Le Barefoot 3 M00 officie sur les Vector depuis le premier SSD de cette lignée, sorti il y a plus de deux ans. Certes, OCZ a connu dans ce laps de temps des heures assez sombres qui ont vu la firme passer par la case banqueroute, avant d'être sauvée par Toshiba. Mais parallèlement à cela, la concurrence progresse : Samsung profite de sa mémoire V-NAND et Crucial de sa NAND gravée en 16 nm.
Faute de proposer un nouveau contrôleur, OCZ inaugure l'arrivée dans ses Vector de la seconde génération de mémoire flash gravée en 19 nm par la maison-mère Toshiba. Des NAND déjà entrainées par le Arc 100, le SSD d'entrée de gamme de la marque, ou encore dans le SanDisk Extreme Pro, que nous testions il y a plus de huit mois.
Un contrôleur qui n'évolue pas, des puces mémoire connues : qu'apporte donc ce nouveau Vector 180, vitrine de la marque ? C'est ce que nous allons voir dans ce test.
Des puces sans surprise
Nous l'écrivions en introduction : ce Vector 180 n'apporte aucune nouveauté, que ce soit au niveau du contrôleur ou à celui des puces mémoire. Le Barefoot 3 M00 est en effet le même qui officiait sur les Vector et Vector 150 : il faudra encore attendre pour voir arriver le prochain contrôleur OCZ, prévu dans le courant de l'année.Naturellement, les performances sont identiques à celles du Vector 150 et OCZ n'en fait pas mystère : 550 Mo/s en lecture, 530 Mo/s en écriture, et 100 000 IOPS en lecture, 95 000 en écriture, pour la version la plus véloce. Soit peu ou prou les mêmes chiffres que tous les SSD haut de gamme, limités par un AHCI qui sera peu à peu remplacé par une interface plus récente
OCZ Vector 150 vs Vector 180 (120 / 240 / 480 / 960 Go) | ||
Vector 150 | Vector 180 | |
Lecture séquentielle (Mo/s) | 550 | 550 |
Écriture séquentielle (Mo/s) | 450 / 530 / 530 / - | 450 / 530 / 530 / 530 |
Lecture aléatoire 4 Ko (IOPS) | 80 000 / 90 000 / 100 000 / - | 85 000 / 95 000 / 100 000 / 100 000 |
Écriture aléatoire 4 Ko (IOPS) | 95 000 / 95 000 / 95 000 / - | 90 000 / 90 000 / 95 000 / 95 000 |
Pour rappel, ce Barefoot 3 est un processeur ARM qui fonctionne à 400 MHz sur 8 canaux et profite d'une interface SATA 6 Gbps, évidemment. Il agit de concert avec une quantité de mémoire cache qui varie selon la capacité du SSD (deux puces d'une capacité de 512 Mo sur notre modèle 480 Go) et assure la compatibilité avec les commandes NCQ et TRIM.
En plus de ce processeur principal, le Barefoot 3 M00 dispose d'un co-processeur Aragon, une puce 32 bits utilisant un jeu d'instructions réduit et spécifique aux SSD. Notez également la présence d'un pad thermique pour refroidir cette puce.
Parmi les autres fonctionnalités offertes par ce contrôleur, on trouve la correction d'erreur à hauteur de 44 bits par Ko, et le chiffrement AES sur 256 bits, qui était absent du Vector premier du nom, mais existait déjà sur le Vector 150, son successeur et prédécesseur du Vector 180.
Côté mémoire flash, c'est la NAND MLC A19 (19 nm) de Toshiba qui prend place au sein de ce Vector 180. Si ce SSD est le premier à bénéficier de ces puces mémoire sur le haut de gamme OCZ, la marque les a déjà utilisées sur son Arc 100, alors que SanDisk (qui partage ses usines avec Toshiba) les emploie depuis plus de 8 mois sur son Extreme Pro.
Le seul avantage de ces puces, c'est qu'elles sont moins chères à produire. Sans pour autant sacrifier la longévité des NAND, puisqu'OCZ annonce la même endurance que pour le Vector 150, à savoir la possibilité d'écrire 50 Go par jour durant les cinq années de garantie dont bénéficie ce SSD. OCZ n'apporte donc pas grand-chose non plus de ce point de vue, et il faut aller chercher les innovations ailleurs pour comprendre l'intérêt de ce Vector 180.
