À partir du 30 mars prochain, Médiamétrie ne se contentera plus de mesurer l'audience du public sur la télévision. La société va également s'intéresser, désormais, aux tendances des programmes télé suivis hors domicile (les bars, par exemple) et sur mobiles, rapporte Les Échos.
Après la Norvège et le Canada, la France est le troisième pays à adopter ce système, qui doit compenser la perte de vitesse de la télévision.
5 % d'audience en plus
Médiamétrie a précisé jeudi 23 janvier qu'elle s'apprêtait à mesurer l'audience de programmes télévisés regardés hors domicile à l'aide d'un panel de 4 500 personnes. Celles-ci seront équipées d'un audimètre permettant à l'enseigne d'identifier le programme suivi. Elle s'attend ainsi à un apport annuel de 5 % à son audience, ce qui représente dix minutes de durée d'écoute quotidienne supplémentaire. Un apport non négligeable (équivalent à celui du replay, dont l'enseigne tient compte depuis 2014) et, selon le Directeur exécutif télévision et Internet de Médiamétrie Julien Rosanvallon, « une consommation de la télévision appelée à se développer avec la 5G ».Streaming : l'État veut contraindre les plateformes à investir 25 % de leur chiffre d'affaires en France
Ce chiffre est cependant une moyenne et devrait connaître d'importantes variations. Comme le signale Marina Alcaraz, des Échos, les tests montrent que l'apport du suivi hors domicile est plus proche de 8 % lorsque des événements comme les grands titres sportifs (coupes de football et de rugby en premier lieu) attirent le public dans les bars et les cafés. Julien Rosanvallon précise que pour le match France-Tonga, en octobre dernier, la hausse était de 9 %, soulignant que « le décalage horaire n'était pas favorable. Le supplément devrait être plus marqué pour d'autres compétitions ». L'Euro 2020, prévu aux mois de juin et juillet, pourrait offrir une première occasion de mesure concrète.
Coup de pouce payant
Médiamétrie vient ainsi en aide à la télévision, dont l'audience continue de baisser face - entre autres - à des plateformes comme Netflix ou le futur Disney+. Sa principale source de revenus vient pourtant de la publicité, et est donc conditionnée par ses performances en termes d'audience. Sa durée d'écoute annuelle moyenne a perdu 6 minutes en 2019, une baisse historique et fortement marquée chez les jeunes.Le smartphone est désormais l'appareil de prédilection pour regarder la télévision en ligne
Mais ce coup de pouce a lui aussi un coût. Médiamétrie a augmenté ses tarifs de 8 % pour continuer à financer son service. Philippe Nouchi, de Publicis Media, explique que « le hors domicile devrait compenser la baisse d'audience sur certaines cibles. Cela va aider les régies publicitaires des chaînes à rehausser leur prix. Seul hic : jusqu'à présent, cette audience non mesurée était, de fait, gratuite. Les annonceurs vont donc devoir la payer ».
En 2016 et 2017, l'enseigne avait déjà amélioré ses prestations une première fois afin de tenir compte des audiences mobiles. D'ici 2020 ou 2021 (la date reste sujette à discussion), elle prévoit de mettre en place la mesure dite à « quatre écrans » : tablettes, smartphones et ordinateurs, jusque-là calculés à part, seront intégrés à l'audience du « petit écran ».
Source : Les Échos