De quoi relancer le débat sur la propreté des voitures 100 % électriques. Comme il se doit, le ministère des transports de Singapour prend en considération la production d'électricité pour calculer la pollution d'une voiture et la taxe carbone qui en découle. (Mais elle ne semble pas prendre en compte la production de carburant.)
En l'espèce, la Tesla Model S n'étant pas commercialisée à Singapour, son acquéreur l'a importée. Ce qui impose de mener des mesures d'émissions et de rendement énergétique. Testée selon les standards européens de la commission économique des nations unies, la berline a obtenu un score de 444 Wh/km. L'autorité singapourienne des transports considère que la production d'un watt heure d'électricité génère 0,5 g de CO2, et que la voiture rejette donc indirectement 222 grammes de CO2 par kilomètre. Soit le niveau d'émission mesuré par l'Ademe d'une sportive telle qu'une Porsche 911, qui consomme un peu moins de 10 L/100 km en cycle mixte. À titre de comparaison, une Renault Clio est homologuée en France à environ 3,5 L/100 km et 90 g de CO2/km.
Sur et sous-évaluations ?
L'affaire, relayée par le site internet Channel News Asia, soulève deux problématiques.Premièrement, comment expliquer un tel écart entre les 444 Wh/km mesurés par les autorités singapouriennes et les 210 Wh/km vantés par Tesla pour la P90D, la plus gourmande des Model S ?
Deuxièmement, il faut mettre en perspective la propreté de l'électricité, produite aux trois quarts à Singapour par des centrales au gaz naturel. Notre énergie nucléaire pose certes d'autres problématiques (enfouissement), mais elle rejette bien moins de 500 g de CO2 par kWh. En France, EDF assure que le taux est d'environ 80 g de CO2 par kWh.
Sollicité sur Twitter, le PDG de Tesla Elon Musk a annoncé qu'il avait discuté de l'affaire avec le premier ministre de Singapour et que ce dernier se pencherait sur la situation. On peut donc s'attendre à des suites.