PFM+ : OCZ mise sur la sécurité des données
En plus de la correction d'erreur, OCZ a prévu un système de protection des données contre les coupures de courant et les pertes de stabilité du signal électrique. À l'image d'Intel dans son 730 Series ou de Crucial dans ses M500, M550, MX100 et MX200, OCZ a disposé un condensateur au sein du SSD afin d'assurer l'alimentation électrique un court instant, dès qu'une baisse de tension intervient.Le but est de permettre de sauver, dans la mémoire flash non-volatile, les données qui seraient en cours d'écriture et qui transitent dans la mémoire cache. Le condensateur est-il capable d'assumer l'écriture du gigaoctet de RAM présent sur le modèle de 960 Go ? Difficile à dire, et OCZ n'a pas répondu clairement à ce point malgré nos sollicitations.
La marque nous a en revanche spécifié en quoi cette technologie se différenciait de celles de ses concurrents (Intel et Crucial) : d'après le constructeur, le fait de sauver non seulement les données, mais aussi la table d'allocation présente en mémoire cache permet d'éviter de « briquer » son SSD, puisque dès la remise sous tension, la table d'allocation sauvegardée est réinjectée. L'utilisateur ne peut pas, en principe, voir son SSD rendu hors service par une coupure de courant.
Parmi les fonctionnalités de ce dispositif baptisé PFM+ (pour power failure management plus), notez également une sauvegarde régulière de la table d'allocation. Au cas où, tout de même...
SSD Guru, une toolbox évoluée
L'autre nouveauté chez OCZ n'est pas vraiment liée au Vector 180, bien que l'annonce soit concomitante. Le constructeur profite de la sortie de son nouveau SSD pour proposer un nouveau logiciel, le SSD Guru, qui vient remplacer sa vieillissante toolbox.S'inspirant de ce que réalise Samsung sur son Magician depuis plusieurs années, OCZ fournit enfin une interface moderne à laquelle il ne manque aucune fonction. Notez par ailleurs qu'OCZ met à disposition un fichier iso à placer sur un média bootable, ou encore une version pour Linux de son programme.
L'interface concoctée par OCZ se découpe en cinq parties. La première, l'overview, est la seule qui propose plusieurs écrans. On y retrouve les informations générales ou détaillées sur le SSD, de la capacité restante à la température en passant par tous les indicateurs Smart. Un petit encart vous indique également si le firmware du SSD est à jour.
La partie tuner permet à la fois d'activer la fonction Trim sous Windows si cela n'est pas fait, mais aussi de faire varier l'overprovisioning. Dans la partie Maintenance, là encore deux fonctions : la mise à jour du microcode du SSD depuis les serveurs d'OCZ ou depuis un fichier, et le fameux Secure Erase qui vous permet de remettre le SSD à neuf, ou presque.
Dans l'onglet Settings, divers réglages avancés vous permettent de passer par un proxy pour télécharger les firmwares, de réaliser des logs de l'activité de votre SSD, ou de gérer la façon dont cette interface se lance ou se ferme. L'onglet Help, enfin, fournit des liens vers les forums et pages de support d'OCZ, en plus d'un log que vous pourrez transmettre pour faciliter le dépannage.
Ce SSD Guru est compatible avec tous les SSD basés sur le Barefoot 3, c'est-à-dire les Vector, Vector 150 et Vector 180, les Vertex 450 et 460, le Arc 100, et le Radeon R7 commercialisé par AMD.
Les performances du Vector 180
IOmeter est un outil qu'il faut manipuler avec précaution lorsqu'il s'agit de tests de SSD. Ici, nous avons travaillé sur des secteurs et des fichiers de 4 Ko, avec des accès aléatoires à 100% (ce sont ceux qui sollicitent le plus le contrôleur), et selon deux scénarios différents :- une activité comprenant 25% de lecture, 75% d'écriture ;
- un protocole qui comprend 75% de lecture et seulement 25% d'écriture.
Si le Vector 180 ne fait pas mieux que la concurrence sur l'ensemble de ces tests, il n'en demeure pas moins que OCZ est semble-t-il parvenu à optimiser son firmware puisque son nouveau SSD surpasse systématiquement son prédécesseur, le Vector 150. Notez par ailleurs les très bonnes dispositions du Vector 180 en termes de latence d'écriture, puisqu'il termine premier de ce test, quel que soit le scénario.
ATTO se charge quant à lui de tester le SSD sur des lectures et écritures séquentielles. Rien à dire sur ce test : le Vector 180 se comporte comme les autres SSD haut de gamme, avec des débits équivalents. Toutefois, il a un peu plus de mal à atteindre son rythme de croisière et a souffert, à deux reprises, d'une petite baisse de régime en écriture (fichiers de 64 et 1 024 Ko).
