L'idée de l'armée américaine est de se doter d'une source d'énergie quasi infinie, adaptée aux théâtres de guerre.
Le département de la Défense des États-Unis a annoncé, lundi, son intention de déployer des petites centrales nucléaires dites « portables » dans des zones de conflit. L'armée américaine ne veut plus être dépendante de l'approvisionnement en carburant pour alimenter ses bases militaires avancées en électricité. Le développement de centrales portables lui permettrait de s'absoudre de l'acheminement du carburant, et ce en disposant de ressources quasi infinies.
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De petites centrales portables de moins de 40 tonnes
Le Pentagone a annoncé avoir accordé trois contrats à des sociétés basées autour de Washington, pour une durée de deux ans. Le but, pour les USA, est d'amorcer le développement d'un prototype de microréacteur nucléaire, baptisé « Pele », qui serait à la fois « sûr, mobile et avancé » pour soutenir plusieurs missions. Épauler les bases reculées sur le plan énergétique en fera évidemment partie.Les trois contrats, qui s'élèvent à plus de 10 millions de dollars chacun, devraient aboutir, d'ici deux ans, à la sélection de l'une des trois sociétés, qui aura alors la charge de construire et de tester un prototype de mini centrale nucléaire.
Ces mini centrales devront être dotées d'une capacité de 1 à 5 mégawatts et peser moins de 40 tonnes, ce qui permettrait de les faire transiter par camion, train, avion ou bateau, et faciliterait leur mise en service.
Aussi pratiques que dangereuses
Si le Pentagone affirme qu'« un tel réacteur permettrait d'emporter une source d'énergie quasi illimitée pour mener des opérations pendant des périodes prolongées partout sur la planète », plusieurs experts de l'énergie nucléaire redoutent de potentielles conséquences dramatiques, certains n'hésitant pas à dire que la situation pourrait dégénérer.L'aspect pratique de la centrale nucléaire portable est, certes, indéniable, mais la présence de telles infrastructures parfois dans des zones de guerre serait, par définition, extrêmement risquée et dangereuse. Une centrale portable qui viendrait à être bombardée aurait de très lourdes conséquences sur les militaires directement à son contact, qui seraient contaminés par la radioactivité. Un ennemi pourrait aussi s'en emparer pour fabriquer des bombes sales avec le combustible, « ces armes qui utilisent un explosif conventionnel pour disséminer des substances radioactives avec l'effet de souffle », explique un expert du risque nucléaire, Edwin Lyman.
Le ministère américain de la Défense travaillerait également sur un autre projet de microréacteur, cette fois-ci destiné aux installations militaires, directement aux États-Unis. Des réacteurs de 2 à 10 mégawatts pourraient permettre aux bases militaires du pays de fonctionner en continu, même en cas de cyberattaque ou de coupure électrique. Un projet qui pourrait être testé dès 2023.
Source : Le JDQ