Le parlement européen a voté en faveur d’une grande enveloppe de 2.4 milliards d’euros pour développer et mettre en place la nouvelle constellation européenne IRIS². Cette dernière fournira aux gouvernements, aux services publics et d’urgence une solution de connectivité en continu.
Présentée parfois comme un concurrent à Starlink, elle sera surtout présente pour éviter que les administrations n’utilisent le réseau américain, et fournir un service plus sûr.
L’Union veut se connecter
« C’est une capacité essentielle que l’Europe n’a pas et que fournira IRIS² », expliquait le commissaire européen Thierry Breton ce 14 février. La constellation de connectivité européenne, il la défend depuis plus d’un an, à tel point qu’elle a parfois été appelée « constellation Breton ». Mais, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février dernier, les responsables européens ont eu tout le loisir de constater à quel point Starlink, la constellation de connectivité proposée par SpaceX, était devenue indispensable non seulement sur le front, mais aussi et surtout, dans des régions coupées du monde par les bombardements.
Une situation de dépendance à une entreprise américaine, et plus encore, aux décisions radicales de son fondateur, Elon Musk. Et une inquiétude pour l’Union européenne, qui voit le risque de généraliser cette solution pour des services publics, parfois critiques, en Europe et ailleurs, en même temps que celui du piratage des infrastructures. C’est le rôle d’IRIS² (c’est de l’anglais : Infrastructure for Resilience, Interconnectivity and Security by Satellite), qui fournira des communications « globales, ultrasécurisées et autonomes » aux gouvernements et services publics.
Éviter Starlink, c'est trop tard ?
Pour y arriver avant que l’usage d’autres outils (dont Starlink) soit généralisé, l’Union européenne veut se doter de mécanismes pour déployer rapidement sa constellation. Elle pourra compter sur l’ESA, qui a déjà mis sur la table une enveloppe de plus de 700 millions, mais aussi sur les industriels européens qui ont été plusieurs fois sollicités pour des pré-projets l’année passée. Car pas question d’utiliser des prestataires extérieurs ou pire, un sous-traitant travaillant pour ou avec la Russie : pour l’UE, la collaboration est close.
Il s’agira d’envoyer les premiers éléments en orbite dès 2024-2025, avec un objectif de 170 satellites en orbite basse d’ici 2027, assurant un maillage global. On le sait, un tel nombre d’unités ne pourra pas lutter contre les débits proposés par Starlink ou ses concurrents qui proposent des milliers de satellites équipés de transpondeurs et de liens entre eux ou vers les stations au sol… Mais ce n’est pas l’objectif, qui est surtout de disposer d’une colonne vertébrale de communication européenne, avec du chiffrage et des stations sécurisées.
Des contrats rapides
L’Union européenne veut aussi innover en mettant en place une forme de contrat public-privé pour accélérer le développement d’IRIS², avec une part qui sera directement confiée à des PME et startups européennes, et une autre qui devrait tirer parti des forces industrielles déjà en place. C’est le cas des technologies quantiques de chiffrage avec des projets tels que TeQuantS attribué à Thales Alenia Space en janvier. L’Europe est donc dans les starting-blocks avant sa propre course à la connectivité.
À noter qu’elle n’est pas la seule : si l’attention publique est focalisée sur les grands projets commerciaux tels que ceux de SpaceX ou OneWeb, on se rappellera que la Russie souhaite aussi mettre en place un tel réseau pour ses besoins gouvernementaux, c’est le projet Sfera.
Source : Spacenews