Les "Tech Women" s'affichent à l'encontre des clichés

Audrey Oeillet
Publié le 30 juin 2010 à 17h39
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Hasard ou coïncidence ? Hier, deux évènements parisiens totalement indépendants permettaient de s'interroger sur la relation qui lie les femmes à la technologie : l'un était une conférence de presse qui, sous prétexte de présenter un navigateur mobile dédié aux femmes, proposait une réflexion sur la relation qu'entretient le « sexe faible » avec son smartphone. L'autre, baptisé « La Night des Tech Women », invitait les femmes - mais aussi les hommes - à venir découvrir les « réseaux professionnels technos au féminin ».

Certes, opposer des évènements aux objectifs différents peut sembler audacieux, voire inapproprié, mais l'occasion était tout de même trop bonne pour moi, seule représentante de la gent féminine à la rédaction de Clubic, d'opposer deux façons d'assimiler le public féminin à la technologie.

Internet pour les nulles
Le matin, c'est donc la société Tiki'Labs qui présentait son « navigateur intuitif spécialement conçu pour répondre aux envies des femmes numériques », Tiki'Surf, sous couvert d'une présentation intitulée « Les femmes et leur mobile : une histoire d'amour ! ». Au programme, plusieurs intervenants dont Chantal Jannet, présidente de l'Union Féminine Civique et Sociale et membre du collège Hadopi, ou encore Jacques Birol, cofondateur de Keljob.

Au ressortir des présentations s'appuyant sur des études variés et des clichés tenaces - « la femme veut tout, tout de suite et tout, tout le temps », 43% des possesseurs d'iPhone sont des femmes selon une étude Admob, 70% des femmes utilisent leur mobile pour s'amuser selon l'étude Ruder Finn's Mobile Intent Index 2010 - il apparaitrait donc que les femmes aiment utiliser leur smartphone pour surfer sur le Net, à condition de ne pas avoir à faire trop d'efforts pour accéder sans peine aux sites de Closer, Voici, L'Oréal, Sephora ou encore Marie Claire - autant d'exemples tirés des partenaires de Tiki'Surf.

Rassemblées pour mieux régner ?
Si cette conclusion peut s'avérer discutable, une phrase tirée de l'allocution de Jacques Birol l'est tout autant : « Peu de femmes sont à la tête d'entreprises en rapport avec Internet et le mobile ». La première « Night des Tech Women », qui avait lieu hier soir à La Cantine, offrait un point de vue bien différent.

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Sous cette appellation teintée d'anglicisme se cachait une réunion de femmes travaillant dans le milieu des nouvelles technologies, désireuses de partager leurs expériences mais surtout d'en savoir plus sur les nombreux réseaux dédiés aux fameuses « Tech Women ». Et il fallait arriver tôt pour espérer trouver une place assise pour assister à la présentation de Girls in Tech, Girlz in Web, Cyberelles, The NextWomen et Women & Mozilla, autant de projets ayant pour but de rassembler les femmes évoluant dans le hi-tech.

Dans l'assemblée, une centaine de femmes et... une poignée d'hommes, tous venus évoquer la condition féminine dans ce milieu majoritairement masculin. Si la démarche peut sembler sectaire, elle est avant tout le fruit du « constat simple que les femmes manquent de visibilité », comme l'explique Sabine Coulon de Girlz in Web. « En se mettant avec d'autres femmes, on peut s'entraider » ajoute Samia Ghozlane de Cyberelles.

Autre démarche : essayer de comprendre pourquoi les femmes sont peu présentes dans certains domaines, comme le développement de logiciels libres. Une question qui intéresse le projet Women & Mozilla : Julia Buchner et Delphine Lebédel, ses portes-paroles, indiquent ainsi que 2% des développeurs dans le logiciel libre sont des développeuses... Contre 25% dans le logiciel propriétaire.

Une démarche pas nouvelle
Cette « Night des Tech Women » avait beau être la première, les réunions de « femmes high-tech » ne sont pas une nouveauté, puisque largement pratiquées par les réseaux dont il était question hier... Et beaucoup d'autres. Des rencontres dédiées nécessaires selon les organisatrices, qui évoquent des « réseaux mixtes peu adaptés aux femmes » en raison, par exemple, d'horaires de réunions peu ajustés à la vie professionnelle... et la vie de famille.

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Les réseaux présentés sont, pour la plupart, des associations qui trouvent leur financement auprès de sponsors. L'initiative est placée sous le signe du bénévolat, mais également de la solidarité. Dans la salle, un journaliste masculin s'interroge : « vous comptez travailler ensemble, ou vous faire la guerre ? » la question amuse : « c'est bien la question d'un homme, ça ! »

Mais l'heure est définitivement à l'entraide, à la rencontre et au débat, et non à la rivalité. De cette soirée très fréquentée - un peu trop, peut-être, pour faciliter un réel contact - il faut retenir une chose évidente : les femmes dans le milieu des nouvelles technologies sont bel et bien là. Il y a fort à parier que ces réseaux, dont certains sont âgés d'à peine 6 mois, vont prendre de plus en plus d'ampleur dans les mois qui viennent, tordant un peu plus le cou aux idées reçues.

Seul vrai risque : à force de tenter de s'éloigner des clichés de la femme allergique aux nouvelles technologies et de l'image strictement masculine du milieu, on pourrait en voir émerger un nouveau, celui d'une caste d'amazones high-tech portant un biberon dans une main et un netbook dans l'autre. Reste que cette représentation n'est pas plus négative que celle de la working girl connectée qui surfe sur les sites people avec son smartphone : à chacune de choisir son camp !
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