© Kinek00 / Shutterstock
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L'avenir est incertain pour les millions de foyers qui se chauffent au gaz, les signaux sur l'interdiction – ou non – étant contraires. Alors que va-t-il se passer ?

Les chaudières à gaz dans l'existant (ces maisons, appartements ou immeubles collectifs déjà construits) sont-elles menacées ? Si le ministre du Logement, Olivier Klein, annonçait au mois d'avril qu'il n'était pas prévu d'interdire, dans l'immédiat, l'installation de chaudières à gaz dans l'existant, la Première ministre, Élisabeth Borne, prétend l'inverse, et à relatif court terme qui plus est.

Quatre foyers sur dix dans l'expectative

C'est un couac de communication qui met le gouvernement dans l'embarras et qui pourrait peser lourd sur les 40 % de ménages qui se chauffent au gaz. Dans le détail, ils sont 3,5 millions en logements collectifs avec chauffage individuel, autant en logements collectifs avec chauffage collectif, et 5 millions en maisons individuelles.

À peine un peu plus d'un mois après avoir permis aux 12 millions de foyers concernés de respirer un peu, Élisabeth Borne a évoqué une potentielle interdiction des chaudières à gaz dans le parc immobilier existant, d'ici 2026. Et ce, devant le Conseil national de la transition écologique. Alors, qui dit vrai, et surtout, est-ce bien raisonnable ?

Dans tous les cas, le remplacement des chaudières à gaz ou au fioul par les pompes à chaleur air/eau est plus compliqué que prévu. Car il donne lieu à des dérives, arnaques et autres installations bâclées, outre une forte hausse du prix des équipements de chauffage, qui empêche la plupart des Français d'opérer la bascule, les aides de l'État restant limitées.

Installer pompe a chaleur

Imposer la pompe à chaleur… une fausse bonne idée, pour l'instant ?

L'UFC-Que Choisir rappelle avoir publié une vaste enquête, à l'automne 2021, montrant que « si les chaudières à gaz sont vendues à des tarifs assez disparates d'un installateur à l'autre, elles coûtent en moyenne trois fois moins cher que les pompes à chaleur air/eau ». Les chaudières à gaz sont, en plus, protégées du démarchage, au contraire des pompes à chaleur dont certains devis atteignent des montants exorbitants, parfois au-delà des 20 000 euros. Une pompe à chaleur coûterait ainsi 10 000 euros de plus qu'une bonne chaudière à gaz.

Le remplacement programmé des 12 millions de chaudières par des pompes à chaleur pourrait déporter les dérives, ce qui ne serait pas à l'avantage des consommateurs. Et on ne vous parle même pas de l'entretien, les pompes à chaleur étant aujourd'hui moins endurantes.

Alors reste une dernière cartouche pour le gouvernement : dégainer l'argument environnemental. Mais même celui-ci ne tient pas ! « Remplacer ces 12 millions de chaudières à gaz par des pompes à chaleur ne va faire qu'augmenter nos émissions de gaz à effet de serre pendant des années », explique l'association de consommateurs. Sans oublier le calcul fait par GRDF, qui estime que la consommation électrique de ces appareils nécessitera 10 gigawatts de plus en 2035, soit l'équivalent de 10 réacteurs nucléaires supplémentaires, rien que ça.

Les choses évolueront, mais il est encore tôt pour passer en force. « Nous sommes en phase avec la nécessité de réduire la part du gaz dans le bâtiment », a déclaré le directeur de l'association Negawatt Stéphane Chatelin à l'UFC-Que Choisir. « Mais la priorité entre toutes, c'est la rénovation performante du parc bâti pour faire baisser les consommations de chauffage. Sans rénovation massive des logements, la généralisation des pompes à chaleur aura des effets délétères. Tout électrifier est une approche séduisante sur le papier, mais inadaptée à la réalité », poursuit Monsieur Chatelin.