La liste des découvertes que l'on doit au télescope James Webb s'allonge encore. Cette fois, c'est une équipe française qui a réussi pour la première fois à détecter l'ion CH3+ autour d'une étoile de la nébuleuse d'Orion. Un exploit technique, pour une molécule à la racine de la chimie organique, selon le CNRS.
C'était un peu l'aiguille dans la botte de foin.
Le cation compagnon
La possibilité de découvrir des concentrations d'ions CH3+ dans l'univers qui nous entoure est largement théorisée. Mais jusqu'à ce que le télescope James Webb commence sa campagne scientifique, il était virtuellement impossible de détecter cette molécule. Et même pour le JWST, il faut l'instrument MIRI, qui fonctionne dans l'infrarouge moyen, pour disposer de la bonne bande d'absorption.
Ce n'était alors qu'un petit pic sur quelques graphes de données, resté élusif jusqu'à ce qu'une équipe dirigée par Olivier Berné (IRAP Toulouse) arrive à montrer qu'il est bien présent, autour d'un jeune système planétaire nommé d203-506, à 1 350 années-lumière de chez nous, dans la nébuleuse d'Orion.
Une « racine » de la chimie organique
CH3+, que les chimistes et les astrophysiciens appellent généralement par son petit nom méthyl cation, était jusqu'à aujourd'hui une rareté cosmique amplement recherchée. Elle pourrait être cruciale dans l'apparition de la vie extraterrestre. En effet, les modèles théoriques expliquent que c'est grâce à CH3+ que de nombreuses molécules organiques complexes peuvent voir le jour dans un environnement tel qu'un système planétaire jeune. Cela tombe bien, puisque d203-506 est un disque protoplanétaire en formation.
Selon l'équipe d'Olivier Berné, l'apparition de suffisamment d'ions CH3+ pour être détectés par le James Webb est dû au rayonnement ultraviolet intense qui provient d'autres étoiles proches. La découverte fait l'objet d'un article paru dans la prestigieuse revue à comité de lecture Nature lundi 26 juin.
Affaire à suivre !
Il faut souligner que le système planétaire en question a des relevés bien différents des « traditionnelles » mesures, notamment avec une absence de molécules d'eau.
À présent, des mesures supplémentaires ainsi que la détection d'autres systèmes similaires sont à prévoir sur la durée, également pour tenter les mécanismes d'interaction avec les rayonnements ultraviolets des systèmes voisins. Mais pour l'instant, tout repose sur le James Webb, le seul à pouvoir prendre les bonnes mesures…
Source : CNRS