Cody Wilson est le créateur de Defense Distributed, un groupe américain qui propose des modèles d'armes destinées à être créées à l'aide d'une imprimante 3D. Le résultat peut être utilisé dans une certaine mesure, car les armes ainsi obtenues ont une durée de vie très limitée, mais elles permettent tout de même de tirer des projectiles réels.
Quelques mois seulement après avoir obtenu l'autorisation de concevoir et commercialiser de telles armes, Cody Wilson a mis à disposition, sur la Toile, les plans du Liberator, le premier pistolet pouvant être presque intégralement conçu à l'aide de pièces « imprimées » en plastique ABS. Cette arme, peu fiable car fragile, n'avait alors pas été du goût du gouvernement américain, qui n'a mis que quelques jours à bloquer les téléchargements des fichiers d'impression.
Il n'en reste pas moins que le Liberator a marqué les esprits : arme issue du numérique, le pistolet bénéficie également d'une esthétique décalée. Autant de raisons qui en font l'un des objets-phares d'une nouvelle exposition lancée le 14 septembre dernier au musée Victoria and Albert de Londres, « le plus grand musée dédié à l'art et au design au monde ».
Le musée a fait l'acquisition de deux Liberators : l'un assemblé, et l'autre en pièces détachées. L'idée est « d'enrichir la collection d'objets imprimés en 3D » du musée, tout en soulignant « un tournant pris dans le débat autour de la fabrication numérique ». Le prix des acquisitions n'a pas été précisé.
De son côté, Cody Wilson voit dans cette mise en avant du Liberator une reconnaissance de cette arme comme « un symbole politiquement incendiaire », rapporte Forbes. « Je ne vois pas cela comme un projet artistique, mais il y a une sensibilité artistique autour du sujet » estime Cody Wilson. « C'est une sorte de démonstration, une preuve de l'évolution des techniques pour l'avenir. »
Censuré par le gouvernement américain, le Liberator voit donc une nouvelle vie s'offrir à lui dans le monde de l'art : pour Cody Wilson, il s'agit d'un « accomplissement ultime » de voir un objet interdit devenir « une provocation culturelle permanente. » De là à dire que l'objet en question est mieux dans une vitrine que dans les mains d'un utilisateur, il n'y a qu'un pas...