D'aucuns trouveront sans doute paradoxal que, quelques semaines seulement après avoir décidé de modifier la configuration du clavier AZERTY sous prétexte qu'il ne serait pas « assez français », le gouvernement se décide à appliquer une réforme de l'orthographe votée par l'Académie française en 1990. Si ce timing aux petits oignons - ou ognons, donc - n'est pas ce qui sensibilise le plus le Web français aujourd'hui, voir le hashtag #ReformeOrthographe en tête des tendances de Twitter a quelque chose de presque émouvant.
Parmi les utilisateurs de ce mot-dièse, il y a ceux qui râlent, ceux qui s'amusent, et ceux qui y vont un peu des deux. Ce qui est certain, c'est que la perspective de voir des mots reliés par des traits d'union se souder - bonjour le weekend, le millepattes ou encore le portemonnaie - de pouvoir écrire ognon ou nénufar, ou encore de pouvoir esquiver l'accent circonflexe, ça ne laisse personne indifférent.
#JeSuisCirconflexe
C'est paradoxalement sur Twitter, où la limite de 140 caractères nécessite assez souvent d'écorcher la langue française pour s'exprimer, qu'on trouve les plus vives réactions. Outre le hashtag #ReformeOrthographe, on trouve également #JeSuisCirconflexe, #JeSuisNenuphar ou #JeSuisOignon, qui rassemblent globalement des internautes réfractaires à ces changements.Le seul fait de lire le mot "ognon" suffira à nous faire pleurer maintenant. #JeSuisCirconflexe
— Léa Héloin (@Lea_Hln) 4 Février 2016
Même l'académie française a abandonné. Défaite totale de la pensée. Nabilla bat Finkie par KO. #JeSuisCirconflexe
— Jonathan Stellon (@j_stellon) 4 Février 2016
Insupportable cette #ReformeOrthographe ! #JeSuisCirconflexe #JeSuisOignon #JeSuisNenuphar
— Morgan TRAMHEL (@MorganTRAMHEL) 4 Février 2016
Une bonne dose d'humour
Mais si la réforme révolte beaucoup d'internautes francophones, elle en inspire également beaucoup d'autres de manière humoristique. Cela ne veut pas dire qu'on ne trouve pas, bien souvent, un fond critique dans les réflexions. Il y a en tout cas matière à sourire quand les twittos mettent en avant les risques de la disparition de l'accent circonflexe !«Aujourd'hui j'ai discuté avec un colon»👨🏻
— Patourose (@Patourose) 4 Février 2016
N'a pas le même sens que:
«Aujourd'hui j'ai discuté avec un côlon»💩
#JeSuisCirconflexe ^^
En mémoire de ta grâce et pour que tu sois sûr qu'on t'aime plus qu'il n'y paraît #JeSuisCirconflexe pic.twitter.com/UiCGbzAvMc
— Alexis Breut (@LinksTheSun) 4 Février 2016
Ne pas confondre un homme mûr, et un homme mur. #JeSuisCirconflexe pic.twitter.com/dR1oMBepFj
— Bart (@PhoenixBart) 4 Février 2016
faudra quand même trouver des solutions sur certains points... #reformeorthographe pic.twitter.com/xxKzpvGxY0
— adaptation mag (@adaptationcrew) 4 Février 2016
Non mais imaginons:
— Mariannanas (@Marianne_Jung) 4 Février 2016
"Je suis sûre ta soeur elle va bien" et "je suis sur ta soeur elle va bien"
C'est pas pareil.#JeSuisCirconflexe
Sur Facebook, outre les statuts qui dérapent en disputes ou en échanges décalés, on trouve notamment des détournements du logo « Je suis Charlie » en hommage aux sacrifiés de la langue française. Des parodies qui ne manquent d'ailleurs pas de faire réagir par rapport à l'origine de l'image détournée.
Faut-il en rire ou en pleurer ?
Comme tout changement, cette réforme divise, mais à raison ou à tort ? Si 2 400 mots de la langue française vont bien évoluer, cela ne signifie pas que l'ancienne orthographe de ces mots va être interdite. La réforme va principalement s'appliquer aux manuels scolaires, et l'accent circonflexe ne fait pas ses adieux à la langue française, tout comme personne ne sera puni s'il continue d'écrire nénuphar - un mot qu'on n'utilise clairement pas assez souvent. « Aucune des deux graphies ne peut être tenue pour fautive. L'orthographe actuelle reste d'usage, et les recommandations du Conseil supérieur de la langue française ne portent que sur des mots qui pourront être écrits de manière différente sans constituer des incorrections ni être considérés comme des fautes » souligne l'Académie française.A lire également :