Mise en service en 1977, la plus ancienne des centrales nucléaires françaises va être démantelée à partir de ce samedi 22 février. À cet effet, le premier réacteur de la centrale s'apprête à être mis à l'arrêt ; il sera suivi par le second le 30 juin prochain.
Un début de mise à mort qui signe aussi la fin de nombreux débats politiques, puisque la centrale a connu six présidents différents et de nombreux remous concernant son arrêt. François Hollande avait notamment promis son démantèlement il y a presque une décennie.
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Un arrêt progressif et en douceur
Le réacteur numéro 1 de la centrale nucléaire alsacienne sera mis à l'arrêt à 2h30 du matin, samedi, avant que le deuxième réacteur soit éteint le 30 juin prochain. Ces dates ont été entérinées ce mercredi 19 février par un décret paru dans le Journal Officiel. Littéralement, celui-ci « abroge l'autorisation d'exploiter la centrale nucléaire de Fessenheim, dont EDF est titulaire ».L'arrêt se fera en douceur et en plusieurs temps, puisque l'extinction du réacteur à eau pressurisée de 900 mégawatts débutera à 20h30 ce vendredi. La pression et la température baisseront progressivement dans le circuit primaire du réacteur jusqu'à atteindre 8 % de sa puissance. Il sera ensuite déconnecté du réseau, selon une procédure similaire à celle utilisée pour les maintenances. L'évacuation des combustibles usés devrait avoir lieu d'ici 2023.
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La fin d'un « serpent de mer de la vie politique »
L'Agence France Presse qualifie la doyenne des centrales nucléaires françaises de « serpent de mers de la vie politique ». Et pour cause, cette centrale de Fessenheim fut un enjeu de la négociation entre les Verts et le Parti socialiste pour l'élection présidentielle de 2012, et son démantèlement avait été annoncé par le président François Hollande pour la fin de l'année 2016.Elle fait aussi l'objet de nombreuses craintes de militants anti-nucléaire puisque, située à la frontière entre la France et l'Allemagne, à deux pas de la Suisse, la centrale est située dans une ère à la sismicité fluctuante, représentant un potentiel danger pour de nombreuses populations.
C'est finalement à Emmanuel Macron qu'il incombe de prononcer la mort définitive de Fessenheim. Le député LR du Haut-Rhin, Raphël Schellenberger, a pour sa part alerté sur les « conséquences pour le territoire » de l'arrêt de cette centrale, qui emploie plus de 2 000 personnes. « Le gouvernement s'est engagé dès 2018 avec les élus locaux dans la préparation d'un projet de territoire pour l'avenir de Fessenheim, finalisé en février 2019 », a rappelé Matignon dans un communiqué.
Source : Challenges