L'inventeur du Web, Tim Berners-Lee, ne reconnaît plus le Web tel qu'il l'avait imaginé. Pour lui, il est exposé à différentes menaces qu'il a exprimées à Lisbonne lundi.
Il n'est pas si exagéré de dire que c'est grâce à lui si vous nous lisez aujourd'hui. Tim Berners-Lee, pape du World Wide Web, s'est exprimé devant la caméra de CNBC ce lundi 5 novembre, en marge du Web Summit de Lisbonne.
Et le Britannique de 63 ans a livré une vision tranchée du Web, qu'il estime être arrivé « à un point critique », notamment en raison des menaces telles que la concentration du marché, la violation de données et les fausses informations.
« Il y a eu un grand changement »
Tim Berners-Lee a sans doute eu une vision un peu trop idyllique et humaniste de son œuvre. C'est tout à son honneur, mais il reconnaît que le temps a fait son œuvre : « Si vous m'aviez posé la question il y a 10 ans, j'aurais dit que l'Humanité ferait un bon travail avec cela. Si nous connectons tous ces gens ensemble, ils s'entendront tellement bien... Je me suis trompé. »Les mots du Londonien sont lourds de sens, lui qui voyait le Web comme un espace ouvert et constructif. Désormais, il regrette le trop-plein de publicités, le non-respect de la vie privée, les discours de haine et les fake news. « Il y a eu un grand changement » concède-t-il, « je pense que cela a été un point tournant. »
Il y a quelques jours, Berners-Lee précisait que son inquiétude était liée à des acteurs comme Google et Facebook, qui représentent « un danger de concentration. »
Tim Berners-Lee présente son « contrat pour le Web »
Pou lui, les gouvernements, les entreprises et les citoyens ont tous un rôle à jouer de façon à ce que le Web se replace sur sa trajectoire initiale. Et pour cela, l'informaticien a dévoilé lundi son « contrat pour le Web », via sa fondation, en souhaitant faire de la protection sur Internet un droit fondamental pour tous. Facebook et Google, eux, soutiennent déjà le contrat.Ce contrat milite pour le respect de la vie privée des usagers mais aussi de leurs données personnelles. La World Wide Web Foundation considère qu'1,5 milliard de personnes vivent aujourd'hui dans des pays où la protection des données à caractère personnel est inexistante.