Première année pour Meta, le nouveau nom de Facebook et cette renaissance de l'entreprise de Mark Zuckerberg n'a pas été de tout repos.
2022 a été pour Mark Zuckerberg ce que 1992 eut été pour feu la reine Elizabeth II : une « annus horribilis ». Après près de deux décennies d'un insolent succès, le jeune milliardaire a vécu douze mois sans répit, enchainant les déconvenues et les mauvaises nouvelles.
Si l'annonce du nouveau nom Meta, et l'ambition affichée de pivoter les priorités de l'entreprise vers le metaverse ont pu intriguer, elles se confrontent aujourd'hui à la dure réalité du marché des réseaux sociaux et de la publicité en ligne.
Un réseau vieillissant, attaqué de plein fouet par TikTok
Le premier orage au-dessus de la tête de Zuckerberg n'a pas attendu bien longtemps pour montrer le bout de son nez. Lors de la présentation de ses résultats le 2 février, Meta a annoncé une perte d'un million d'utilisateurs quotidiens sur Facebook. Cette chute, minime à l'échelle des deux milliards d'humains se connectant au moins une fois par jour sur le réseau, a affolé les investisseurs et rappelé douloureusement que le navire amiral du groupe est en perte de vitesse.
Facebook vieillit, et est concurrencé par TikTok. Le réseau social chinois est la plateforme préférée des plus jeunes, et compte aujourd'hui plus d'un milliard d'utilisateurs d'abonnés. Instagram, même si l'application bénéficie d'une image moins écornée que Facebook, ne semble pas réussir à inverser la tendance.
Mark Zuckerberg a pourtant tenté de rattraper son rival, en s'inspirant (ou en volant, c'est selon ...) le format court et les outils de création de TikTok avec les Reels, quitte à les imposer au chausse-pied aux utilisateurs de tous ses services et rendre furieuses comme la très influente Kylie Jenner. Rien n'y fait ; les Reels ne passionnent pas les créateurs de contenus et seules 17,6 millions d'heures sont visionnées chaque jour contre 200 millions sur le réseau chinois. Et vous l'avez surement remarqué, de nombreux Reels sont en fait des TikTok importés.
Un saut dans le metaverse bien trop cher pour les investisseurs
Pour tenter de trouver un second souffle à sa société, et tenter de faire oublier les dizaines de polémiques, Mark Zuckerberg a donc tout misé sur le metaverse, et a engagé des sommes d'argent considérables en ce sens. Sur la seule année 2022, près de 13 milliards de dollars devraient être engloutis par ce projet qui pourtant ne passionne pas les foules.
La pierre angulaire du metaverse, façon Zuckerberg est Horizon Worlds, un monde permettant de créer ses salons, ses lieux de vie ou de détente, et de discuter avec d'autres utilisateurs connectés via un casque Meta Quest du groupe.
Problème là encore : personne ne semble vouloir passer plus d'une heure dans le monde virtuel de Meta. L'objectif de l'entreprise était de dépasser les 500 000 utilisateurs fin 2022. Récemment, ce dernier a été revu à la baisse à moins de 300 000 personnes.
Dans les faits, les univers d'Horizon Worlds sont majoritairement déserts et vides. Mark Zuckerberg n'a d'ailleurs pas échappé aux moqueries du web après la publication d'un selfie pris dans le metaverse et qui montrait son avatar aux côtés d'une tour Eiffel. La qualité graphique du « cliché », plus proche d'un jeu Wii de première génération que du futur promis à grands coups de communication, a fait rire aux éclats les internautes et Zuckerberg de publier rapidement une photo de son avatar modélisé avec les derniers outils conçus par Meta, et effectivement bien plus convaincants.
En octobre 2022, Meta a tenté le tout pour le tout avec Meta Connect, sa grande conférence annuelle dédiée au metaverse et à la réalité virtuelle. L'occasion pour l'entreprise de dévoiler ses dernières avancées en la matière, ainsi que le Meta Quest Pro, un nouveau casque de réalité virtuelle très avancé au prix de départ stratosphérique de 1 799 euros. À ce tarif, seuls quelques utilisateurs professionnels pourraient y trouver leur compte.
Une fin d'année catastrophique avec le renvoi de près de 11 000 personnes
Les mauvaises nouvelles n'ont pas fini de s'enchainer pour Meta avec la présentation de son dernier exercice financier. Le groupe américain a vu fondre ses bénéfices de 52% par rapport à l'année précédente. Les frais liés au metaverse ont englouti une grande partie du cash, et Meta n'a pas été aidé par Apple, qui avec son nouveau système de collecte des données, bien plus restrictif, a fait perdre 12 milliards de dollars à l'entreprise cette année.
Avec une baisse du chiffre d'affaires et des dépenses qui continuent à exploser, Mark Zuckerberg n'avait d'autre choix pour garder la face que d'activer l'arme thermonucléaire de toute entreprise : une vague de licenciements. Le 9 novembre, Mark Zuckerberg a annoncé une suppression de 13 % des postes chez Meta, soit 11 000 salariés remerciés sur le champ.
L'année 2022 aura été tout simplement cataclysmique pour Mark Zuckerberg. La valeur de l'action Meta a baissé de 65 % sur une seule année. La fortune du jeune entrepreneur a fondu d'autant sur la même période. Le groupe est attaqué sur son activité publicitaire, le cœur du réacteur qui représente plus de 95% des revenus de l'entreprise. Le metaverse quant à lui patine et ne semble intéresser personne ou presque.
2023 sera donc l'année des défis pour Meta et son emblématique patron. Ce dernier a déjà annoncé avoir annulé de nombreux projets pour se recentrer sur ses réseaux sociaux. Les investissements sur le metaverse, toujours colossaux, vont tout de même être réduits.
Il serait idiot d'enterrer Meta, qui connecte toujours plusieurs milliards de personnes chaque jour et reste l'un des géants les plus puissants de la tech mondiale. Le groupe a vacillé. Charge à Mark Zuckerberg de tout faire pour qu'il ne tombe pas pour de bon.