CrystalDiskMark combine pour sa part une partie de tests séquentiels (sur un fichier de 1 Go) et une partie de tests aléatoires, avec différents scénarios (lecture et écriture d'un fichier de 512, puis 4 Ko, et de plusieurs fichiers de 4 Ko simultanément). Sur ces tests, le Vector 180 ne se distingue pas vraiment de la concurrence, loin s'en faut. Il n'y a guère qu'en écriture de fichiers de 4 Ko qu'il se montre plus performant que les autres SSD.
Nous avons également effectué quelques tests pratiques, comme la décompression d'un fichier WinRAR de 1,85 Go contenant des fichiers de tailles diverses comprises entre quelques Ko et plusieurs Mo.
Tous nos SSD montrent des performances très proches sur ce test, et le Vector 180 se situe dans les meilleurs modèles sur ce test de décompression, à hauteur des récents Samsung 850 Evo par exemple.
Des tests de transfert sont évidemment de la partie : un fichier de 3,9 Go pour voir comment se comportent nos SSD sur les données de taille importante, et 1 Go de petits fichiers compris entre 12 et 34 Ko pour observer leurs performances sur les données de petite taille. Ces tests sont effectués à l'aide d'un RAMDisk de 4 Go fonctionnant sur de la mémoire cadencée à 1 866 MHz.
Là encore, les SSD se montrent tous très véloces, exception faite du modèle ADATA qui peine franchement en écriture séquentielle de gros fichiers. Comment se situe notre Vector 180 ? Plutôt dans le bas du classement pour la lecture, et dans la norme en ce qui concerne l'écriture. Il n'est pas étonnant de retrouver des scores très proches de ceux du Radeon R7, évidemment.
Enfin, la copie proche, qui consiste à lire et écrire le même fichier, est une opération sollicitant beaucoup le contrôleur : il convient de voir comment nos concurrents s'en sortent.
Si OCZ semble avoir fait quelques ajustements bénéfiques sur son firmware en ce qui concerne les accès aléatoires, c'est peut-être au détriment des performances en mode séquentiel : sur ce test, le Vector 180 est assez nettement distancé par les Radeon R7 et Vector 150, alors même que ces derniers disposent du même contrôleur.
Notre avis
Avec son Vector 180, OCZ nous livre un SSD qui sent clairement le réchauffé au niveau des performances. Et si ce nouveau modèle semble avoir bénéficié de quelques optimisations au niveau des accès aléatoires, ce n'est pas du tout le cas du point de vue des lectures et écritures séquentielles.Qu'apporte donc ce Vector 180 ? L'arrivée d'une version de 960 Go, qui manquait à son prédécesseur. Soit. L'introduction d'un condensateur et d'un algorithme qui permettent d'éviter la perte de données (ou du SSD) lors d'une coupure de courant. Très bien, même s'il est difficile de juger du bon fonctionnement d'un tel dispositif.
Mais ce qui nous a le plus plu dans ce test, finalement, n'a pas grand-chose à voir avec le Vector 180. Avec son SSD Guru, OCZ offre enfin une cure de jouvence à sa toolbox, et se met au goût du jour. L'interface concoctée par OCZ est sobre, efficace et il ne manque rien à ce logiciel. Une réussite.
Hélas, son arrivée (un peu tardive) ne pourra occulter les faiblesses de l'offre du constructeur, pas plus que la licence d'Acronis True Image ou l'adapteur 2,5 vers 3,5 pouces livrés avec le Vector 180. Même la garantie de 5 ans ne convainc pas, alors que la concurrence a désormais placé la norme à 10 ans sur le haut de gamme.
On a l'impression qu'en ce moment, OCZ ne fait que courir après la concurrence. La faute à Toshiba dont les NAND n'évoluent pas, mais aussi à OCZ, dont le futur contrôleur commence à se faire sérieusement attendre. Il est grand temps que le 15 nm et Jet Express arrivent pour redorer le blason de la marque.
Finalement, est-ce que ce Vector 180 vaut les 99, 160, 305 et 575 euros demandés pour les versions 120, 240, 480 et 960 Go, respectivement ? Avec ces tarifs, OCZ s'aligne péniblement sur ceux du Samsung 850 Pro, alors que ce dernier est plus performant, bénéficie d'une endurance plus importante sur le papier, et d'une garantie deux fois plus longue, même si l'on sait la part du marketing dans cette affaire. Lequel choisir ? Vous aurez probablement compris que notre préférence va au 850 Pro.