© Farbsynthese / Pixabay
© Farbsynthese / Pixabay

L'association de consommateurs déplore le trop grand écart de débits mobiles entre les zones rurales et les zones plus denses, dans une nouvelle étude publiée ce jeudi.

L'an dernier, l'UFC-Que Choisir lançait son application collaborative gratuite, QuelDébit, disponible sur Android et iOS, afin de permettre aux Français de mesurer la qualité de leur connexion internet, de façon à bâtir un baromètre des débits mobiles dans les zones rurales, intermédiaires et denses. Alors qu'elle compte près de 50 000 utilisateurs pour son outil, l'association de consommateurs a rendu son verdict. Elle dénonce une « inadmissible fracture numérique », matérialisée par des zones rurales qui ont du mal à accéder à un « bon haut débit », que ce soit en 4G ou en 5G.

Orange, meilleurs débits en 4G ; Free Mobile, priorité aux zones rurales

L'UFC-Que Choisir a publié jeudi ses indicateurs sur une base de 520 000 tests réalisés jusqu'au 30 novembre 2021, qui ont l'avantage de placer les différents opérateurs sur un pied d'égalité : 27 % des tests ont été réalisés sous Orange, 24,7 % sous SFR, 24,5 % sous Bouygues Telecom, et 23,9 % sous Free Mobile. Rappelons que l'on considère une zone urbaine (ou dense) toute agglomération de plus de 400 000 habitants. Les zones intermédiaires, elles, sont comprises entre 10 000 et 400 000 habitants, et les zones rurales rassemblent les agglomérations de moins de 10 000 habitants, ainsi que les plus petites communes situées hors agglomérations.

L'association de consommateurs fait un constat sans appel. Concernant la 4G, qui pèse pour 95 % des données collectées par l'appli QuelDébit, il n'y a pas vraiment de surprise : les disparités entre les zones sont réelles, et ce, chez tous les opérateurs, même si Orange offre par exemple de meilleurs débits descendants (téléchargement), avec une moyenne de 61,5 Mbit/s (contre 40,7 Mbit/s pour SFR, 37,5 Mbit/s pour Free et 36,6 Mbit/s pour Bouygues).

En zones urbaines, l'application de l'association fait remonter des débits descendants moyens de 55,3 Mbit/s. Dans les zones intermédiaires, on tombe à 42,3 Mbit/s, alors que dans les zones rurales, cette moyenne est la plus basse : 33,3 Mbit/s. On note tout de même que Free Mobile fait figure d'exception, en étant le seul opérateur à présenter de meilleurs débits en zones rurales (40,6 Mbit/s) qu'en zones intermédiaires (37,3 Mbit/s) et urbaines (31,8 Mbit/s).

© UFC-Que Choisir
© UFC-Que Choisir

Le constat est globalement le même s'agissant des débits montants (émission de données). Orange présente la meilleure moyenne (12,8 Mbit/s, devant Bouygues, SFR et Free), tandis que les zones urbaines sont une nouvelle fois les plus avantagées, avec des débits moyens de 13,6 Mbit/s, contre 10,7 Mbit/s en zones intermédiaires et 8,5 Mbit/s dans les zones rurales.

© UFC-Que Choisir

Une 5G faible en zones rurales et des débits filaires loin des attentes

Dans les zones urbaines donc, les débits moyens sont 66 % plus élevés qu'en zones rurales (55,3 contre 33,3 Mbit/s). Concernant la latence, c'est-à-dire la vitesse de transmission des données, les zones urbaines présentent là aussi de meilleurs résultats (67 ms) en comparaison aux zones intermédiaires (77 ms) et rurales (87 ms).

La 5G, de son côté, permet à ce stade un gain de vitesse tout bonnement considérable dans les zones urbaines et les zones intermédiaires, avec des débits quatre à cinq fois supérieurs au moment de basculer de la 4G à la 5G (qui dépasse les 200 Mbit/s en moyenne en download). En revanche, c'est beaucoup moins évident dans les zones rurales, où le débit moyen en 5G (48,9 Mbit/s) peut même être plus faible que la 4G des plus grandes villes et zones intermédiaires.

Pour accentuer le tout, l'UFC-Que Choisir a consacré un pan de son étude aux débits filaires, et celui-ci soulève un point critique. Alors que la qualité minimale évoquée devait être de 3 Mbit/s (ce qui reste particulièrement bas), 14,3 % des débits relevés sont inférieurs à ce seuil. Dans les zones rurales, c'est le cas dans presque 20 % des cas, on considère aujourd'hui comme un « bon haut débit » une connexion filaire supérieure à 8 Mbit/s. En l'occurrence, aujourd'hui, ce débit n'est pas atteint dans 25 % des cas au niveau national, et pour 32 % des consommateurs situés en zones rurales. L'UFC-Que Choisir évoque ici une fracture numérique, qu'elle juge « inadmissible ». Rappelons que d'ici la fin de l'année 2022, tous les Français seront censés bénéficier d'une connexion très haut débit filaire d'au moins 30 Mbit/s. Autant dire que ce n'est pas gagné.

© UFC-Que Choisir