La France pourrait connaître de fortes tensions sur son réseau électrique dès le mois d'octobre, pouvant s'étendre pour les six prochains mois, selon RTE. L'Union européenne veut de son côté sensibiliser la population, pour une réduction des factures.
Communication croisée ce mercredi entre le gestionnaire du Réseau de Transport d'Électricité français (RTE), qui fait part d'un « risque accru » sur le réseau hexagonal dès le mois prochain, et la Commission européenne qui appelle, entre autres propositions, les citoyens à réduire leur consommation. L'automne promet d'être long et coûteux, mais l'objectif est commun : éviter à tout prix les coupures.
Une alerte de consommation lancée, avant une forte hausse des tarifs en 2023
La situation n'est pas catastrophique, mais elle est suffisamment inquiétante pour que l'alerte générale si chère au commissaire Gilbert soit prononcée. Dans le cadre de la présentation de son étude prévisionnelle pour l'hiver à venir, RTE explique que la période de vigilance commence « exceptionnellement » dès l'automne, et qu'elle s'étendra sur plusieurs mois. Une nouvelle qui n'est pas des plus réjouissantes, surtout le jour où Élisabeth Borne vient d'annoncer une hausse des tarifs de l'électricité qui pourrait aller jusqu'à 15 % en 2023 !
RTE ajoute que le risque de coupure n'est pas à exclure, mais qu'il peut être évité par une baisse de consommation que le gestionnaire estime entre 1 et 5 % dans son scénario doux, et de… 15 % dans le scénario le plus extrême. Le chauffage, l'éclairage et la cuisson constituent des moyens accessibles de contrôler sa consommation.
En ce qui concerne le moment où nous devrons toutes et tous lever le pied cet automne et cet hiver, RTE nous dit que « la très grande majorité des situations à risque se situeraient le matin entre 8h et 13h et le soir entre 18h et 20h. Elles ne concerneraient pas des journées entières ni les week-ends ». Rien que ça.
Malgré ce discours aussi sensibilisateur qu'alarmiste, RTE affirme que « la France ne court pas un risque de black-out, c'est-à-dire de perte de contrôle totale du système électrique ».
Bruxelles veut obliger les États membres à réduire la consommation d'électricité pendant les heures de pointe
La Commission européenne veut, elle, pousser les marchés européens de l'énergie à réagir, pour atténuer les hausses spectaculaires des prix, dues en grande partie à une dissonance entre la demande et l'offre, dans un contexte où la Russie instrumentalise ses ressources énergétiques.
Bruxelles souhaite en premier lieu une baisse de la demande et propose de faire peser, sur les États membres, l'obligation de réduire la consommation d'électricité d'au moins 5 % pendant certaines heures de pointe de prix. Chaque État devra ensuite déterminer les tranches horaires les plus élevées pour les ménages. « La Commission propose également que les États membres se donnent pour objectif de réduire la demande globale d'électricité d'au moins 10 % jusqu'au 31 mars 2023 », ajoute l'autorité européenne.
Autre mesure proposée par la Commission : le plafonnement temporaire des recettes pour les producteurs d'électricité dits « inframarginaux », qui rassemblent ceux qui produisent des énergies renouvelables ou ceux qui ont recours au nucléaire et au lignite, avec un prix de l'électricité inférieur au niveau de prix fixé par les producteurs dits « marginaux », qui sont plus chers. Bruxelles propose de fixer le plafond des recettes inframarginales à 180 euros/MWh. Les recettes supérieures au plafond seront alors perçues par les gouvernements directement, qui devront les utiliser pour aider les consommateurs à diminuer leurs factures.
Sources : Commission européenne, RTE