Après des années de report, l'un des événements les plus attendus pour l'observation astronomique a enfin eu lieu : le télescope James Webb a décollé ce 25 décembre à 13 h 20 depuis le Centre Spatial Guyanais. Un succès pour Ariane 5, et un cadeau de Noël pour toute la communauté spatiale !
Le long voyage vers le Point de Lagrange L2 débute…
Le bon, la brute, le truand et le JWST
Voilà une mission préparée depuis des années… Avec une pression supplémentaire pour les équipes du CNES, d'ArianeGroup et tous ceux qui s'occupent d'Ariane 5 : la présence des Américains accompagnant le télescope à 10 milliards de dollars, et les yeux du monde entier rivés sur les résultats du lancement. C'était en effet l'une des missions les plus critiques pour la fusée européenne, bien qu'elle ait déjà fait face à de pareilles attentes par le passé avec les sondes Rosetta, BepiColombo et, dans une moindre mesure, avec les clients « réguliers » et leurs satellites de télécommunication.
Après un compte à rebours sans incident ce 25 décembre, Ariane 5 a allumé son moteur principal à 13 h 20 (heure de Paris), avant de s'envoler dans le ciel guyanais et ses gros nuages.
Fini de se ronger les ongles
La mission durait 27 minutes et 11 secondes en tout, et devenait irréversible dès l'allumage des deux boosters à poudre d'Ariane 5 à T + 7 secondes. La fusée s'est rapidement dirigée vers le ciel, et les étapes se sont (un peu anxieusement, il faut l'avouer) succédées. Le passage à Mach 1, puis l'extinction et l'éjection des boosters EAP à T + 2 m 21 s et déjà 70 kilomètres d'altitude, avant d'attendre l'extinction de l'étage principal à T + 8 m 47 s… Tout cela prend du temps.
À T + 25 minutes, le sort en était jeté, puisque le moteur principal du deuxième étage d'Ariane 5 s'est arrêté, avant l'éjection. Il semble selon les résultats de la télémesure, que tout se soit bien passé, et heureusement. Avec toutes ces phases critiques, il n'y avait pas droit à l'erreur, et ce même si le profil de vol était inédit pour la fusée européenne. Le JWST est en route vers le Point de Lagrange L2, et on a même vu le télescope étendre ses panneaux solaires lors du direct !
Un très long tour de manège
La NASA a mis à disposition une page Webb (bon ok, elle était facile) pour suivre l'état du télescope et les différentes étapes majeures de son déploiement à venir. Car vous le savez sans doute, le décollage n'était que la première d'une multitude d'actions qui vont permettre au plus perfectionné des télescopes spatiaux de fonctionner à 1,5 millions de kilomètres de la Terre.
Son voyage va durer quelques semaines, mais le déploiement complet six mois, avec là encore des étapes critiques comme la mise en place de son « pare-soleil » à T + 3 jours, ou l'extension des poutres soutenant le miroir secondaire à T + 10 jours. Patience, donc, il ne faudra pas crier victoire trop tôt pour pouvoir observer l'univers (nous reviendrons en détail sur les instruments et sur les promesses du JWST lorsqu'elles deviendront concrètes !).
Surtout que le télescope n'embarque pas de caméra de contrôle, il faudra donc se fier aux capteurs embarqués et à différentes vues d'artiste. D'ici là cependant, les équipes du Centre Spatial Guyanais peuvent souffler, car pour elles, mission accomplie. Et avec brio.