revanche, le SanDisk Ultra II est équipé des mêmes puces mémoire que le Trion (pour le 15 nm, il faudra attendre plus tard dans l'année), propose sur le papier les mêmes performances, et est disponible dans le commerce depuis septembre 2014.Le Trion arrive assez tard sur le marché, alors même que la NAND 3D constitue désormais le nouvel eldorado. Ce SSD n'est cependant pas complètement dépourvu de nouveautés, puisqu'il inaugure un contrôleur issu des usines Toshiba, nous y reviendrons. Mais l'argument d'OCZ par rapport à un SSD comme le SanDisk Ultra II, c'est la compatibilité de son modèle avec le Dev SLP (pour device sleep), un mode de consommation assimilable à une veille prolongée et qui permet au SSD de ne nécessiter que très peu d'énergie lorsqu'il n'est pas utilisé (typiquement, quand un portable est en veille).
Ainsi, alors que le SanDisk Ultra II consomme un minimum de 75 mW, le Trion 100 peut se contenter de 6 mW dans cette situation. Un avantage certain si l'on pense à l'intégration de ce SSD dans un PC portable, et un ultrabook en particulier, pour qui les mW sont comptés.
D'OCZ, il ne reste que la marque
En plus du mode Dev SLP, le Trion 100 inaugure donc un nouveau contrôleur, signé Toshiba. Alors que le constructeur japonais utilisait auparavant des puces tierces, ou encore les Barefoot depuis le rachat d'OCZ, il a pris le parti de fournir lui-même la puce. Un choix assez étonnant, puisque nous avons eu confirmation de la part d'OCZ qu'Indilinx / OCZ n'avait en aucun cas participé à la conception de cette puce. Et n'a, par conséquent, aucune information à nous livrer sur ce contrôleur, nom de code Alishan.Même si le rachat d'OCZ par la firme laissait présager d'un renouveau pour les contrôleurs Indilinx, il semblerait que Toshiba ait choisi une autre option, ou au moins une voie parallèle, en conservant peut-être les Barefoot et suivants pour des modèles plus haut de gamme, comme c'est le cas par ailleurs sur le Vector 180.
Quoi qu'il en soit, de ce Trion 100, OCZ ne conserve finalement que la marque, puisque le contrôleur et les puces mémoire proviennent tous de la maison-mère. OCZ n'a plus en charge, dès lors, que la partie commercialisation, marketing, service après-vente. Espérons pour OCZ que ce ne soit pas là le début d'un revirement stratégique de la part de Toshiba.
A propos du service après-vente justement, qu'en est-il de l'endurance de ce Trion 100 ? D'après OCZ, la quantité maximale de données écrites sur ses SSD dépend de leurs capacités et varie de 30 To (pour le modèle 120 Go) à 240 To (pour la version 960 Go). À titre de comparaison, Samsung revendique une endurance de 75 To pour les versions 120 et 250 Go de son 850 Evo, et 150 To pour les modèles 500 Go et 1 To.
Le Trion est, de ce point de vue, moins intéressant que le 850 Evo (sauf pour le modèle 960 Go), mais dispose sur le papier d'une durée de vie supérieure aux BX100 de Crucial ou au SanDisk Ultra II, qui annoncent des endurances de respectivement 72 et 80 To en écriture.
Les performances : en théorie, en pratique
Comme tous les SSD dotés de mémoire TLC (moins performante en écriture), le Trion 100 utilise un système de cache similaire à ce qu'on trouve chez Samsung (Turbo Write) ou SanDisk (nCache). Une façon astucieuse de pallier les faibles débits en écriture, notamment pour les modèles de plus faibles capacités.Le Trion 100 n'a donc pas à rougir face à la concurrence et ses débits sont similaires à ce que l'on peut trouver sur les SSD haut de gamme. La différence est en revanche visible au niveau du nombre d'opérations d'entrées / sorties par seconde (IOPS), où le Trion 100 ne parvient pas à égaler les meilleurs modèles, particulièrement en écriture.
Qu'en est-il dans les faits ? Pour le savoir, nous avons fait subir au nouveau SSD OCZ la même batterie de tests que pour les précédents modèles, et nous l'avons comparé à d'autres SSD de la même veine, comme le Arc 100, le Samsung 850 Evo, le SanDisk Ultra II ou encore les récents MX200 et BX100 de Crucial.
On commence avec IOmeter, un outil qu'il faut manipuler avec précaution lorsqu'il s'agit de tests de SSD. Ici, nous avons travaillé sur des secteurs et des fichiers de 4 Ko, avec des accès aléatoires à 100% (ce sont ceux qui sollicitent le plus le contrôleur), et selon deux scénarios différents :
- une activité comprenant 25% de lecture, 75% d'écriture ;
- un protocole qui comprend 75% de lecture et seulement 25% d'écriture.
Sur ces tests menés sur une profondeur de queue égale à 1, le Trion 100 version 240 Go ne brille pas par ces performances. Systématiquement devancé par les Samsung 850 Evo (250 et 500 Go), le nouveau venu chez OCZ est aussi souvent battu par le Crucial BX100, en version 500 Go. Le modèle 480 Go s'en sort bien mieux, notamment en lecture, mais aussi en écriture.
