Netflix verse une nouvelle fois dans le genre horrifique avec Archive 81, sa dernière série adaptée d'un podcast américain. Cette première saison, sortie de nul part, a-t-elle réussi à nous faire trembler ? Pas vraiment…
- Vous aimez les histoires mystérieuses
- Vous êtes intéressés par l'occulte
- Vous appréciez les récits qui prennent leur temps
- Vous aimez l'épouvante et l'horreur
- Vous attendez d'être secoués
- Vous n'êtes pas fans des œuvres à la Conjuring
Accompagnez la lecture de cet article avec la musique de la série :
Fiche technique Archive 81
Titre original | Archive 81 |
Genre | Fantastique, Horreur, Mystère |
Réalisation | Rebecca Sonnenshine |
Editeur | Atomic Monster Productions, Sonnenshine Productions |
Plateforme | Netflix |
Nombre de saisons | 1 |
Nombre d'épisodes (Total) | 8 |
Classification | Déconseillé / interdit aux moins de 16 ans |
De l'horreur à la chaîne
Dan Turner, qui travaille à la restauration d'images anciennes, est contacté par une multinationale afin de récupérer les vidéos de Melody Pendras, jeune étudiante disparue dans l'incendie du Visser, un vieil immeuble new-yorkais, en 1994. Au fur et à mesure, Dan va se rendre compte que Melody a mis au jour une mystérieuse secte et leurs sombres desseins.
Succès surprise de ce début d'année, Archive 81 n'avait pourtant pas bénéficié de la promotion démesurée à laquelle Netflix a pu nous habituer pour certains de ses plus gros blockbusters.
L'algorithme et le bouche à oreille ont fonctionné à plein régime pour faire de cette série, notamment produite par James Wan, le réalisateur des très efficaces The Conjuring ou Insidious, le nouveau petit phénomène de la plateforme américaine.
Nous étions logiquement intrigués à l'idée de découvrir ce que le prodige du cinéma d'épouvante contemporain avait à proposer… Hélas, mille fois hélas, si les ingrédients sont présents pour frissonner joyeusement au fond de son canapé, la mayonnaise ne prend jamais vraiment et montre vite ses limites au fil des huit épisodes que compte cette première saison.
Talent, es-tu là ? Si tu es là, frappes trois fois…
Les intentions de la production, qui cherche à créer un sentiment de malaise et d'effroi sans se reposer sur des jump scares faciles ou des effets de manche, sont louables, pourtant Archive 81 souffre d'une mise en scène aussi fade qu'inintéressante.
En premier lieu l'argument des cassettes retrouvées est purement factice. Le récit nous fait croire au départ que nous observerons le point de vue de Melody à travers ses images et le genre du found-footage a montré qu'il est imparable pour terrifier le spectateur avec très peu de moyens. Pour preuve, on se souvient bien sûr de la réelle efficacité de films comme Le Projet Blair Witch ou Paranormal Activity pour terrifier les spectateurs et les faire se cramponner à leurs accoudoirs.
Seulement, après quelques images filmées à l'arrache par notre protagoniste, le récit bascule vers une mise en scène scolaire, où s'enchaînent de manière presque automatique plans d'exposition, plans moyens et gros plans. L'immeuble du Visser, où se déroule la quasi totalité de l'intrigue, n'est finalement jamais étouffant ni angoissant, la caméra n'en faisant rien de plus qu'un simple bâtiment délabré.
Esthétiquement, la photographie n'aide en rien, se contentant d'appliquer à l'image une teinte marronnasse désaturée, très à la mode depuis une décennie mais qui n'apporte aucune personnalité à la série. Et c'est sans parler de la reconstitution historique, inexistante tant au niveau des décors que des costumes et coiffures, à tel point qu'il faut régulièrement nous rappeler qu'une partie du récit se déroule dans les années 90.
« Archive 81 ne cherche jamais à faire preuve de créativité et se suit sans entrain… mais sans déplaisir non plus »
Ce manque sérieux de créativité déteint également sur l'intrigue de Dan, qui analyse les images dans un bunker en béton totalement générique et jamais servi par quelques cadrages un tant soit peu composés. Seule une lumière bleutée (et toujours aussi terne) vient évoquer le changement de lieu et d'époque.
Bref, visuellement parlant, on s'ennuie très vite devant Archive 81 qui se fond avec paresse dans les codes esthétiques de l'horreur des années 2010, sans doute pour ne pas faire fuir le grand public.
Du sang et du culte
Heureusement, Archive 81 a un atout de taille dans sa manche : son scénario. La série, dans une lenteur revendiquée et après une mise en place sur trois épisodes un peu longuette à notre goût, repose notamment sur un réel sens du rythme pour réussir toujours à distiller un élément mystérieux ou une information capitale au moment exact où notre intérêt pourrait commencer à faiblir dangereusement.
Il faudra néanmoins être tolérant sur bien des incohérences, notamment à propos des images filmées par Melody. Afin que Dan ait accès aux mêmes informations que le spectateur, la jeune femme se balade constamment caméra vidéo à la main, dans des situations toujours plus absurdes qui n'ont pas d'autre intérêt que de justifier le dispositif.
Le personnage de Dan n'est pas épargné par ces facilités narratives et quand il n'obtient pas d'informations absentes des VHS de Melody, il tombe comme par hasard sur les bons éléments nécessaires à l'avancée du scénario. Plus c'est gros, plus ça passe…
Le diable se cache dans les détails
Malgré ses nombreux défauts, nous sommes allés au bout de cette première saison sans rechigner. Les révélations récompenses de chaque fin d'épisode nous ont bien sûr pousser à continuer, donner envie de comprendre les motivations de cette secte et surtout de connaître le destin de ces personnages.
Archive 81 n'a certes rien d'original pour les amateurs des films Conjuring, elle recycle les éléments qui ont fait le succès de la saga, à savoir religion, occulte et possessions démoniaques, mais fait montre d'un réel savoir-faire dans l'exercice, qui culmine à la fin de l'épisode 4, probablement le plus réussi de tous.
Le reste de la saison se suit sans entrain mais sans déplaisir non plus jusqu'à une dernière séquence qui libère enfin les chevaux et propose une mise en images un peu plus inspirée visuellement. Cette ultime scène, bien plus que son dénouement un peu faiblard, laisse espérer une deuxième saison nettement plus ambitieuse et qui verse enfin à pieds joints dans l'horreur.
Archive 81 est une série accrocheuse par son récit et qui, malgré un rythme lent, sait distiller assez d'informations pour vous convaincre de lancer l'épisode suivant. On regrette alors une réalisation fainéante et un manque criant d'inspiration qui font de cette série un produit sympathique et inoffensif, à défaut d'être une œuvre réellement terrifiante.
- Vous aimez les histoires mystérieuses
- Vous êtes intéressés par l'occulte
- Vous appréciez les récits qui prennent leur temps
- Vous aimez l'épouvante et l'horreur
- Vous attendez d'être secoués
- Vous n'êtes pas fans des œuvres à la Conjuring
Archive 81 est disponible depuis le 14 janvier 2022 sur Netflix.
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