Elles sont utilisées par des milliers de personnes, notamment pour connaître les sujets les plus en vogue. Mais les Néo-Zélandais devront se passer des alertes de Google Trends durant quelques temps. Suite à un faux pas et à un face-à-face du géant américain avec les grands élus, le service est suspendu dans le pays.
Cette suspension fait suite à la diffusion publique, via les mails automatiques générés par Google Trends, du nom d'un individu suspecté de meurtre.
Un nom rendu public
Reprenons les faits dans l'ordre chronologique. Le 2 décembre dernier, Grace Millane, une étudiante britannique en vacances à Auckland, est enlevée et assassinée. Six jours plus tard, un homme de 26 ans est interpellé : il est considéré comme le principal suspect. L'affaire avait fait grand bruit sur la scène internationale.Cela explique peut-être qu'elle ait été mentionnée dans les e-mails générés automatiquement, et envoyés par Google Trends à des milliers d'internautes. Mais alors que la justice néo-zélandaise avait accordé un droit à l'anonymat au suspect, les e-mails reçus précisaient son identité.
S'en est suivi, pendant des mois, un bras de fer entre Google et les pouvoirs publics néo-zélandais. Andrew Little, le ministre de la justice, a rendu public un message de Google, qualifiant simplement l'incident de « relativement unique, dans une affaire très médiatisée [...] abondamment traitée par la presse étrangère ». Le géant américain reconnait une erreur, mais n'apporte aucune modification à son service. Selon lui, moins de 200 utilisateurs auraient reçu l'e-mail indiscret.
Google fait un pas en arrière
Pour Andrew Litttle, cette déclaration revient à « faire un doigt d'honneur à la justice néo-zélandaise et à la famille de Grace Millane », menaçant de faire pression sur le géant américain, par des accords internationaux ou pour la voie de la justice.En réponse, Google a donc suspendu le service Google Trends, reconnaissant une mauvaise communication et qualifiant le débat de « malentendu ». « Nous comprenons le droit à un procès équitable, et reconnaissons qu'il s'agit là d'un élément fondamental du système judiciaire. Nous comprenons qu'il y ait une sensibilité autour de cet incident, et nous avons suspendu les e-mails de Google Trends en Nouvelle-Zélande ». Andrew Little a alors qualifié cette décision de « bienvenue ».
Aucune date de rétablissement du service d'alertes n'a été communiquée pour la Nouvelle-Zélande. La situation entre le pays et le vaste Internet devient plus tendue, en particulier depuis l'attaque terroriste de Christchurch. En mars dernier, un suprémaciste blanc a fait 51 morts, et a filmé son acte pour le diffuser sur les réseaux sociaux. Une semaine plus tard, la première ministre Jacinda Ardern a reçu des menaces de mort par ces mêmes réseaux. L'élue a rencontré le Président Emmanuel Macron en mai, ce qui a abouti à un engagement pour le contrôle des « contenus en ligne terroristes ou extrémistes violents ».
Cela dit, Andrew Little souhaite rester ouvert aux géants des réseaux : « Je continue de chercher des engagements constructifs avec Google et les autres multinationales de la high-tech, pour des solutions à long terme », dit-il.
Source : 9to5Google