Quid des mécanismes d'influences sur les réseaux sociaux ? En publiant une archive de 10 millions de tweets provenant de faux comptes russes et iraniens, Twitter compte apporter aux chercheurs et aux journalistes une large ressource afin d'enquêter sur les mécanismes d'influence à l'œuvre sur son réseau.
Des « usines à trolls » au service de la propagande
C'est par le biais d'un billet de blog que nous apprenons que Twitter, le réseau social aux 335 millions d'utilisateurs mensuels, a rendu publique mercredi matin une archive comprenant 10 millions de tweets.Cette impressionnante publication contient les tweets de 3841 comptés liés à l'Internet research Agency (IRA), qui serait selon le New York Times Magazine, une organisation russe proche du Kremlin ayant pour but de diffuser de la propagande sur Internet. Cette « usine à trolls » serait à l'origine de plus de 9 millions de tweets sur la plateforme. L'archive contient également les tweets de 770 autres comptes, probablement proches du régime iranien et responsable du million de tweets restant.
À l'heure actuelle tous ces comptes ont d'ores et déjà été supprimés du réseau social, ils ont été actifs entre 2013 et 2018 et auraient, pour un grand nombre d'entre eux, permis de mener des campagnes d'ingérence politique aux États-Unis, particulièrement pendant la période électorale de 2016 qui a vu Donald Trump accéder à la Maison-Blanche.
Une importante base de données pour les chercheurs
Avant la publication officielle, le Laboratoire de recherche en criminalistique numérique (DFRLab) a eu l'occasion de trier l'ensemble des données afin d'en faire ressortir les principales stratégies utilisées par ces « fermes à trolls ». Les résultats de leur recherche sont disponibles ici.Le billet de blog publié hier par Twitter explique parfaitement la situation :
« Il est clair que les opérations d'information et les comportements inauthentiques coordonnés ne cesseront pas. Ces types de tactiques existent depuis bien plus longtemps que Twitter : ils s'adapteront et changeront à mesure que le terrain géopolitique évoluera dans le monde et que de nouvelles technologies apparaîtront » et d'ajouter : « Pour notre part, nous nous sommes engagés à comprendre comment les acteurs de mauvaise foi utilisent nos services ».
Bien que Twitter eût déjà rendu publiques certaines informations concernant ces usines à trolls, la publication de cette archive comprend des informations complètes et bien plus détaillées qui devraient permettre de mener des recherches ainsi que des enquêtes universitaires indépendantes afin de mieux comprendre les mécanismes d'influences sur les réseaux sociaux.