Alors même que la nouvelle version du lanceur, Vega C, n'effectuera son vol inaugural qu'en 2022 après 4 ans de retard, l'ESA soutient l'industriel italien Avio en commandant le développement de Vega E (Evolution). Grâce à un nouvel étage supérieur, la fusée sera encore plus performante… sans coûter plus cher.
Le 19e lancement de Vega est prévu le mois prochain.
Evolutions sur Evolutions
À l'origine, les Européens souhaitaient attendre que Vega C soit en service et décolle régulièrement pour commander l'évolution suivante, Vega E. Mais pour que cette dernière puisse voler à l'horizon 2025, les autorités de l'ESA ont pris leur décision et signé un contrat de 118,8 millions d'euros avec Avio, l'industriel italien en charge de la maîtrise d'œuvre du programme. Si cette nouvelle mouture tient son calendrier, ce sont pratiquement tous les étages de Vega qui auront changé entre 2022 et 2026 !
En effet, par rapport à la version originale toujours en service (4 étages propulsifs), Vega C apporte déjà :
- Un nouveau premier étage P120
- Une nouvelle coiffe en matériaux composites
- Une évolution de l'étage supérieur (4e étage) AVUM qui devient AVUM+
- Un nouveau deuxième étage Z-40
Vega E vient donc remplacer le 3e étage et l'étage AVUM+ par un seul étage à propulsion liquide équipé d'un nouveau moteur à propulsion au méthane, nommé M-10.
Vega large spectre
Les évolutions se suivent et se succèdent donc, tandis que les nouveaux contrats ne sont pas légion. Il faut dire que le marché des satellites institutionnels européens est dans un creux et que la réputation de Vega a pris une claque en 2019, puis en 2020 avec deux échecs importants. Avio assure que le programme est de retour sur les bons rails, et le lanceur a réussi son retour sur la scène le 29 avril dernier (prochain vol prévu le 15 août).
Toutefois, si la facture n'évolue pas et que les performances continuent d'augmenter, l'idée est bien sûr de capter de nouveaux marchés, en particulier dans les lancements vers l'orbite basse (LEO), que ce soient des satellites uniques, de petits ensembles et/ou même des essaims de CubeSats en copassagers. Vega C aura une capacité d'emport de 2,2 tonnes en LEO, et Vega E devrait encore augmenter la charge de plusieurs centaines de kilogrammes.
Le secret est dans le moteur ?
La clé de Vega E réside également dans une importante avancée technologique : le petit moteur M-10 (10 tonnes de poussée). Avec l'usage extensif de techniques d'impression 3D, y compris pour la chambre de combustion, il permet une réduction des coûts, et sa conception a été simplifiée.
Il utilisera une propulsion au méthane et à l'oxygène liquide qui offre un très bon rendement poids/puissance ainsi que des simplifications de manipulations en comparaison de l'étage AVUM utilisé aujourd'hui sur Vega, qui utilise le dangereux et polluant couple d'ergols UDMH/N2O4. Ainsi, le M-10 devrait être à la fois moins cher et plus puissant que le couple d'étages Z9 + AVUM qu'il remplace.