Loin des caméras depuis son solide Rogue One: A Star Wars Story en 2016, Gareth Edwards est de retour à la réalisation et à la coécriture (avec Chris Weitz) pour The Creator. Le film arrive à point nommé dans un contexte où le monde de la tech n'a que l'intelligence artificielle (et ses dérives) à la bouche. Sujet certes déjà maintes fois traité au cinéma et ailleurs, l'IA méritait pourtant bien un nouveau traitement modernisé. Et c'est… partiellement raté.
L'histoire : dans un futur proche, humains et intelligences artificielles sont en guerre. Joshua, ex-agent des forces spéciales qui n'est plus que l'ombre de lui-même depuis la disparition de sa femme Maya, est recruté pour trouver et supprimer le Créateur. Derrière ce nom se cache l'insaisissable architecte des IA, qui aurait créé une arme capable de mettre fin au conflit.
Soyons clairs d'entrée de jeu : nous n'avons pas passé un mauvais moment devant la toile. Peut-être en attendions-nous simplement trop. Ou peut-être que Gareth Edwards est meilleur réalisateur qu'il n'est scénariste. On notera d'ailleurs que son film, disponible en IMAX, a pourtant été tourné avec une modeste Sony FX3.
Une réalisation solide, un univers convaincant
Saluons immédiatement les éléments qui marchent le mieux dans le film et qui en font une expérience ciné qui mérite, à notre sens, d'être vécue. Comme Rogue One de l'univers Star Wars avant lui, The Creator est un véritable plaisir pour les yeux. Le réalisateur enchaîne avec brio les paysages urbains et plus sauvages à couper le souffle, avec un sens de la composition, de la photographie et de l'architecture qui fait réellement plaisir à voir. Malgré le contexte guerrier du film, les envies de partir en voyage en Asie sont bien là.
L'univers est également difficile à attaquer. Qu'il s'agisse des costumes, des robots, de l'armement et de bien d'autres choses, l'ensemble se tient, et le fonctionnement de ce futur proche est très bien raconté sans jamais en faire trop. On appréciera également le melting pot asiatique cohérent et bienvenu dans lequel une grande partie du film se déroule. Nous avons régulièrement pensé à District 9 et ses meilleurs aspects durant la projection. Et à la formidable série Humans, mais c'est peut-être à cause de la présence assez drôle de Gemma Chan…
Enfin, dans une période où les films à gros budget sont régulièrement critiqués pour leurs effets spéciaux réalisés dans la précipitation (coucou Marvel), The Creator est impressionnant dans ce domaine. Les robots et les IA sont bluffants, les scènes d'action enlevées, et une nouvelle fois, les paysages, bien que chargés de bâtiments et de véhicules futuristes, sont véritablement convaincants. On sent que la plupart des décors sont vrais et que les choses ont été pensées dans l'ordre, évitant l'abus de fonds verts. Sur sa forme, l'univers du film est solide et cohérent, et donne envie d'y croire. Sur le fond, en revanche…
Un film qui aurait pu se prêter au format série
Tout d'abord, The Creator ne raconte presque rien qui n'aurait déjà été conté dans une précédente œuvre, aussi bien sur le sujet de l'IA que de l'humanité et de ses nombreux travers. Un brin trop manichéenne, l'œuvre n'est pas exempte de moments émouvants, mais peine pourtant à véritablement générer des émotions malgré tous ses efforts.
Le casting fait certes le job, mais les moments de jeu véritablement poignants sont malheureusement trop peu nombreux. Même chose côté musique. La composition de Hans Zimmer (que nous n'avions pour une fois pas reconnu d'entrée de jeu) est assez convenue et partiellement sauvée par les musiques existantes injectées avec succès au récit.
Le déroulement du film manque également de surprises ou de fraîcheur. Trop classique pour son propre bien, le long-métrage d'Edwards rappelle d'ailleurs bien souvent des passages et des choix de… Rogue One. La faute notamment à un script qui doit condenser des évolutions trop rapides de personnages et de relations en « seulement » deux heures (le rythme est heureusement plutôt bon).
Peut-être que l'histoire et l'univers solide de The Creator auraient été mieux servis au format série. Cela aurait probablement aussi évité bien des incohérences et facilités scénaristiques utilisées pour faire avancer rapidement le récit… au détriment de la crédibilité et de l'immersion. Plus d'une fois, nous sommes sortis du film à cause d'un enchaînement ou d'un événement qui ne tenait pas debout.
The Creator est proposé en salle depuis le 27 septembre 2023.