Ce mercredi, le Japon a baptisé et lancé le premier navire au monde capable de transporter de l'hydrogène liquide. Baptisé « Hydrogen Frontier » (ou « Suiso Frontier » d'après la traduction japonaise du mot « hydrogène »), il est capable de transporter 1 250 m3 d'hydrogène liquide par réservoir.
À terme, le Japon entend l'utiliser pour importer de l'hydrogène depuis l'Australie, où le pays en produit à partir de charbon à bas prix.
Pleinement opérationnel en 2021
Au moment de son inauguration ce mercredi, devant une foule de 4 000 personnes, l'Hydrogen Frontier ne disposait pas encore de ses réservoirs à hydrogène. La société Kawasaki Heavy Industries, qui l'a construit, compte les produire en 2020 et les ajouter au navire pour une entrée en service en mars 2021. L'Hydrogen Frontier doit récupérer l'hydrogène en Australie, où il est liquéfié à une température d'environ -253 °C. Ceci permet d'obtenir, selon Asian Nikkei Review, de l'hydrogène liquide occupant un volume 800 fois inférieur à son volume gazeux.Le vaisseau, long de 116 mètres et d'un poids d'environ 8 000 tonnes, doit marquer l'engagement du Japon en faveur de la filière hydrogène. Le pays cherche désormais à rattraper son retard face à la Chine, qui investit de plus en plus dans ce secteur. La Chine a d'ailleurs ouvert cet été la plus grande station-service à hydrogène au monde. Selon la société spécialisée dans l'analyse de marché Fuji Keizai, la demande mondiale d'hydrogène devrait être multipliée par 50 d'ici 2030.
Une filière propre, vraiment ?
L'hydrogène est particulièrement sollicité pour réduire la quantité de CO2 émise par le secteur automobile. Toyota, dont le P.-D.G. Takeshi Uchiyamada était présent à l'inauguration de l'Hydrogen Frontier, s'y intéresse via sa Mirai restylée. Hyundai a, quant à elle, battu ce mois-ci un record d'autonomie avec un véhicule à hydrogène, son SUV Nexo.Mais ici, cet hydrogène est obtenu à partir de la combustion du charbon, un procédé émettant entre 9 et 12 tonnes de CO2 pour chaque tonne d'hydrogène produite. Pourtant, l'Hydrogen Frontier fait bien partie d'un projet appelé HySTRA, qui travaille officiellement au développement d'une filière hydrogène ne rejetant pas de CO2. Jusqu'à présent, ni le gouvernement japonais, ni Kawasaki Heavy Industries n'ont annoncé avoir prévu de dispositif pour la captation ou le stockage de ce gaz. Ce qui revient finalement à exporter les émissions japonaises de dioxyde de carbone en Australie.
Source : Nikkei Asian Review