spip_home

Les moins de vingt ans ne le connaissent pas, et pourtant SPIP représente un morceau d’histoire d’Internet. C'est l'un des premiers gestionnaires de contenu au monde, francophone qui plus est. Le dinosaure a encore de beaux restes, et prouve qu’il n’est pas un fossile numérique.

Bien avant un Joomla ou un Wordpress, SPIP (pour « Système de Publication pour l'Internet Partagé/Participatif ») propulsait des sites depuis 2001, comme celui du Monde Diplomatique, son webmaster étant l'un des fondateurs du CMS. Avec le développement d'une concurrence énorme dans le domaine et la démultiplication des plateformes de création de sites web, SPIP a perdu de sa superbe et sa popularité a diminué. Il propulse tout de même plus de 30 000 sites, et est proposé en open source sous licence publique générale GNU.

Les plus
  • Adapté aux contenus éditoriaux.
  • Intuitif.
  • Francophone.
Les moins
  • Backend vieillot.
  • Peu de thèmes.
  • Inadapté pour une entreprise.

Installation de SPIP

L’installation de SPIP n’exige pas de compétences particulières. Le développeur se fera une joie de taper quelques lignes de commandes, mais le néophyte peut aisément s’en passer, SPIP ayant introduit un assistant d’installation efficace et rapide avec le fichier « spip_loader ». Une fois l'installation lancée, la base de données est configurée et les fichiers à jour sont téléchargés : en 5 minutes, l’affaire est pliée.

La configuration requise pour l’installation est standard : un AMP, autrement dit un serveur web Apache, une base de données MySQL 5 ou SQLite3, et PHP avec l’usage de Javascript pour jQuery. Le CMS pèse une quarantaine de mégaoctets. Plusieurs hébergeurs gratuits l’acceptent sans problème.

Si vous souhaitez essayer SPIP sans l’installer en local ou sur serveur, il dispose d’un site de démonstration à l’adresse suivante :
https://demo.spip.net

Ergonomie de l’interface d’administration

Notre papy des CMS sent un peu la naphtaline question webdesign. Par défaut, le front office pourrait faire partie du musée des antiquités de l'Internet Archive. L’interface d’administration (back office) est du même acabit. Pourtant, SPIP regorge d’avantages ! D'abord, tout est indiqué en français usuel par défaut : n'importe quel francophone peut donc apprendre facilement, même s'il n'est pas informaticien. Signalons qu’il existe même une version en corse, en créole réunionnais ou en français féminin ! Par ailleurs, l’interface est truffée d’aides contextuelles pour assister le rédacteur, l’éditeur ou l’administrateur. D’ailleurs, la version du rédacteur est très épurée : en quelques minutes, n’importe quel utilisateur de traitement de texte peut rédiger des articles agrémentés de photos, avec une mise en page agréable.

SPIP a été développé à l’origine pour réaliser des sites de magazine. La philosophie et l’organisation sont donc très façonnées par la presse : on trouve des rubriques, des articles, des brèves, des auteurs… Revers de la médaille : à part, le choix de son avatar, le rédacteur n’a aucune flexibilité. D’un autre côté, il accède rapidement à des menus et sous-menus imbriqués et mémorise facilement les tâches pour une meilleure efficience.

Fonctionnement et fonctionnalités

Édition de contenus

Comme tout CMS qui se respecte, SPIP comporte un éditeur de texte, très basique. A côté, TinyMCE, que connaissent tous les développeurs web, est une Rolls. SPIP se contente en effet de mettre en gras, en italique, d'ajouter des guillemets, des citations et des caractères spécifiques, d'insérer du code ou d'ajouter des « notes de bas de page ». On peut insérer facilement des visuels (GIF, JPG, PNG), après les avoir téléchargés sur le serveur ou en précisant son URL (très mal vu). On peut également créer un portfolio pour créer une sorte de galerie d’images propres à cet article. Aucune retouche n’est possible, seule la rotation des images est acceptée.

frontend
backend correspondant

Taxonomie et référencement

Dans la logique journalistique de SPIP, les informations sont bien hiérarchisées en rubriques et rubriques filles. Les URL sont configurables pour représenter ces catégories. SPIP diffuse par défaut les articles dans des fichiers de syndication (flux RSS), mais désactive les mots-clés pour créer automatiquement des liens thématiques. Le référencement est donc réfléchi, mais n’est pas optimal pour les critères actuels des moteurs de recherche. Rien à voir avec les ténors actuels donc, et il faudra passer par des extensions pour avoir la main sur son référencement.

Réseaux sociaux

L’usage des réseaux sociaux est simplement évacué sur la dernière version stable de SPIP (3.2) : aucun partage sur Facebook, référence à Twitter ou insertion d’image depuis Instagram par exemple. Il est indispensable d’installer un plugin pour interagir avec les plateformes sociales.

