Normandie : la plus grande route solaire du monde est un échec

Mélissa Maître
Publié le 22 août 2019 à 10h17
Route solaire
© Crédits N/A

Inaugurée en décembre 2016 par Ségolène Royal, alors ministre de l'Environnement, la route solaire de Tourouvre-au-Perche n'est aujourd'hui plus que l'ombre d'elle-même. Panneaux endommagés, performances surestimées, coûts exorbitants : si elle est toujours considérée comme étant la plus grande route solaire du monde, le projet s'avère être un véritable fiasco.

Ce premier tronçon test d'un kilomètre, composé de 2 800 m2 de panneaux photovoltaïques, aura coûté près de 4,7 millions d'euros.

Un projet ambitieux...

Sur le papier, le concept avait de quoi séduire : utiliser l'espace disponible sur les routes de France pour installer des panneaux solaires semblait être une excellente idée. Afin d'évaluer la faisabilité du projet, un premier prototype a donc été installé en 2016 sur la route départementale menant à Tourouvre-au-Perche, dans l'Orne.

D'après les calculs préalables, l'hélioroute aurait dû produire plus de 280 000 kWh par an, soit l'équivalent de la consommation électrique d'un secteur d'environ 5 000 habitants.

En mettant à profit les milliers de kilomètres de voies routières françaises, le gouvernement espérait ainsi entamer une transition énergétique forte, tout en développant l'énergie solaire sur le territoire.

... Mais des résultats médiocres

Seulement, malgré toutes ces prévisions optimistes, la route solaire n'a pas tenu ses promesses. La première année suivant son installation, elle n'aura produit que la moitié du rendement attendu, soit à peine 150 000 kWh. En 2018, la production d'énergie atteignait les 80 000 kWh, pour ne frôler que les 37 900 kWh entre janvier et juillet 2019 : bien en dessous des productions espérées, donc.

Il faut dire que le projet débutait déjà avec un handicap : située en Normandie, la ville de Tourouvre-au-Perche ne bénéficie pas d'un ensoleillement propice à une telle installation.

De plus, il semblerait que certains facteurs aient été omis lors du développement de l'hélioroute normande : en effet, de nombreux tracteurs empruntent régulièrement la départementale. Si les panneaux solaires sont conçus pour supporter le poids des véhicules, de nombreux éclats ont abîmé les cellules photovoltaïques, réduisant ainsi drastiquement leurs performances énergétiques.

Enfin, un encrassement prématuré de la chaussée, dû aux feuilles mortes et à la circulation, aura eu raison de la première route solaire de France : les joints se fissurent et les panneaux solaires se décollent, les rendant inutilisables.

Une hélioroute 2.0 ?

En mai dernier, de lourds travaux de rénovation ont été entamés pour tenter de lui redonner vie. Certains panneaux solaires trop endommagés pour être réparés ont notamment été retirés, réduisant ainsi la longueur de l'hélioroute à 700 mètres.

L'entreprise Colas, responsable des travaux, annonçait en juin la poursuite du projet pour deux nouvelles années avec la rénovation totale de la route. De nouveaux panneaux solaires moins sonores et dotés d'une meilleure performance énergétique seront réinstallés sur un nouveau tronçon de seulement 400 mètres.

Le département de l'Orne semble croire à cette deuxième version puisqu'il a voté fin juin une participation financière de 100 000 € en soutien au projet : affaire à suivre donc, en espérant que les constructeurs aient tiré des leçons de ce premier test controversé.

Source : trustmyscience.com
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Commentaires (10)
Exosia

/*Troll
Des panneaux solaires en Normandie et pourquoi pas en Bretagne aussi non ? :smiley:
*/

Dommage en tout cas que cela n’est pas fonctionné.
Je suis pas fan de la Sego mais ça se tentait.

wackyseb

C’était couru d’avance que çà ne marcherais pas. Je l’avais dit à l’époque. Trop de poid + normandie = fiasco assuré

c_planet

Si les entreprises ont touché leur pognon ce n’est pas un échec puisque le but premier est atteint. Le seul effet de la transition c’est de donner de l’argent publique au privé.

Règle n° 1 dans toutes les affaires d’arnaques : suivre l’argent.

arghoops

Nan mais faut être teubé pour tester ce genre de projet plutôt ambitieux et pas con du tout, dans un département pas ensoleillé plus que ça…
Le faire dans le Sud aurait été logique…mais bon la politique et la logique ne vont pas ensemble apparemment…

bafue

Cette année il y a plus de soleil en Bretagne que partout en France,Corse incluse…Comme quoi…

LeGrosWinnie

Ça se tenait dans la théorie quand t’es à la ramasse et que ton équipe de chercheurs a un BAC Littéraire en poche…

Non mais dès le début c’était aberrant…
Poids des véhicule (y’a une diff entre un VL et un poids lourd), encrassement (qui bloque forcément tous les rayonnements), ensoleillement, coût de fabrication (l’équivalent à un an de conso d’élec au prix fort, en mode “tout électrique”).
Donc au mieux ça aurait été rentable au bout de la 3 ème année si aucun frais d’entretient n’avait été nécessaire, car ça aussi je pense que ça n’a pas été pris en compte : changer tous les panneaux dès qu’ils sont défectueux (car plus le panneau défectueux reste en place plus la perte augmente).

Bref…

Sekki

L’avantage en Normandie c’est qu’il pleut régulièrement et que ça nettoie les panneaux solaire encrassé :o
Vive la Normandie XD

thurim

Le problème je trouve, au niveau de ces projets pilotes, c’est qu’ils n’ont pas vraiment cet objectif de test grandeur nature, mais plutot d’alimentation du CV des politiques à l’origine de ces initiatives.
Ils les lancent pour surfer dessus, vu que de toute manière, tout le monde aura oublié qui était le responsable en cas de fiasco, même prévisible dès le départ.
Et pendant ce temps, on demande à des personnes de se serrer un peu la ceinture pour financer tout ça…

coucoach

En même temps Ségolène Royal a-t’elle déjà lancé un projet qui ne soit pas un échec ?
Je ne vois vraiment pas l’intérêt. Que l’on commence à mettre des panneaux solaires sur les toits des usines, entrepôts, et autres bâtiments industriels, où l’installation sera plus facile et moins contrainte, et on verra déjà où l’on en est niveau production. Avant de penser à des bêtises comme ça.

Daeneroc

MERCI ! Marre de ces lecteurs sur internet qui se croient experts en tout et n’importe quoi. Le but n’était pas d’être rentable, le but était de pouvoir tirer des conclusions en conditions réelles, et d’adapter les prochains projets en fonction de ces conclusions. Bravo aux porteurs de projet, c’est comme ca qu’on progresse.

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