Des arbres qui émettent leur propre lumière en zone urbaine pour éclairer les rues ? Cela sonne un peu comme de la SF, mais c'est bien l'idée de Woodlight, une start-up fondée par deux biologistes. Pas de sorcellerie derrière cette idée, mais l'exploitation du principe de bioluminescence.
Lorsqu'on parle d'urbanisme, l'éclairage public est une question épineuse. Coûteux en énergie, questions sur la durabilité et sur le respect de l'esthétique de certains quartiers, maintenance des équipements face au vandalisme… Pour ce qui est du coût énergétique, beaucoup de villes françaises pensaient avoir trouvé leur salut grâce à l'utilisation des LED, mais la pollution lumineuse engendrée par ces dispositifs reste problématique. Ainsi, Woodlight, une start-up strasbourgeoise fondée par Rose-Marie et Ghislain Auclair, deux biologistes, explore une autre voie : celle de la bioluminescence.
Lumière sur une innovation verte
Le 4 octobre prochain se tiendra le salon « La Deeptech voit Big », là où Woodlight pourra présenter son projet. Son idée ? Rendre certains arbres adaptés à la vie en zone urbaine bioluminescents, c’est-à-dire capables d'émettre leur propre lumière. La bioluminescence existe déjà à l'état naturel dans certains organismes.
Pour faire simple, elle est le résultat d'une réaction chimique entre une enzyme (une protéine capable de catalyser une réaction) et le substrat d'un organisme. La molécule du substrat concernée, la luciférine, vient se fixer sur la luciférase, l'enzyme, et le tout se transforme en oxyluciférine. Cette molécule formée est ainsi capable d'émettre une lumière bleu-vert. C'est rapidement résumé, mais c'est ce principe simple que Woodlight souhaite exploiter. Pour que cela fonctionne, il faut désormais que les deux biologistes parviennent à identifier les gènes qui permettent à certains organismes d'être bioluminescents pour les introduire dans un arbre.
Des arbres bioluminescents en renfort de l'éclairage urbain existant
Si le projet aboutit, l'avantage premier serait de pouvoir installer ces arbres pour qu'ils émettent de la lumière sans avoir besoin d'électricité pour maintenir leur éclairage. Ensuite, cet éclairage ne produit pas de chaleur ni de pollution lumineuse. Ce dernier point est tant un avantage qu'un inconvénient. En effet, un organisme bioluminescent ne peut pas éclairer avec autant de puissance qu'un dispositif créé par l'Homme.
C'est pour cela que Woodlight envisage plutôt que son système vienne compléter les éclairages urbains, et non les remplacer. Les applications imaginables sont tout de même intéressantes : éclairage doux dans les parcs urbains ou balisage des voies cyclables, par exemple.
Rose-Marie et Ghislain Auclair espèrent une commercialisation de leur procédé vers 2025. Il leur reste beaucoup de travail à abattre pour parvenir à identifier les gènes en question et réussir ensuite à les introduire dans des végétaux qui se plairaient sur le sol français. On demande à voir si cela aboutira, mais le projet est ambitieux et mérite d'être soutenu pour sa vision innovante.
Source : Big Media