Et si Twitter permettait d'anticiper les inondations plus efficacement que les marégraphes ?

Benoît Théry
Publié le 12 février 2020 à 11h48
Inondation
© Pixabay

D'après une étude publiée dans la revue Nature Communications, il faut s'attendre à ce que, dans certaines régions, les inondations côtières se fassent de plus en plus fréquentes. Les scientifiques se tournent cependant vers un outil inattendu pour mieux anticiper ce phénomène : Twitter.

En analysant les tweets postés par les habitants de régions littorales, les chercheurs espèrent pouvoir réagir plus efficacement qu'avec les marégraphes actuels.


Des inondations difficiles à prévoir

L'étude, montrant une augmentation de la fréquence des inondations, s'est concentrée sur le niveaux des eaux relevés le long de la côte est des Etats-Unis et du golfe du Mexique. Les données recueillies ont mis au jour le fait que dans 22 comtés américains (incluant notamment Miami, New-York et Boston), il était possible d'être inondé, même lorsque le niveau de l'eau était inférieur à ce que les mesures officielles considèrent comme une inondation. Dans son rapport, Frances C. Moore, de l'université de Californie, explique que « nos analyses indiquent que de grandes populations pourraient être exposées à des inondations non identifiées avec les mesures officielles ».

L'équipe de chercheurs précise : « L'étendue des inondations peut être très variable dans une petite zone géographique, en fonction de la topographie locale ». CNBC explique ainsi qu'il est d'autant plus difficile de prédire les inondations avec précision sur les 3 700 miles (près de 6 000 kilomètres) de la côte est, qui ne compte que 132 stations marégraphiques.

5 millions de tweets pour redéfinir les standards

Les chercheurs se sont donc tournés vers Twitter, et ont analysé 5 millions de tweets postés entre mars 2014 et novembre 2016. Le point commun de tous ces tweets est de mentionner des termes relatifs aux inondations dans une région proche du littoral. Les chercheurs ont ainsi constaté que les phénomènes observés par les résidents à l'échelle locale se produisaient à une hauteur différente de celle retenue par les standards officiels.

Dans une interview à The Verge, Frances Moore a ainsi déclaré : « Ce que nous obtenons, c'est une capacité à déterminer quelque chose sur de vastes ensembles géographiques, tout en conservant une sorte de "réalisme local", dans le sens où nous regroupons des informations issues de zones localisées ». Elle ajoute : « Il y a certainement des cas où le ressenti local est très différent de ce que montrent les indicateurs de crue ».

La chercheuse souligne cependant que « tout le monde n'est pas sur Twitter », rappelant que l'étude présente quelques limites. L'outil pourrait tout de même avoir un réel intérêt face à des inondations qui sont plus fréquentes, mais également moins mortelles. Ces montées des eaux étant plus gênantes que dangereuses, elles ne sont pas systématiquement enregistrées.

Ce n'est pas la première fois que les réseaux sociaux intéressent les scientifiques dans la surveillance de phénomènes naturels. En 2016, un rapport mettait en avant l'intérêt de Twitter face aux dommages causés par des tremblements de terre. À terme, les données issues de ce réseau social pourraient redéfinir les niveaux d'alertes de crues dans certaines régions et aider à anticiper les montées des eaux.

Source : CNBC et The Verge
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