Inaugurée en décembre 2016 par Ségolène Royal, alors ministre de l'Environnement, la route solaire de Tourouvre-au-Perche n'est aujourd'hui plus que l'ombre d'elle-même. Panneaux endommagés, performances surestimées, coûts exorbitants : si elle est toujours considérée comme étant la plus grande route solaire du monde, le projet s'avère être un véritable fiasco.
Ce premier tronçon test d'un kilomètre, composé de 2 800 m2 de panneaux photovoltaïques, aura coûté près de 4,7 millions d'euros.
Un projet ambitieux...
Sur le papier, le concept avait de quoi séduire : utiliser l'espace disponible sur les routes de France pour installer des panneaux solaires semblait être une excellente idée. Afin d'évaluer la faisabilité du projet, un premier prototype a donc été installé en 2016 sur la route départementale menant à Tourouvre-au-Perche, dans l'Orne.D'après les calculs préalables, l'hélioroute aurait dû produire plus de 280 000 kWh par an, soit l'équivalent de la consommation électrique d'un secteur d'environ 5 000 habitants.
En mettant à profit les milliers de kilomètres de voies routières françaises, le gouvernement espérait ainsi entamer une transition énergétique forte, tout en développant l'énergie solaire sur le territoire.
... Mais des résultats médiocres
Seulement, malgré toutes ces prévisions optimistes, la route solaire n'a pas tenu ses promesses. La première année suivant son installation, elle n'aura produit que la moitié du rendement attendu, soit à peine 150 000 kWh. En 2018, la production d'énergie atteignait les 80 000 kWh, pour ne frôler que les 37 900 kWh entre janvier et juillet 2019 : bien en dessous des productions espérées, donc.Il faut dire que le projet débutait déjà avec un handicap : située en Normandie, la ville de Tourouvre-au-Perche ne bénéficie pas d'un ensoleillement propice à une telle installation.
De plus, il semblerait que certains facteurs aient été omis lors du développement de l'hélioroute normande : en effet, de nombreux tracteurs empruntent régulièrement la départementale. Si les panneaux solaires sont conçus pour supporter le poids des véhicules, de nombreux éclats ont abîmé les cellules photovoltaïques, réduisant ainsi drastiquement leurs performances énergétiques.
Enfin, un encrassement prématuré de la chaussée, dû aux feuilles mortes et à la circulation, aura eu raison de la première route solaire de France : les joints se fissurent et les panneaux solaires se décollent, les rendant inutilisables.
Une hélioroute 2.0 ?
En mai dernier, de lourds travaux de rénovation ont été entamés pour tenter de lui redonner vie. Certains panneaux solaires trop endommagés pour être réparés ont notamment été retirés, réduisant ainsi la longueur de l'hélioroute à 700 mètres.L'entreprise Colas, responsable des travaux, annonçait en juin la poursuite du projet pour deux nouvelles années avec la rénovation totale de la route. De nouveaux panneaux solaires moins sonores et dotés d'une meilleure performance énergétique seront réinstallés sur un nouveau tronçon de seulement 400 mètres.
Le département de l'Orne semble croire à cette deuxième version puisqu'il a voté fin juin une participation financière de 100 000 € en soutien au projet : affaire à suivre donc, en espérant que les constructeurs aient tiré des leçons de ce premier test controversé.
Source : trustmyscience.com