Le Financial Times (contenu payant) explique que Twitter a procédé au blocage du compte « Besseres Hannover », littéralement « Un Hanovre meilleur », après une requête des autorités allemandes. Ces dernières demandaient sa suppression pure et simple, comme le révèle un document publié par Chilling Effects. Le site explique que le groupe Besseres Hannover, qui serait une organisation néo-nazie, a été dissout en Allemagne. « Ses biens ont été saisis et tous ses comptes de réseaux sociaux doivent être fermés immédiatement » explique le fichier, qui ajoute qu'une enquête est actuellement en cours pour « association de malfaiteurs. »
Mais la plateforme de microblogging, plutôt que de supprimer le compte en question, a, pour la première fois, privilégié une censure localisée à l'Allemagne. Le compte est toujours accessible depuis les autres pays, dont la France.
En Allemagne, il est interdit depuis une dizaine d'années de diffuser des informations sur les idéologies néo-nazies sur Internet : il est possible pour les autorités de bloquer l'accès à des pages de ce type. Du côté de Twitter, c'est dans un billet de blog datant de janvier 2012 que le service a expliqué disposer de la possibilité de bloquer du contenu localement : l'Allemagne et la France sont d'ailleurs clairement cités comme des pays « interdisant le contenu pro-nazi » et donc, disposant de la possibilité de demander un blocage local de compte. Jusqu'à ce jour, le service n'avait jamais réalisé cette démarche.
Ce blocage de compte néo-nazi en Allemagne intervient quelques jours seulement après une polémique survenue sur Twitter en France : dimanche soir, la diffusion du film La Rafle sur TF1 a entraîné la naissance du hashtag #unbonjuif, utilisé par certains internautes pour véhiculer des idées antisémites. Plusieurs associations, dont SOS Racisme et l'Union des étudiants juifs de France, ont rapidement annoncé leur intention de déposer plainte contre « les propriétaires des comptes Twitter à partir desquels ont été diffusés les propos antisémites ». « Twitter, en tant que personne morale, (prend) la mesure de la responsabilité qui est la sienne dans le cas de tels dérapages racistes et antisémites » a ajouté SOS Racisme dans un communiqué.
Une situation ayant entrainé une réaction de la garde des Sceaux Christiane Taubira, qui déclarait mercredi dans un communiqué que « Le canal virtuel ne rend pas moins réels les actes dont se rendent coupables ceux qui les commettent et dont les tribunaux peuvent connaître » : les auteurs de propos antisémites sur le réseau social pourront donc être poursuivis en justice. De son côté, Twitter n'a pas fait de déclaration sur le sujet.