De gauche à droite : Samsung 850 Evo 250 Go, OCZ Trion 100 240 Go, Samsung 850 Evo 500 Go, OCZ Trion 100 480 Go
Au contraire de IOMeter, ATTO travaille en séquentiel. Sur ce genre d'exercices, le Trion ne peut rivaliser avec le 850 Evo sur les très petits fichiers, mais dès que la taille du fichier atteint 4 Ko, le nouveau SSD d'OCZ l'emporte largement, notamment en lecture. A partir 64 Ko, les SSD d'OCZ et de Samsung sont au coude à coude.
De gauche à droite : Samsung 850 Evo 250 Go, OCZ Trion 100 240 Go, Samsung 850 Evo 500 Go, OCZ Trion 100 480 Go
CrystalDiskMark combine pour sa part une partie de tests séquentiels (sur un fichier de 1 Go) et une partie de tests aléatoires, avec différents scénarios (lecture et écriture d'un fichier de 512, puis 4 Ko, et de plusieurs fichiers de 4 Ko simultanément).
En lecture séquentielle, comme ATTO le laissait penser, les Trion 100 dominent les 850 Evo. Lorsque la lecture devient aléatoire, les SSD Samsung reprennent le dessus, et font toujours mieux en écriture, quel que soit le mode de fonctionnement.
Nous avons effectué quelques tests pratiques, comme la décompression d'un fichier WinRAR de 1,85 Go contenant des fichiers de tailles diverses comprises entre quelques Ko et plusieurs Mo.
Un tel test met en lumière le rôle assez faible du SSD par rapport à celui de la quantité de mémoire, de sa vitesse, ou encore de celle du processeur. Tous nos modèles sont assez proches, et les Trion 100 prend bien place parmi le peloton formé par tous les SSD.
Des tests de transfert sont évidemment de la partie : un fichier de 3,9 Go pour voir comment se comportent nos SSD sur les données de taille importante, et 1 Go de petits fichiers compris entre 12 et 34 Ko pour observer leurs performances sur les données de petite taille. Ces tests sont réalisés à l'aide d'un RAMDisk de 4 Go fonctionnant sur de la mémoire cadencée à 1 866 MHz.
En lecture, le Trion 100 240 Go n'a rien à envier à ses concurrents, et si le modèle 480 Go est légèrement en retrait, il laisse tout de même le Arc 100 loin derrière, lui qui n'est pas pourvu du système de cache utilisé par Toshiba sur les Trion.
En écriture, le constat est plus mitigé : le Trion 100 240 Go prend la dernière place du classement avec un débit qui rappelle le SATA II, tandis que la version 480 Go s'en sort nettement mieux, avec des performances qui ne dénotent pas par rapport à la concurrence.
Enfin, la copie proche, qui consiste à lire et écrire le même fichier, est une opération sollicitant beaucoup le contrôleur : il convient de voir comment nos concurrents s'en sortent.
Logiquement, le Trion 100 240 Go est largement à la traîne, plombé par ses piètres performances en écriture. Le modèle 480 Go propose des scores plus intéressants, sans pour autant égaler ceux du 850 Evo de Samsung.
Notre avis
Le Trion 100 d'OCZ vient concurrencer les SSD d'entrée de gamme comme le Samsung 850 Evo. Avec succès ? Si l'on se réfère uniquement au prix, c'est le cas. Le Trion 100 sera commercialisé à 55, 85, 175 et 310 euros dans ses versions 120, 240, 480 et 960 Go respectivement, quand le Samsung 850 Evo est actuellement vendu à 75, 100, 197 et 390. Avec ces tarifs, OCZ parvient à aller concurrencer l'Ultra II de SanDisk, et le BX100 de Crucial, deux SSD sur le marché depuis plusieurs mois, qui ne disposent pas du mode Dev Sleep, et dont l'endurance annoncée est moindre.Le SSD du coréen conserve l'avantage de la garantie (5 ans contre 3 pour le Trion 100), prend en charge le chiffrement AES 256-bit, le YCG Opal 2.0 et la norme IEEE-1667, ce que ne fait pas le SSD d'OCZ. Et surtout, le 850 Evo affiche de meilleures performances, notamment en écriture séquentielle. C'est du moins le cas lorsqu'on compare les deux modèles 240 Go.
Le constat est très différent sur la version 480 Go. Sans venir se frotter au 850 Evo, les performances de cette déclinaison sont systématiquement meilleures que celles de son petit frère. Et surtout, elle ne souffre pas des mêmes faiblesses en écriture séquentielle.
OCZ semble bénéficier désormais du soutien de Toshiba pour aller chercher ses concurrents sur le terrain du prix, et l'arrivée de puces TLC dans un SSD s'accompagne bel et bien ici d'une politique tarifaire cohérente : la marque fait profiter les consommateurs des économies réalisées en production.
Et tandis que le 15 nm arrive, OCZ parviendra encore sans doute à abaisser le prix de ses SSD, répondant ainsi à ceux qui souhaitent s'équiper à moindre frais. Il faudra simplement veiller à ce que les performances n'en pâtissent pas trop, comme c'est le cas sur le modèle 240 Go. Ce qui n'est pas le cas de la version 480 Go qui, si elle ne peut prétendre au titre de SSD le plus rapide, reste en revanche un excellent choix pour qui recherche une référence performante à un prix imbattable.