© VanMoof
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L'entreprise néerlandaise ne peut plus payer ses factures et doit arrêter... de vendre des vélos, jusqu'à ce qu'elle puisse sortir la tête de l'eau. Du moins, si c'est toujours possible.

VanMoof est loin d'être un inconnu parmi les fabricants de vélos électriques. Récemment encore, la société se targuait d'être « le constructeur de vélos électriques le mieux financé au monde ». Mais le contexte économique mondial est compliqué, et le retour à la réalité l'est tout autant.

Le monde des start-up en plein bouleversement

En effet, comme pour beaucoup de start-up technologiques, la rentabilité n'est pas toujours la priorité, du moins pour un temps. Vivant de ses levées de fonds régulières, VanMoof a misé sur la croissance à tout prix pendant près de 6 ans. Durant cette période, ses vélos haut de gamme étaient régulièrement vendus à perte en raison de problèmes de qualité nécessitant de coûteuses réparations. Résultat : l'entreprise a enregistré des pertes de plus de 150 millions d'euros au cours des deux dernières années.

En 2022, l'arrivée de Gillian Tans, ancienne P.-D.G. de Booking.com, à la tête de VanMoof devait assurer une nouvelle étape de croissance mondiale. Cependant, son départ en mai 2023 fut le prélude à la procédure judiciaire dite de « cessation de paiement » dans laquelle l'entreprise vient de s'engager. Incapable de payer ses factures, celle-ci s'est placée sous la protection juridique des Pays-Bas, le temps d'explorer toutes les solutions possibles pour sortir de son endettement. La procédure ne peut durer que 18 mois au maximum, avant une éventuelle faillite en bonne et due forme, ou une éventuelle reprise.

Entre-temps, VanMoof a fermé ses boutiques ainsi que tous ses ateliers de réparation. Au grand désespoir de nombreux clients, dont certains se sont précipités au magasin phare de l'entreprise, à Amsterdam, pour tenter de récupérer leurs vélos encore en réparation.

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Un cow-boy à la rescousse

Ceci n'a pas manqué de rappeler à certains que leurs appareils dépendent des services en ligne et des applications de l'entreprise pour fonctionner. En cas de faillite, il est presque certain que ceux-ci ne seront plus mis à jour, voire coupés après un certain temps. Seule solution pour espérer s'en prémunir : sauvegarder les clés de cryptage Bluetooth des vélos. Sur un groupe Facebook, un utilisateur a ainsi commenté : « Si VanMoof n'est plus en mesure de couvrir ses frais de serveur, ces clés pourraient être perdues à jamais, laissant d'innombrables vélos comme des déchets électroniques, sans aucun moyen de les récupérer. »

Heureusement, c'est lorsque la veuve et l'orphelin sont en détresse que de nouveaux héros font leur apparition. Ici, il ne s’agit pas de Batman pour dégainer une Batclé pour Batsauver les clients de VanMoof, mais d'un concurrent à la philosophie très similaire à celle du constructeur néerlandais : Cowboy. La start-up belge s'est lancée dans un hackathon d'une journée pour développer l'application Bikey, contraction des mots anglais « bike » (vélo) et « key » (clé). Elle doit permettre de facilement générer et stocker la clé numérique unique d'un vélo VanMoof, et d'accéder aux paramètres de base de ce dernier.

Encore en version bêta, l'application ne peut être utilisée qu'avec les modèles S3 et X3, la compatibilité avec les S5 et A5 étant prévue pour bientôt. Les propriétaires de S2 et X2 devront quant à eux attendre encore quelque temps.

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Mieux encore, les utilisateurs de l'application vont pouvoir exporter et stocker eux-mêmes leurs clés de leur côté. Au cas où, sait-on jamais, Cowboy subirait le même sort que VanMoof. Toutefois, cela ne risque pas d'arriver tout de suite. Bien que la société belge évolue dans le même contexte économique que son concurrent, sous forte pression de ses investisseurs, elle est sur la voie de la rentabilité. Il ne reste plus qu'à espérer que sa méthode, qui consiste à faire bonne figure auprès des clients d'un VanMoof agonisant, joue en sa faveur.