Le projet Astrid, qui devait donner naissance à un nouveau type de réacteur nucléaire en France, aurait été abandonné par le CEA et ne devrait pas réapparaître avant (au moins) 2050. En cause : un coût estimé trop important et un manque de soutien politique.
Le futur du nucléaire attendra. D'après des informations du journal Le Monde, le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) a décidé de mettre fin à son projet de réacteur nucléaire de quatrième génération.
Réutiliser les matières radioactives
Le projet, dont il convient désormais de parler au passé, portait le nom d'Astrid (pour Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration). Son origine remonte au début de l'année 2006, quand le président de la République de l'époque, Jacques Chirac, lançait la conception d'un prototype de réacteur nucléaire de quatrième génération au sein du CEA. Trois ans plus tard, son successeur, Nicolas Sarkozy, décidait d'allouer une enveloppe de plusieurs centaines de millions d'euros à cette recherche.C'est finalement en 2010 que le projet Astrid voit le jour sous ce nom. Il s'agit alors d'un « réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium » (RNR-Na). Autrement dit, un nouveau type de réacteur nucléaire capable de se servir des matières radioactives issues du parc nucléaire français actuel (uranium appauvri et plutonium) comme combustibles. Un fonctionnement prometteur qui devait être mis en place sur le site de Marcoule (dans le Gard).
Des centaines de millions d'euros engloutis
Or, ce ne sera vraisemblablement pas le cas, tout du moins pas avant des dizaines d'années. « Astrid, c'est mort. On n'y consacre plus de moyens ni d'énergie », a déclaré une source interne du CEA au Monde. La preuve notamment avec la fermeture d'une cellule de 25 personnes dédiée à ce projet, au printemps dernier.Dans un communiqué, l'organisme explique repousser les recherches à bien plus tard : « Dans le contexte énergétique actuel, la perspective d'un développement industriel des réacteurs de quatrième génération n'est en effet plus envisagée avant la deuxième moitié de ce siècle ».
Les raisons invoquées pour justifier un tel coup d'arrêt sont une absence de soutien politique et un coût trop élevé, qui se situerait entre 5 et 10 milliards d'euros. Le CEA aurait ainsi décidé de mettre un terme au projet avant qu'il n'absorbe trop d'argent. D'autant plus que le phénomène était déjà bien entamé : d'après la Cour des comptes, près de 738 millions d'euros ont déjà été investis dans le programme à fin 2017.
Source : La Tribune