Les nouveaux appareils photo numériques Reflex, dont ceux de la série NEX de Sony, qui ne sont guère plus imposants que les modèles compacts, figurent parmi les articles qui devraient trouver preneurs ces toutes prochaines semaines, avant Noël, mais ce ne sont pas les seuls, tant s'en faut.
Mais ce n'est a vrai dire pas là la principale cause de cet élan brutal. La raison majeure réside dans le fait qu'un système de subvention accordée par les pouvoirs publics pour l'achat de téléviseurs numériques présentant des vertus écologiques a changé le 1er décembre pour devenir beaucoup moins avantageux. Du coup, tout le monde s'est précipité dans les boutiques dans les semaines précédentes et surtout dans les derniers jours de novembre. Le week-end dernier, des queues longues de plusieurs centaines de mètres se sont ainsi formées dès l'aube devant les hypermarchés de l'électronique grand public des villes nippones. En milieu d'après-midi, dans le navire amiral Bic Camera du quartier central de Yurakucho à Tokyo, les rayons TV étaient pris d'assaut par une peuplade bigarrée de personnes âgées, jeunes célibataires, et familles, tous contraints de patienter plusieurs dizaines de minutes pour obtenir l'aide d'un vendeur et remplir les formulaires afin d'être livrés et de bénéficier des ristournes offertes par l'Etat.
Pour obtenir ces à-valoir, il faut remplir un peu de paperasserie et patienter trois semaines environ, mais les Japonais ont jugé, bon ou mauvais calcul, que le jeu en valait la chandelle. 36 000 points équivalent en effet à 36 000 yens, soit 330 euros. Les premiers prix pour les téléviseurs éligibles de 46 pouces tournent autour de 150 000 yens (1 350 euros, Sony) à 200 000 yens (1800 euros, Sharp, Hitachi). Pour les modèles de dimensions inférieures (26, 32, 37, 42 pouces), le nombre de points allait de 12 000 à 23 000 avant le 1er décembre et de 6000 à 11 000 depuis cette date.
Du fait de l'envolée des achats de TV ces dernières semaines, les fabricants nippons (Sharp, Sony, Toshiba, Panasonic, Hitachi, Mitsubishi Electric), qui monopolisent le marché national, ont fait tourner leurs usines à pleine cadence, 24 heures sur 24 pour certains, forçant également leurs sous-traitants à mettre les bouchées-doubles. Les magasins de quartier ne suivent plus. « Les clients doivent parfois attendre trois semaines avant que je ne sois en mesure de leur livrer et installer leur poste », témoignait cette semaine un détaillant de province. Tous se réjouissent de cette situation mais redoutent aussi un contre-coup dans les prochaines semaines. Les experts du secteur pronostiquent en effet une chute de plus de moitié des ventes l'année prochaine.
Il est probable que se seront écoulés cette année au Japon entre 15 et 20 millions de téléviseurs. On peut de fait déjà assurer que l'année 2010 sera celle où l'on aura vendu le plus de TV au Japon alors même que les modèles LCD et plasma équipaient déjà une importante proportion des foyers avant le 1er janvier dernier. Conséquence: les autorités locales déplorent les mauvaises manières de certains administrés qui balancent leurs vieux postes cathodiques à même le trottoir ou dans la nature.
D'autres équipements électroménagers, en l'occurrence les réfrigérateurs et climatiseurs les moins gourmands en énergie, sont aussi concernés par le système dit « eco points ». De fait, leurs ventes ont aussi plus que doublé ces derniers mois (d'autant que l'été fut long et très très chaud), et ce même si, là encore, près de 100 % des maisonnées étaient déjà dotées de ces équipements.
La fin d'année 2010 est aussi marquée par un brusque engouement pour les « smartphones », des téléphones portables qui se distinguent des traditionnels appareils nippons par le fait qu'ils tournent sous des systèmes d'exploitation (OS) plus ouverts autorisant davantage le téléchargement d'applications fonctionnelles conçues par des tiers.
L'iPhone est soudainement devenu très populaire au Japon depuis quelques mois (les chiffres de ventes ne sont pas officiellement divulgués, mais cela se voit dans les transports et autres lieux publics). Toutefois, la poussée qui soudain se remarque le plus est celle des modèles fonctionnant sous l'OS Android de Google. Les trois principaux opérateurs japonais, NTT Docomo, KDDI et Softbank ont lancé leurs modèles Android, de plus en plus souvent conçus par des fabricants japonais, en tête desquels se trouve Sharp.
Parmi ces nouveautés, le modèle qui se fait le plus remarquer et qui manifestement était le plus attendu est l'IS-03 de Sharp pour KDDI. Bénéficiant d'un matraquage promotionnel impressionnant et mis en vente la semaine dernière, il avait déjà au préalable été réservé à quelque 270 000 unités, un record pour KDDI. L'iPhone n'avait pas fait de tels scores au départ. Les Japonais ont un a priori on ne peut plus positif vis-à-vis de Sharp, une marque créditée d'un très haut niveau de qualité technique et auréolée d'une image d'entreprise extrêmement honnête et fiable.
Sharp devrait aussi faire jaser ces prochains jours avec la commercialisation de ses deux tablettes « Galapagos » accompagnées d'une offre de livres et périodiques numérisés à télécharger. Depuis que le groupe nippon a présenté ces produits, les ventes de l'ardoise multimédia iPad d'Apple ont nettement ralenti au Japon. Les réservations pour les modèles Galapagos de Sharp ont été ouvertes ce vendredi 3 décembre et les produits seront en rayon le 10. Sharp espère en écouler très rapidement un million.
Il a été réservé à plus de 60 000 exemplaires en quelques semaines, ce qui dépasse largement les prévisions les plus optimistes de Sanyo. De fait, le groupe est obligé de stopper temporairement les prises de commande, les chaînes de production ne suivant plus. Il pense ne rouvrir les réservations qu'au printemps 2011.