- Des idées cadeaux autour de la domotique et de la une maison connectée
On ne badine pas avec la sécurité ! Enfin, surtout à partir du 8 mars 2015. Cette obligation, qui existe chez certains de nos voisins nord-européens et aux USA depuis les années 90, marque une prise de conscience tardive chez nous. Et pourtant, les chiffres sont connus : si 70 % des incendies domestiques se déclarent de jour, 70 % de ceux qui tuent ont lieu la nuit, quand les occupants du logement en feu dorment, et sont alors asphyxiés par les fumées toxiques avant même d'être réveillés (source : Rapport parlementaire du député Damien Meslot).
Extrait d'une infographie publiée le 23 septembre 2013 par le ministère du Logement, de l'Égalité des territoires et de la Ruralité
Il n'y a pas de fumée sans feu dit l'adage, mais avec l'emploi de matériaux synthétiques dans l'habitat moderne, les fumées sont devenues plus dangereuses que les flammes. Dans les pays où les DAAF (Détecteurs Autonomes Avertisseurs de Fumée) se sont généralisés, la mortalité des incendies a diminué de moitié (source : la Commission de la sécurité des consommateurs). L'objectif du détecteur, c'est d'avertir. De réveiller dans la nuit ou d'attirer l'attention en journée, dès les premières volutes, pour permettre de tenter une maîtrise du foyer incendiaire, si c'est encore possible, ou de fuir.
Comprendre ce qu'est un détecteur de fumée[/anchor]
En faisant une recherche rapide, on trouve des DAAF aux normes à partir de 5 €, et plus généralement entre 15 et 30 €. Le détecteur doit comporter le marquage CE et répondre à la conformité EN 14604. Cette dernière édicte plusieurs impératifs : des indications claires d'identification sur l'appareil, la durée de vie minimum de 1 an des piles, la distinction entre le signal d'alarme et l'avertissement sonore pour les piles faibles, ou encore, la présence d'un bouton de test. La certification NF n'est pas obligatoire, mais elle ajoute quelques prérequis comme la puissance acoustique du signal sonore, d'au moins 85 dB à 3 m.Un détecteur de fumée premier prix proposé par une grande enseigne de bricolage, et la déclaration de conformité que vous devez trouver dans la documentation du DAAF
Un détecteur de fumée repose toujours sur le même principe : un faisceau lumineux à LED et une cellule photoélectrique qui ne se rencontrent jamais... sauf quand des particules de fumée viennent éparpiller le faisceau lumineux. La cellule photoélectrique reçoit alors de la lumière et produit de l'électricité qui va déclencher l'alarme. Rien de bien sophistiqué sur le plan technologique. Que cache le Nest Protect pour expliquer son prix, à première vue exorbitant ?
Déballage du Nest Protect[/anchor]
Avant toute chose, quand on choisit un Nest Protect, il ne faut pas se tromper de modèle : il y a ceux qui s'alimentent à piles, et ceux qu'il faut raccorder au réseau électrique en 220-230 V. Les premiers ne nécessitent que quatre trous au plafond, les seconds exigent en plus des compétences d'électricien. C'est un Nest Protect à piles, avec six AA Energizer Ultimate Lithium L91 (fournies), que nous avons testé. L'autonomie est supposée couvrir plusieurs années de fonctionnement (environ 5 ans à ce que nous dit Nest), tandis que le Protect a une durée de vie matérielle de 7 ans. C'est a priori la cellule chimique utilisée pour la détection du monoxyde de carbone qui limite la longévité de l'appareil.
Premier élément qui justifie en partie le coût de l'objet : c'est un détecteur de fumée ET un détecteur de monoxyde de carbone. Ce deuxième type de détection n'est pas rendu obligatoire par la législation du 8 mars 2015, mais c'est un plus non négligeable quand on vit dans un environnement où fonctionnent des appareils opérant une combustion (chaudière, chauffe-eau à gaz, gazinière, poêle, cheminée, etc.). Pour rappel, le monoxyde de carbone (CO) est un gaz inodore et incolore mais extrêmement toxique, qui se produit en cas de combustion incomplète de composés carbonés.
