Le réacteur nucléaire nouvelle génération made in France, Astrid, ne verra pas le jour

Bastien Contreras
Publié le 09 septembre 2019 à 06h59
Centrale nucleaire

Le projet Astrid, qui devait donner naissance à un nouveau type de réacteur nucléaire en France, aurait été abandonné par le CEA et ne devrait pas réapparaître avant (au moins) 2050. En cause : un coût estimé trop important et un manque de soutien politique.

Le futur du nucléaire attendra. D'après des informations du journal Le Monde, le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) a décidé de mettre fin à son projet de réacteur nucléaire de quatrième génération.

Réutiliser les matières radioactives

Le projet, dont il convient désormais de parler au passé, portait le nom d'Astrid (pour Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration). Son origine remonte au début de l'année 2006, quand le président de la République de l'époque, Jacques Chirac, lançait la conception d'un prototype de réacteur nucléaire de quatrième génération au sein du CEA. Trois ans plus tard, son successeur, Nicolas Sarkozy, décidait d'allouer une enveloppe de plusieurs centaines de millions d'euros à cette recherche.

C'est finalement en 2010 que le projet Astrid voit le jour sous ce nom. Il s'agit alors d'un « réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium » (RNR-Na). Autrement dit, un nouveau type de réacteur nucléaire capable de se servir des matières radioactives issues du parc nucléaire français actuel (uranium appauvri et plutonium) comme combustibles. Un fonctionnement prometteur qui devait être mis en place sur le site de Marcoule (dans le Gard).

Des centaines de millions d'euros engloutis

Or, ce ne sera vraisemblablement pas le cas, tout du moins pas avant des dizaines d'années. « Astrid, c'est mort. On n'y consacre plus de moyens ni d'énergie », a déclaré une source interne du CEA au Monde. La preuve notamment avec la fermeture d'une cellule de 25 personnes dédiée à ce projet, au printemps dernier.

Dans un communiqué, l'organisme explique repousser les recherches à bien plus tard : « Dans le contexte énergétique actuel, la perspective d'un développement industriel des réacteurs de quatrième génération n'est en effet plus envisagée avant la deuxième moitié de ce siècle ».

Les raisons invoquées pour justifier un tel coup d'arrêt sont une absence de soutien politique et un coût trop élevé, qui se situerait entre 5 et 10 milliards d'euros. Le CEA aurait ainsi décidé de mettre un terme au projet avant qu'il n'absorbe trop d'argent. D'autant plus que le phénomène était déjà bien entamé : d'après la Cour des comptes, près de 738 millions d'euros ont déjà été investis dans le programme à fin 2017.

Source : La Tribune
Bastien Contreras
Par Bastien Contreras

Ingénieur télécom reconverti en rédacteur web. J'écris sur les high tech, les jeux vidéo, l'innovation... J'ai d'ailleurs été responsable d'accélérateur de startups ! Mais je vous réserve aussi d'autres surprises, que vous pourrez découvrir à travers mes articles... Et je suis là aussi si vous voulez parler actu sportive, notamment foot. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est comme du FIFA, mais ça fait plus mal aux jambes.

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Commentaires (10)
megadub

C’est tout de même bien de savoir s’arrêter même quand on a déjà énormément investit. Notez au passage que personne n’a tiqué sur le budget jusque là alors que pour ITER on parlait d’un budget pharaonique (15 milliards sur 20 ans financés par les pays les plus riches)… à n’y rien comprendre.

Aristote76

Difficile de justifier un tel coût avec 12% d’écologistes au Elections. Encore une invention française qui partira ailleurs qu’elle fût bonne ou mauvaise c’est pas la première et ce sera pas la dernière :slight_smile:

sifujedi

C est sur que grâce aux éoliennes en France on pourra se passer du nucléaire et continuer a vivre comme aujourd’hui :slight_smile:

melcky

Le coup d’ITER est partagé par de nombreux pays, ce qui n’était pas le cas du projet Astrid.
Pour le coup il s’agit d’un problème de moyens et de priorités et non d’intérêt (bruler du combustible usager c’est quand meme une très bonne chose)

toug19

Eoliennes terrestres, offshore, solaire et économies d’énergie nous permettrons de nous passer de nucléaire, effectivement, mais pas du jour au lendemain.

Elrix

C’est une très bonne chose en théorie mais en pratique le système prévu était extrêmement dangereux.

nickOh

Tellement dommage : point important ce réacteur : genere de l’electricité avec des déchets radioactifs (inutilisables sans lui), et encore mieux : les transforme de déchets radioactifs à très longue vie en déchets radioactifs a vie beaucoup plus courte.
Gagnant sur tous les tableaux…plutot que cet EPR qui n’en finira jamais et qui a couté exactement le budget qu’il manque pour astrid…

nickOh

D’un point de vue…oui…très dangereux.
le sodium liquide…au contact avec l’air il expose, au contact avec l’eau…il prend feu…
Alors quand on voit les soudures a refaire pour l’EPR, va falloir un peu plus de rigueur !

icejedi

C’est quand même un projet qui recycles les déchets tout en produisant de l’énergie, pourquoi les écolos seraient contre ? Même des anti-nucléaires reconnaissent qu’avec les technologies actuelles, le seul moyen de faire tourner toutes les voitures électriques, c’est l’uranium et le plutonium.

megadub

J’vois pas le rapport… l’écologie concerne tout le monde, on s’en fout des verts.

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