La centrale nucléaire de Fessenheim va être arrêtée ce samedi en vue de son démantèlement

Benjamin Bruel
Publié le 19 février 2020 à 19h40
Fessenheim

Mise en service en 1977, la plus ancienne des centrales nucléaires françaises va être démantelée à partir de ce samedi 22 février. À cet effet, le premier réacteur de la centrale s'apprête à être mis à l'arrêt ; il sera suivi par le second le 30 juin prochain.

Un début de mise à mort qui signe aussi la fin de nombreux débats politiques, puisque la centrale a connu six présidents différents et de nombreux remous concernant son arrêt. François Hollande avait notamment promis son démantèlement il y a presque une décennie.


Un arrêt progressif et en douceur

Le réacteur numéro 1 de la centrale nucléaire alsacienne sera mis à l'arrêt à 2h30 du matin, samedi, avant que le deuxième réacteur soit éteint le 30 juin prochain. Ces dates ont été entérinées ce mercredi 19 février par un décret paru dans le Journal Officiel. Littéralement, celui-ci « abroge l'autorisation d'exploiter la centrale nucléaire de Fessenheim, dont EDF est titulaire ».

L'arrêt se fera en douceur et en plusieurs temps, puisque l'extinction du réacteur à eau pressurisée de 900 mégawatts débutera à 20h30 ce vendredi. La pression et la température baisseront progressivement dans le circuit primaire du réacteur jusqu'à atteindre 8 % de sa puissance. Il sera ensuite déconnecté du réseau, selon une procédure similaire à celle utilisée pour les maintenances. L'évacuation des combustibles usés devrait avoir lieu d'ici 2023.


La fin d'un « serpent de mer de la vie politique »

L'Agence France Presse qualifie la doyenne des centrales nucléaires françaises de « serpent de mers de la vie politique ». Et pour cause, cette centrale de Fessenheim fut un enjeu de la négociation entre les Verts et le Parti socialiste pour l'élection présidentielle de 2012, et son démantèlement avait été annoncé par le président François Hollande pour la fin de l'année 2016.

Elle fait aussi l'objet de nombreuses craintes de militants anti-nucléaire puisque, située à la frontière entre la France et l'Allemagne, à deux pas de la Suisse, la centrale est située dans une ère à la sismicité fluctuante, représentant un potentiel danger pour de nombreuses populations.

C'est finalement à Emmanuel Macron qu'il incombe de prononcer la mort définitive de Fessenheim. Le député LR du Haut-Rhin, Raphël Schellenberger, a pour sa part alerté sur les « conséquences pour le territoire » de l'arrêt de cette centrale, qui emploie plus de 2 000 personnes. « Le gouvernement s'est engagé dès 2018 avec les élus locaux dans la préparation d'un projet de territoire pour l'avenir de Fessenheim, finalisé en février 2019 », a rappelé Matignon dans un communiqué.

Source : Challenges
Benjamin Bruel
Par Benjamin Bruel

Journaliste spécialisé dans le numérique, l'espace, la technologie et l'innovation, je me passionne par tout ce qui a trait au futur et à la compréhension du monde de demain. J'exerce ce métier depuis quatre ans, souvent devant mon ordinateur et parfois en vadrouille entre deux pays d'Asie. Amateur de bande dessinées, de paranormal et de dark tourism, je voue aussi un culte aux œuvres de Philip Pullman et de Yoko Taro.

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Cmoi

Avec les voitures électriques, datacenter et globalement l’augmentation de la consommation d’électricité, c’est du n’importe quoi…Et en passant, le nucléaire n’y est pour rien dans le réchauffement climatique. Fessenheim aurait pu continuer à tourner pendant encore 40 ans. Et au sujet du risque…il était tout de même mesuré. Et pendant que nous on en ferme, en ce moment même, des dizaines de centrales nucléaires sont en construction à travers le Monde.

Mrpolnar

Les réacteurs nucléaires en Belgique ont près de cinquante ans et se fissurent de partout. 2 réacteurs sur 3 sont à l’arrêt pour révision depuis 2 ans et on vient de nous annoncer qu’on pouvait aller chercher gratuitement de l’iode en pharmacie. J’habite à 15 km de cette centrale et je peux vous dire que ce n’est pas très rassurant. Donc prolonger Fessenheim pour 40 ans je ne sait pas si c’est judicieux.

megadub

Il y a une grande différence entre construire une centrale et prolonger une centrale vieillissante. Il faut absolument renouveler le parc, plus le temps avance plus on s’approche d’une catastrophe.

Cmoi

Absolument mais celles qui sont déjà construites peuvent continuer à produire…Je cite…

Isabelle Jouette (en 2016), porte-parole de la Société française d’énergie nucléaire (SFEN). « Une centrale est un outil industriel qui s’exploite et qui n’a pas de date limite d’utilisation, selon elle. Rien ne l’empêche techniquement de fonctionner après 30, 40 ans ou plus ».

Cette prolongation serait donc « sans risque » selon elle, même si l’idée reçue qu’une centrale nucléaire à une « date de péremption » n’est pas fausse. « Les deux seules pièces qui ne peuvent pas être changées sont l’enceinte de confinement en béton au dessus du réacteur, et la cuve du réacteur où se déroule la réaction nucléaire. Le reste peut se remplacer sans aucun problème. Ce qui pourrait empêcher une prolongation serait que les résultats de tests ne soient pas bons. »

Source : https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/peut-on-prolonger-la-duree-de-vie-d-une-centrale-nucleaire-7782116351

Cmoi

On ouvre un réacteur de 3ème Génération+ à Flamanville (déjà 2 réacteurs de Géné2 de mi-80 sur cette centrale)…ce qui ne compensera pas, si ça continue.

megadub

Oui, la centrale est particulièrement sûre avec peu d’incidents mais il en demeure pas moins que l’urgence du renouvellement du parc est de plus en plus prégnant et commencer par la centrale la plus ancienne n’est probablement pas une mauvaise idée.

Cmoi

Le problème c’est qu’on ne renouvellera pas le parc…car une partie de la population (certainement non majoritaire) ne veut pas de centrales nucléaires. On aurait déjà dû commander un ou d’autres réacteurs pour les avoir à la fin de cette décennie…mais sous la pression…

xterminator1

Les déchets ne participent certes pas au réchauffement climatique, mais c’est une bombe à retardement pour les générations futures.
La radioactivité sera présente sur des milliers d’années, et enfouirent les déchets est la seule solution que l’on est trouvée (après traitement).
Quand tu vois comment ils « entretiennent » stocamine qui se trouve être juste à côté d’une nappe phréatique d’une taille non négligeable.
Fait leur confiance pour lancer des enquêtes qui n’aboutiront pas quand des enfants naîtrons avec des déformations.

Cmoi

La réutilisation des déchets nucléaires pour produire de l’électricité c’était pour la 4ème Génération de centrales à partir de 2030 (donc pas si longtemps) mais on a abandonné la recherche dessus…mais d’autres comme les chinois, russes, indiens, japonais ou coréens le feront à notre place, et nous on achètera…et on deviendra dépendant d’eux.

theHercule

C’est surtout que le coût du démentéllement (qui arrivera un jour pour toutes les centrale), est pris en charge par nos impots au lieu d’EDF… ça permet de faire croire que l’energie nucléair est pas cher. (au lieu de le payer sur sa facture d’éléctricité, on le paie indirectement les coût des centrale nucléaire sur sa fiche des impôt).
Bravo au lobby!

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