Le site de test P5.2 en Allemagne, où l'étage supérieur d'Ariane 6 a allumé son moteur pour la première fois © ESA
Le site de test P5.2 en Allemagne, où l'étage supérieur d'Ariane 6 a allumé son moteur pour la première fois © ESA

Il aura fallu beaucoup de temps aux équipes pour préparer cet essai important, mais ce 5 octobre, l'étage supérieur d'Ariane 6 a été allumé sur son site de test à Lampoldshausen. Un succès indispensable pour la campagne de qualification, à quelques semaines du conseil ministériel de l'ESA.

Personne ne souhaite plus s'engager sur une date pour le décollage inaugural.

Allumer le feu

Avec les yeux tournés vers la campagne des essais combinés qui valident les installations d'assemblage et de lancement d'Ariane 6 au Centre spatial guyanais, une part importante des observateurs du programme en avaient oublié les essais de l'étage supérieur menés en Allemagne.

En effet, installé sur son banc d'essai construit spécialement pour l'occasion à Lampoldshausen, le 2e étage d'Ariane 6 attendait depuis de longs mois de passer aux tests de mise à feu statique. Pas question d'adopter une stratégie d'essais par l'erreur, bien au contraire : il n'y a qu'un exemplaire de test conçu et équipé pour ces essais particuliers, tandis que le premier exemplaire de vol est pour sa part en cours de préparation finale à Brème.

Ce 5 octobre, pour la première fois, le moteur Vinci de l'étage supérieur (que l'on appelle aussi l'ULPM) a donc été allumé avec succès, dans des conditions aussi proches que possible d'un vol (en réalité, il sera allumé dans le vide spatial et avec une tuyère adaptée).

Une capacité indispensable

« La préparation de ces mises à feu statiques est en réalité plus compliquée que celle des vols spatiaux », explique Guy Pilchen, responsable du programme pour l'ESA. L'ULPM utilise des ergols cryogéniques (hydrogène et oxygène liquides), et l'étage lui-même est intégré avec les nouvelles technologies spécifiques à Ariane 6, comme l'utilisation d'un APU (Auxiliary Power Unit) pour démarrer et redémarrer Vinci en vol.

C'est là une capacité importante pour le futur fleuron européen et qui fait pour l'instant défaut à Ariane 5 (tandis que ses concurrentes peuvent rallumer leurs moteurs). Ce sera particulièrement demandé pour les lancements commerciaux consacrés aux constellations comme pour le contrat géant avec Amazon.

L'étage supérieur d'Ariane 6 © Arianegroup
L'étage supérieur d'Ariane 6 © Arianegroup

Le premier tir est encore loin

Toutefois, il n'est pas encore question de mettre la charrue avant les bœufs. Déjà parce que l'étage supérieur d'Ariane 6 n'en a pas terminé avec ses tests en Allemagne, et plusieurs autres allumages sont prévus. Une fois que tout cela sera complété, il prendra la route du centre ESTEC aux Pays-Bas pour d'autres essais de séparation et de vibrations acoustiques.

Il faut espérer que le démarrage de la campagne de mises à feu est un bon signe pour l'ULPM. En effet, ni l'ESA ni ArianeGroup n'évoquent d'éventuels problèmes, mais l'étage est à Lampoldshausen depuis déjà… 20 mois. Il y est arrivé en février 2021.

Le calendrier s'allonge, y compris pour la première Ariane 6 « complète » en Guyane : les premiers tests de mise à feu statiques de la fusée sur son site de lancement ne sont plus prévus avant la fin d'année, au mieux. Il ne faudra pas compter sur un décollage avant le deuxième trimestre 2023, ce qui paraît même optimiste à ce stade pour un lanceur dont l'Europe a un besoin criant déjà aujourd'hui !

Source : ESA