Des chercheurs français ont trouvé une nouvelle utilité à la bactérie E. coli. Grâce à une modification génétique, celle-ci peut être transformée pour produire en continu des hydrocarbures volatils, similaires à ceux de l'essence et du kérosène.
La bactérie Escherichia coli, ou plus simplement E. coli, n'a pas toujours bonne presse. Pourtant, il s'agit d'une bactérie intestinale très courante chez l'être humain et de nombreux animaux. Malheureusement, dans certains cas, de telles souches peuvent présenter des risques à la consommation, notamment dans la viande. Et entraîner des intoxications alimentaires graves, comme celle ayant conduit au décès d'un enfant le mois dernier.
Transformation génétique de la bactérie
Contre toute attente, E. coli pourrait opérer un retour en grâce, en devenant une source d'hydrocarbures. Ces derniers constituent en effet une source énergétique indispensable de nos jours. Mais leur raréfaction, conséquence de leur caractère non renouvelable, et la difficulté d'exploitation des gisements (charbon, pétrole, gaz naturel) posent problème.Ces limites poussent les scientifiques à trouver des alternatives. Et des chercheurs du CEA, du CNRS et de l'Institut de Biosciences et Biotechnologies d'Aix-Marseille ont réussi à impliquer directement la bactérie E. coli dans la production d'hydrocarbures. Pour cela, ils ont procédé à une modification génétique, en incorporant à la bactérie deux nouveaux gènes : un correspondant à une enzyme de plante, l'autre à une photoenzyme (fonctionnant à l'aide de la lumière) de microalgue.
La combinaison de ces deux ajouts a alors permis la production, en quantité très importante, d'hydrocarbures sous forme très pure, ce qui limiterait ainsi l'émission de particules fines à la combustion.
Des hydrocarbures dans le gaz
De plus, un autre avantage de ce procédé réside dans le fait que les hydrocarbures formés étaient particulièrement volatils : ils s'évaporaient largement, et avaient donc une forte propension à sortir des souches et à se concentrer dans la phase gazeuse des cultures, où il était plus facile de les récupérer. Il s'agit là d'une véritable avancée dans l'exploitation de micro-organismes pour la fabrication de carburants, puisque ce procédé induit généralement une phase coûteuse d'extraction et de transformation des hydrocarbures.La quantité d'énergie produite par les énergies renouvelables a quadruplé en une décennie
Il reste toutefois une limite à l'utilisation d'E. coli dans ce processus : la bactérie nécessite l'ajout de sucre dans le milieu de culture, afin de s'en servir comme source de carbone. L'idée des auteurs de l'étude est donc ensuite de reproduire cette transformation génétique sur un micro-organisme photosynthétique, capable d'exploiter directement le CO2 de l'air.
Source : CEA