Clubic liste pour vous les 4 bonnes raisons de vous engager vous aussi, simple internaute, dans la défense d'un principe sans lequel Internet ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui, à savoir, imparfait, mais aussi libre ! (du moins par chez nous, et pour le moment...)
Pas de Net libre sans neutralité
Tout le monde doit-il avoir les mêmes droits sur Internet ? A cette question, les inventeurs du « réseau des réseaux » comme aurait dit Jack Lang, ont d'emblée répondu : OUI. Et on peut dire que s'ils n'avaient pas placé cette idée de la neutralité des réseaux au cœur de leur concept, sans doute ne se serait-il pas imposé dans le monde entier. Qu'est-ce que la neutralité du Net ? C'est le principe qui dit que si l'architecture physique du Net (les tuyaux) appartient bien à des opérateurs privés ou des entreprises publiques, l'architecture « logique », elle, c'est-à-dire le transport des paquets de données sur les réseaux, doit demeurer un bien public, absolument accessible à tous, sans discrimination ni contrôle d'aucune autorité centralisée. Autrement dit, que vous soyez une multinationale, un gouvernement ou un simple blogueur amateur de recettes de cuisine, vous n'avez pas plus de priorité sur le réseau que les autres.C'est la première grande raison qui devrait pousser tous les internautes à défendre la neutralité du Net : sans elle, la grande foire qu'est le Net, son immense bouillonnement, le fait qu'on y trouve à peu près tout ce que l'Humanité est en mesure de produire de bon comme de mauvais, n'existerait sans doute pas. Et ce n'est en aucun cas un bien définitivement acquis : la mobilisation du 12 juillet est là pour nous rappeler qu'une vigilance de tous les instants s'impose face à la pression croissante des fournisseurs d'accès à Internet sur les autorités de régulation, aux Etats-Unis, mais pas seulement : en France aussi, la menace plane...
Pression très forte des FAI pour gérer la bande passante
Qui se souvient des mots d'Olivier Schrameck qui déclarait en juillet 2014, « Il faut en finir avec la conception absolutiste de la neutralité du Net. » ? A l'époque, le président du CSA pensait bien faire, en proposant de fermer le robinet pour contrer l'arrivée redoutée de Netflix en France, dont on disait qu'il allait balayer nos producteurs nationaux de contenus comme Canal+ ou TF1. C'est la raison n°2 pour défendre la neutralité du Net : vous trouverez toujours quelqu'un pour la remettre en cause. Nos FAI ont toujours milité pour qu'on leur donne le pouvoir de hiérarchiser les priorités dans la gestion du trafic Internet : il est vrai que la VOD a la fâcheuse tendance de dévorer la bande passante. Il conviendrait donc de pouvoir ralentir certains usages.Mais on commence à se méfier quand on se souvient de certaines histoires : celle, par exemple de Netflix (encore lui) qui, en 2014, a dû payer le câblo-opérateur Comcast pour que ses contenus ne soient pas ralentis sur son réseau ! Les prétendues pratiques raisonnables de gestion du réseau dissimulent parfois des stratégies commerciales qui confinent au racket... C'est la troisième bonne raison de défendre la neutralité du Net : les FAI rêvent de pouvoir diviser le trafic internet en voies rapides et voies lentes. Les acteurs du web redoutent cette « slow lane » dont on ne sortirait qu'en payant une sorte de péage. Aux Etats-Unis, le spectre d'un Net à vitesse variable a ressurgi avec la nomination à la tête du régulateur des télécoms US, la FCC, d'Ajit Pai : choisi par Donald Trump, cet ancien conseiller de l'opérateur Verizon considère la neutralité du Net comme une « erreur ». Selon lui, l'accès technique égal pour tous au web entrave le développement des infrastructures pour assurer l'augmentation du trafic.
En leur permettant de gagner de l'argent auprès des fournisseurs de contenus prêts à payer plus pour davantage de débit, les opérateurs auraient les ressources, toujours selon Ajit Pai, pour assurer le développement des zones rurales et des foyers les plus pauvres. Interdit de rire, surtout à l'heure des grandes manœuvres pour rapprocher les FAI des diffuseurs de contenus (c'est par exemple la stratégie en France d'Altice pour SFR) : la tentation serait grande de privilégier les contenus maison... C'est au final la quatrième raison de défendre la neutralité du Net : sans elle, à quoi ressemblerait la liberté d'expression sur la Toile ? Un vain mot sans doute. Un message ne se propage que s'il a autant de chance que les autres d'être lu. Sur un web discriminé, quelles seraient les chances du blog de notre amateur de cuisine face à une multinationale ? Alors, à vous de choisir votre camp !