L'ancien chef de la sécurité de Twitter a remis des documents brûlants sur son ancien employeur à la Security and Exchange Commission.
Celui-ci, Peiter Zatko, licencié il y a quelques mois, a accusé le réseau à l'oiseau bleu de mentir à ses actionnaires sur plusieurs sujets clés. Les critiques concernent notamment l'accès beaucoup trop souple aux informations personnelles des utilisateurs accordé aux employés ainsi que le manque de volonté de l'entreprise pour lutter contre les bots.
Les accusations de Zatko à l'encontre de Twitter
Les documents remis à la SEC recensent de nombreuses mauvaises pratiques, mais les plus marquantes d'entre elles sont sûrement les suivantes :
- Le manque de volonté de la direction de lutter contre la prolifération de bots : contrairement à ses annonces publiques, Twitter fait en réalité très peu pour limiter le nombre de bots présents sur sa plateforme. Entre les problèmes de désinformation que cela implique, particulièrement visibles à chaque élection, et les chiffres d'utilisateurs gonflés que cela permet d'afficher, le site de microblogging semble avoir fait son choix.
- L'accès aux informations personnelles des utilisateurs : Zatko explique que près de la moitié des 7 000 salariés de l'entreprise ont accès à toutes les données personnelles de ses utilisateurs, le plus souvent sans aucun contrôle. L'impossibilité de surveiller l'utilisation que ceux-ci en font a d'ailleurs été démontrée récemment, lorsqu'un ancien employé a été condamné aux États-Unis pour des faits d'espionnage au profit de l'Arabie saoudite.
- L'introduction d'agents du gouvernement dans son organigramme : le lanceur d'alerte accuse le gouvernement indien d'avoir forcé Twitter à intégrer certains de ses agents dans l'entreprise. Ces derniers ont donc accès à des informations confidentielles, notamment à propos d'opposants politiques.
Les conséquences de ces révélations
Un porte-parole de l'entreprise américaine a répondu à ces accusations. Pour lui, l'ancien directeur de la sécurité fait dans le sensationnalisme et ne présente qu'une partie de la vérité. Il accuse également Zatko de se venger après avoir été licencié pour ses mauvaises performances (l'intéressé prétend que c'est à cause des critiques formulées). Enfin, le porte-parole fait remarquer que le lanceur d'alerte sort de l'ombre justement à un moment où Twitter est sous les projecteurs après le feuilleton du rachat possible par Elon Musk. Ce dernier suit d'ailleurs avec attention toutes ces révélations.
En effet, l'une des principales raisons évoquées par l'équipe juridique du P.-D.G. de Tesla pour son abandon du rachat est le nombre, selon eux très sous-évalué par Twitter, de bots présents sur la plateforme. Si les avocats de Musk parviennent à en obtenir la preuve, notamment grâce à Zatko, l'homme d'affaires pourrait récupérer une partie de la somme engagée.
Par ailleurs, d'autres révélations, notamment sur les failles de sécurité connues et non corrigées depuis des années, pourraient valoir de lourdes amendes à la plateforme si elles se révélaient vraies.