Les appareils de détection deux-en-un qui gèrent à la fois fumées et CO sont assez rares sur le marché français. Il faut bien souvent acheter deux détecteurs séparés, et ceux spécialisés dans le monoxyde de carbone coûtent au moins une quarantaine d'euros. Bon, il reste toutefois encore 40 à 60 € de différentiel à expliquer.
Le Nest Protect est livré avec sa grille de fixation, celle qu'il faut visser au plafond (quatre vis fournies, mais pas les chevilles), pour ensuite emboîter le détecteur dessus. Ça peut sembler beaucoup, mais rappelons que le Protect pèse 372 grammes, là où un DAAF standard fait entre 100 et 240 g.
Le boîtier carré aux angles arrondis mesure 13,4 cm de côté pour 4,1 cm d'épaisseur. Le châssis est fait d'un plastique rigide, tandis qu'une grille métallique vient en façade border le gros bouton central. Celui-ci, qui sert d'interface de paramétrage et de test, et cerclé par un anneau lumineux multicolore. La documentation explique clairement le code couleur : paramétrage en bleu, statut « ok » en vert, avertissement en jaune, et urgence en rouge. Petit plus : Nest fournit l'attestation d'installation à retourner à son assureur (enfin, selon les assureurs, certains ne le demandent pas). Le Protect profite d'une belle finition et surtout, comparé à la plupart des DAAF classiques, d'un design plus élaboré qu'un diffuseur de parfum pour toilettes.
Nest Protect : mise en route et usage[/anchor]
Malgré l'aspect connecté de l'engin, sa mise en route demeure enfantine. On retire la languette de protection des piles, le Protect s'allume. Une pression sur le bouton central lance une phase de test, où le détecteur qui parle en français (et fort) prévient de l'imminence d'une alarme, d'abord de détection de fumée, puis de détection de monoxyde de carbone. Ça sonne et c'est foncièrement désagréable, mais c'est le but pour ce genre d'appareil. La sirène retentit à 85 dB (à 3 mètres), ça a l'air d'être plus ou moins la norme. Il ne reste qu'à installer l'application Nest sur smartphone (iOS et Android), se créer un compte, et suivre l'installation pas à pas.Le processus est tout à fait standard : on ajoute un Nest Protect à la fois, on entre le numéro de série inscrit au dos de l'appareil, on choisit le Wi-Fi domestique pour renseigner la clé de protection du réseau, et c'est à peu près tout ! On peut alors fixer le détecteur au plafond en respectant les consignes de positionnement livrées dans la documentation. L'application permet de suivre en temps réel l'état de chaque capteur, fumée et monoxyde de carbone, mais aussi de consulter un historique (une prédiction serait plus utile, si seulement...), de recevoir des notifications et de paramétrer l'ensemble des capteurs.
Car le Protect n'embarque pas deux capteurs mais huit ! Fumée et monoxyde de carbone, mais aussi chaleur, luminosité ambiante, humidité et trois capteurs de mouvements. Le capteur d'humidité sert à la détection de vapeur, qui ne sera pas confondue avec de la fumée : vous pouvez donc prendre une douche bien chaude ou ouvrir la cocotte-minute sans faire sonner l'alarme.
La détection de la luminosité ambiante va faire fonctionner les modes nuit paisible (ne pas confondre avec la tisane) et veilleuse. Le premier va afficher un cercle vert pour indiquer que le détecteur est opérationnel à l'extinction des lumières (et un cercle jaune dans le cas contraire). Le second va utiliser les capteurs de mouvements pour allumer un cercle blanc lorsque quelqu'un passe sous le détecteur, de nuit. Cette idée d'une veilleuse serait bonne si la lumière éclairait un tout petit peu plus. Là, et même si la veilleuse est réglée au maximum, il vaut mieux avoir des yeux de chat. Tout cet attirail finit d'expliquer le prix du Nest Protect, même si aucune de ces fonctionnalités n'est fondamentalement vitale. Et attention, en cas de changement d'un réglage, il faut attendre 24h pour qu'il soit appliqué.
