Finalement, Yahoo ne revendra pas ses parts (15 %) dans l'e-marchand chinois Alibaba. Cette décision du conseil d'administration, réuni en fin de semaine dernière, est relayée par la presse américaine. Elle devrait être officialisée d'ici peu. La signification est lourde pour Marissa Mayer, la patronne de Yahoo : si la société conserve Alibaba, c'est qu'elle juge que cette participation est plus intéressante que ses activités Internet...
La cession du cœur historique de Yahoo fait parler d'elle depuis quelques jours. Avec cette décision, elle devient palpable. Si le conseil d'administration préfère garder Alibaba aux activités Internet, c'est pour au moins deux raisons, toutes deux financières. La première : contrairement au montage financier imaginé par Marissa Mayer, la cession supposerait une lourde charge (12 milliards de dollars) pour les actionnaires.
Verizon tourne au-dessus de Yahoo
La seconde : le géant du e-commerce génère des dividendes intéressants, et possède une valeur conséquente estimée à plus de 30 milliards de dollars. De leur côté, les services traditionnels composés du portail Yahoo incluant notamment le moteur de recherche, la messagerie, les actualités et bien sûr la régie publicitaire, ne semblent pas offrir de perspectives intéressantes. Après trois ans d'efforts, aucune reprise ne se dessine. Et la valeur de ces activités, d'après Pivotal Research, a atteint une somme dérisoire : moins de 2 milliards.Malgré l'échec de sa stratégie de redressement, en cas de renvoi, Marissa Mayer toucherait un parachute doré de 110 millions de dollars selon Fortune - Crédit : Vogue.
Interrogé mardi par CNBC, Lowell McAdam, PDG de l'opérateur américain Verizon, affirmait que certains actifs de Yahoo « iraient bien avec AOL ». Il y a un an déjà, l'un des actionnaires de Yahoo, le fonds activiste Starboard Value, avait tenté de le pousser dans les bras d'AOL - qui a finalement été racheté par Verizon en mai 2015 pour 4,4 milliards de dollars. Alors que Yahoo est menacé, cette hypothèse redevient crédible.
Yahoo deviendrait une holding
Comme beaucoup d'opérateurs, Verizon s'attèle à se renforcer sur les contenus, ce qui réclame des outils de monétisation. AOL, recentré sur ces activités, était une première réponse. Yahoo pourrait en constituer une seconde, d'autant qu'il jouit d'une audience de 210 millions de visiteurs uniques aux États-Unis. Si Marissa Mayer vient d'être maintenue à la tête de la société, il est peu probable qu'elle survive à une telle mutation.En rejetant sa stratégie, le conseil d'administration préfère sauver les meubles. Sans son coeur historique, Yahoo deviendrait un portefeuille de participations dans lequel l'ex-cadre de Google n'aurait plus de rôle.
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