L'avenir de Yahoo devrait se jouer cette semaine. Une série de réunions du conseil d'administration sont prévues entre mercredi et vendredi, au cours desquelles se décidera la cession, ou non, de la participation de 15 % dans l'e-marchand chinois Alibaba. Mais surtout, et bien plus grave, le groupe pourrait se séparer de ses activités Web, indique le Wall Street Journal : moteur de recherche, régie publicitaire, messagerie, portail...
Aux États-Unis, les services de Yahoo captent pourtant la troisième audience du pays, derrière Google et Facebook, avec plus de 200 millions de visiteurs uniques par mois. En août 2013, un an après l'arrivée de Marissa Mayer à la tête de l'entreprise, Yahoo se permettait même le luxe de devancer Google en audience, selon Comscore. Seulement, financièrement, tout cela n'a que peu de valeur aux yeux des actionnaires.
Un cœur de métier faiblement valorisé
Pour eux, la valeur de Yahoo - sa capitalisation boursière, de 31 milliards de dollars - repose aujourd'hui sur ses participations dans Alibaba (31 milliards de dollars) et dans Yahoo Japan (8,5 milliards de dollars), codétenu avec SoftBank. Le reste est vu comme un foyer de perte (218 millions depuis le début 2015) qu'il est devenu, au bout de trois ans d'efforts acharnés et à coup de rachats de start-up, impossible de relancer.En trois ans, Marissa Mayer s'est démenée pour relancer Yahoo, mais sa vision et son management sont devenus contestés en interne - Crédit : Yahoo.
Selon l'analyste Brian Wieser de Pivotal Research, cité par USA Today, le cœur de métier de Yahoo ne vaudrait que 1,9 milliard de dollars, c'est à peine le double de la somme dépensée en 2013 pour Tumblr !
Vers une décision purement financière
Dans une lettre publiée début novembre, le fonds activiste - et actionnaire de la société - Starboard Value écrivait qu'il voyait « peu de signes » de redressement. Alors que Marissa Mayer a tenté de donner un cap à Yahoo, en le mettant sur les rails du mobile, de la vidéo et de la publicité - des segments porteurs -, cela n'a pas redonné ses lettres de noblesse au portail Web de l'an 2000, qui avait déjà manqué tous les virages.Dans l'impasse, le Yahoo de Marissa Mayer n'a plus d'avenir aux yeux des actionnaires, qui ne sont plus intéressés que par les juteux dividendes (1 milliard de dollars en 2014) des filiales japonaise et chinoise et inquiets sur une charge fiscale de 12 milliards qui les attend en cas de cession des 15 % d'Alibaba - scénario qui ne plaît pas à Starboard Value. Quoiqu'il arrive, l'avenir de Marissa Mayer chez Yahoo est compromis.
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