L'incubateur idealab lance une nouvelle start-up baptisée TweetUp. Son but : appliquer le même modèle qu'Adsense aux flux d'informations Twitter, pour monétiser le service. Derrière idealab, il y a Bill Gross, fondateur d'Overture Services. Cette entreprise, rachetée par Yahoo! en 2003, s'appelait avant GoTo.com, et était le premier service effectif de liens sponsorisés. Donc de la publicité en ligne telle qu'on la connait aujourd'hui.
TweetUp va donc permettre aux utilisateurs de Twitter d'enchérir sur des mots-clés, pour que leurs messages apparaissent en premier dans les résultats d'une recherche. Le service offrira également un classement des twitts en fonction de leur popularité. Celle-ci sera calculée en fonction du nombre de retweets (le nombre de fois qu'un message a été republié par l'auditoire d'un utilisateur), et du nombre de clics sur les liens qu'un message contient. C'est l'entreprise Klout qui fournira les données pour l'algorithme de classement, et Bit.ly, un raccourcisseur d'URL, qui fournira les taux de clics sur les liens.
Bill Gross annonce qu'il a déjà signé plusieurs accords commerciaux avec des services tiers de Twitter, comme Seesmic, TwitterFeed, et Twidroid, pour que la méthode de classement de TweetUp soit utilisée sur ces outils. Le site Twitter.com ne serait donc pas concerné directement, en tous cas pas tant qu'un accord éventuel n'a pas été établi. Autres partenariats : une barre de recherche devrait apparaître sur des sites Internet, comme BusinessInsider.com et Answers.com. Selon Bill Gross, les revenus générés seront répartis avec tous les partenaires.
Le but - outre la monétisation du service - est de trier les messages lors d'une requête sur un mot-clé. Des milliers de messages apparaissent généralement, avec une mise à jour en temps réel parfois difficile à suivre. Chez TweetUp, « on trouve que Twitter est incroyablement puissant, mais qu'il est incroyablement compliqué de trouver les twitts intéressant au milieu du bruit ambiant. » TweetUp a levé 3,5 millions de dollars via un groupe d'investisseurs, dont Index Ventures, et Revolution, le fonds de l'ancien président d'AOL Time Warner, Steve Chase. C'est la personnalité de Bill Gross lui-même, et son rôle dans le développement d'outils de monétisation avec GoTo.com, qui aurait convaincu Steve Chase : « TweetUp est à Twitter ce que Google est au web », précise-t-il.
Techniquement, Bill Gross explique son service par « la possibilité d'enchérir sur des mots-clés, comme iPad ou énergie solaire, pour propulser leur profil Twitter ou leurs posts en haut des classements TweetUp. » Les enchères débutent à 1 centime de dollar, et les gens devront payer à chaque fois que leur profil ou leur post apparaissent dans une recherche. Bill Gross estime qu'à terme, « toute personne qui voudra se constituer une audience paiera. » L'entrepreneur explique qu'il a eu l'idée au cours de la Conférence de Copenhague, et l'a concrétisée après les conférences TED en février : après avoir lu 10 000 twitts sur le sujet, il s'est rendu compte que « seuls 200 à 300 étaient intéressants. J'ai pensé qu'il serait bien de pouvoir filtrer le contenu pour les faire ressortir du lot. » Il a conclu ses premiers accords commerciaux à cette même conférence.
Reste à voir ce que fera Twitter. Le service de micro-blogging cherche une voie de monétisation depuis longtemps, et pourrait réagir rapidement à l'annonce de TweetUp. Car le service de Bill Gross pourrait couper l'herbe sous le pied de Twitter, en ne favorisant pas forcément l'utilisateur final. Plusieurs questions restent en suspens : quelle sera la place des twitts sélectionnés par l'algorithme pour leur pertinence face à ceux monétisés ? Si un système comme celui de Google est utilisé (résultats sponsorisés indiqués avant les résultats classés par l'algorithme, et clairement identifiés comme sponsorisés), n'y a-t-il pas le risque que les utilisateurs ne les lisent même pas ? Bill Gross n'a pas encore apporté de précisions sur ces points. Twitter pourrait donc choisir de lancer son propre système de monétisation plutôt que de partager avec TweetUp et ses partenaires. Cette piste est appuyée par la récente stratégie de déploiment de clients officiels sur les smartphones, au détriment des clients tiers privilégiés par TweetUp.