Multilinguisme/multisite

Pour un CMS ancien, SPIP gère la localisation dans presque 200 langues. Le webmaster bénéficie d'une navigation plus complète (mais aussi plus complexe) avec des menus adaptés avec le multilinguisme en fonction des rubriques, articles ou brèves.

Réactivité / accessibilité

SPIP n’est pas un champion du responsive design. En revanche, les thèmes peuvent être adaptés pour convenir aux petits comme aux grands écrans. De la même manière, SPIP n’est pas nativement conçu pour l’accessibilité, mais la communauté a développé des extensions adaptées pour les déficients visuels.

Sauvegarde des données

Dans le back office de SPIP, une option permet de sauvegarder le contenu de la base de données sur le serveur puis de télécharger le fichier en local. La restauration de la base de données est également possible. La sauvegarde des fichiers images doit être réalisée séparément.

Performances

Malgré son interface old-school, SPIP est généralement rapide. Dans l’ADN des fondateurs, ce CMS doit être léger pour convenir aux petits budgets et ne pas dépendre de configurations complexes, aussi le chargement des pages n’a rien à envier aux Drupal et autres Joomla. Contrairement à un Wordpress, le cache des pages web est généré sans module supplémentaire. Des plug-ins comme Cache Cool peuvent encore améliorer le chargement des pages. Le back-office de SPIP intègre un « minifieur » pour compresser le code Javascript et CSS. Contrairement à la plupart des CMS, il est conseillé d’utiliser les plug-ins adaptés pour optimiser les performances de SPIP, plutôt que de modifier le code.

SPIP inclut nativement deux fonctionnalités extrêmement pratiques pour le travail collaboratif. D’une part, un agenda pour créer des événements au sein de l’équipe éditoriale. D’autre part, une messagerie interne pour communiquer entre membres d’une équipe éditoriale.

Personnalisation fonctionnelle et esthétique

Personnalisation du front-office

Sur le site de SPIP, on trouve près d’une centaine de thèmes (appelés « squelettes »). Certains ont des designs un peu vintage, mais d’autres sont plus modernes comme ceux de HTML5UP. Il n’existe pas d’outils pour personnaliser les thèmes, il est donc nécessaire de maitriser HTML et CSS.

Personnalisation des fonctionnalités

Fort de la communauté vivace, on dénombre près de 750 plugins fonctionnels sur la dernière version 3.2. Le jargon SPIP est particulier, on appelle « greffons » ces plugins. La recherche (multicritère), l'installation et l'activation de greffons s’effectuent totalement depuis le back office. Aucune saisie de ligne de code ou téléchargement de fichier n’est nécessaire. Le code de ce gestionnaire de contenu est assez clair et bien organisé, idéal pour un développeur web débutant.

Support & sécurité

Les mises à jour sont relativement nombreuses (jusqu'à 5 en 6 mois), mais aléatoires. La dernière grosse update date d’octobre 2017, avec la publication de la version 3.2.

Documentation

A la différence des autres CMS orientés international et anglophonie, SPIP est très francophone. Sa relative marginalité est compensée par une communauté d’irréductibles contributeurs dynamiques et sympathiques. La documentation est importante et bien structurée. Le développeur débutant francophone n’aura donc pas de difficultés à étendre ses connaissances et à trouver réponses à ses questions.

Sécurité

Face à des poids lourds comme WordPress ou Drupal, SPIP est moins attaqué malgré sa longue histoire. Sa relative confidentialité et sa cible francophone et non-commerciale l'épargnent des attaques massives. La communauté réagit vite pour corriger les failles.

Vulnérabilités (CVE) listées par CVE Details

Verdict

SPIP représentait le fleuron des CMS éditoriaux… il y a 20 ans. Depuis, il a plutôt régressé. Son interface d’administration sent la naphtaline. Les mises à jour sont des updates plus que des upgrades. Il reste malgré tout un excellent CMS pour créer un journal numérique, un site associatif ou organiser beaucoup d’informations dans de nombreuses branches. Pas besoin de connaissances informatiques pour créer des contenus. De 7 à 77 ans, il convient à tous les publics et encore plus aux francophones, puisque tous les termes et explications sont dans la langue de Molière.

Conclusion
Note générale
7 / 10

Le backend daté ne doit pas être un frein à l’usage de SPIP. Ce CMS ne prétend pas être tendance, convenir aux blogueurs ou à la création de sites d’entreprise. Son ADN est journalistique : organiser l’information de manière rapide et intuitive. Nul besoin d’avoir de l’expérience en CMS pour l’utiliser. Tout est indiqué en français (ou autres langues) avec notamment beaucoup de bulles d’information. En quelques heures, un junior comme un sénior peuvent publier des textes à destination d’un public restreint (mot de passe) ou international.

Les plus
  • Adapté aux contenus éditoriaux.
  • Intuitif.
  • Francophone.
Les moins
  • Backend vieillot.
  • Peu de thèmes.
  • Inadapté pour une entreprise.
Sous-notes
Ergonomie
7
Personnalisation
6
Fonctionnalités
6
Performances
7
Sécurité
6

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