Quid de l'efficacité ?
Difficile pour nous de véritablement tester le Nest Protect, et notamment la partie monoxyde de carbone. Mais nous avons tout de même voulu observer la réaction de l'appareil avec de la fumée de cigarette soufflée directement sur le Nest Protect, à quelques centimètres, en extérieur.Au bout de trois ou quatre bouffées, la lumière s'allume en jaune, une voix s'élève pour signaler que de la fumée a été détectée dans le bureau (le nom de la pièce que nous avons affecté à l'appareil au moment du paramétrage). L'alarme se déclenche quelques secondes après, lorsque le cercle passe finalement au rouge. Nous appuyons rapidement sur le bouton pour placer la sirène sous silence (et préserver nos oreilles), mais le rond reste rouge, car pour le Protect, il y a toujours de la fumée (il y en a probablement toujours à l'intérieur).
Petite déception en revanche : l'application ne réagit qu'une trentaine de secondes après que l'alarme s'est allumée. Et elle ne produit que trois bips de notification sur le téléphone, répétés dans le temps mais pas franchement alarmants.
Conclusion[/anchor]
Alors, le Nest Protect vaut-il son pesant d'or ? Comme détecteur unique, sauf à être un inconditionnel des objets connectés ou à ne pas craindre la dépense, non, il n'y a pas beaucoup d'arguments raisonnables pour conseiller un Nest Protect. Le côté deux-en-un fumée et monoxyde ? C'est une fausse bonne idée, pour la simple et bonne raison que les endroits où disposer l'un et l'autre ne sont pas forcément les mêmes. Un détecteur de monoxyde de carbone doit être mis là où il y a un risque de monoxyde, plutôt vers la cuisine, la cheminée ou la chaudière. Malheureusement, ce ne sont pas vraiment des endroits où il est recommandé de mettre des DAAF : les fumées d'usage risqueraient de faire sonner l'appareil à tort. Et ces endroits ne sont pas nécessairement à proximité des chambres, là où doivent être les détecteurs de fumée.La fonction veilleuse ? Pour ce qu'elle éclaire, on s'en passera. Le détecteur de vapeur ? Si vous ne mettez de détecteur ni dans la salle de bain, ni dans la cuisine, les risques de faux positifs sont faibles. Et que penser de la durée de vie de 7 ans : l'utilisateur va devoir remettre 20 € de piles au bout de 5 ans et jeter son Nest Protect à la poubelle (enfin, au recyclage) deux ans plus tard ?
Au rang des points positifs, on notera la simplicité d'utilisation, la qualité de fabrication, le design moderne, la gradation dans les avertissements (jaune quand il y a un peu de fumée, rouge quand il y en a beaucoup) ou encore la voix qui parle en plus de la sirène (cela permet de savoir à quel genre de risque il faut faire face).
Maintenant, le Nest Protect va prendre plus de sens dans une grande maison, dans le cas d'installations multiples (le système gère jusqu'à 18 détecteurs, un investissement colossal !). Pourquoi ? Parce que l'interconnexion des détecteurs, nommés en fonction de leur localisation, va permettre de savoir, en cas de départ d'incendie, où la fumée a été détectée. Autre avantage potentiel : s'il y a un départ de feu dans une pièce éloignée des chambres, vous n'êtes pas obligés d'attendre que les flammes gagnent toute la maison pour être alerté. Si la maison est bien quadrillée, vous savez quelle pièce il faut éviter pour évacuer plus sereinement.
Enfin, dans le cadre d'une utilisation combinée avec les Nest Thermostat, les détecteurs de mouvements des Protect seront exploités pour identifier une ou des présences dans le logement afin d'optimiser le chauffage. Et en cas de fuite de monoxyde, la chaudière peut être coupée. Mais là, on rentre dans une solution domotique plus globale. Une autre histoire. En attendant, si vous vivez dans un appartement de moins de 100 m², installez un ou deux détecteurs à 20 €, ça fera amplement l'affaire ! Ce verdict aurait été différent si le Nest Protect avait coûté 50 à 60 €...