En partageant sur son compte Facebook cette vidéo qui le montre en train de brutaliser un chaton, « Farid de la Morlette » ne s'attendait sans doute pas à avoir les honneurs des journaux télévisés du week-end, ainsi que du tribunal de Marseille. Il sera cependant jugé lundi après-midi en comparution immédiate pour actes de cruauté envers un animal, et risque en théorie une peine maximale de deux ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende.
Rappel des faits ? Le 22 janvier, ce jeune marseillais de 24 ans poste sur son compte Facebook une vidéo dans laquelle on le voit, souriant, lancer en l'air ou dans des buissons Oscar, un chaton perdu. Visible par des tiers, la vidéo a rapidement circulé hors du cercle de ses contacts, suscitant sans surprise l'indignation de la plupart des commentateurs.
Rapidement, plusieurs internautes appellent à ce que la vidéo concernée soit signalée, à Facebook ou aux forces de police, pendant que d'autres se livrent à quelques recherches sur l'identité réelle de celui qui se fait appeler Farid de la Morlette, en référence au quartier marseillais de la Maurelette. Dès jeudi, on pouvait aisément trouver via des commentaires postés sur Facebook ses nom, adresse et numéro de téléphone, largement relayés.
Vendredi, la police nationale annonce via ses différents réseaux sociaux avoir arrêté le jeune homme. « Suite à une forte mobilisation sur internet et aux signalements des vidéos à la plateforme Pharos, les enquêteurs de Marseille (13) ont pu identifier l'auteur présumé des actes », annonce-t-elle sur Facebook. Oscar, le chaton, a quant à lui été confié aux bons soins de la SPA de Marseille, où il sera soigné avant de retrouver son propriétaire.
Ce dénouement n'a toutefois pas enrayé la vindicte des internautes - qu'alimentent sans surprise certaines formes de récupération politique (voir par exemple la communication de certains représentants du Front National), comme en témoignent les dizaines de groupes Facebook en rapport avec cette affaire, ou la pétition appelant Manuel Valls et Christiane Taubira (respectivement ministres de l'Intérieur et de la Justice) à la plus grande fermeté, laquelle a recueilli plus de 250 000 signatures en cinq jours. La police nationale et la SPA appellent quant à elles à « l'apaisement ».
Qu'il s'agisse de cruauté envers les animaux ou d'autres formes de délits, il existe de nombreux précédents qui illustrent comment une vidéo mise en ligne peut conduire à l'arrestation de ses protagonistes. L'anglaise Mary Bale, par exemple, a été condamnée en octobre 2010 à une amende de quelque 300 euros, après qu'une vidéo la montrant jeter un chat dans une poubelle eut fait le tour du monde. Dans un autre registre, on se souviendra également des chauffards condamnés sur la base des vidéos illustrant leurs exploits sur YouTube.
Mise à jour, 16h20 : l'auteur de ces cruautés a été condamné lundi après-midi à un an de prison ferme, conformément aux réquisitions du procureur.