Le YouTubeur néo-zélandais HeavyEyed inaugure une nouvelle série de vidéos, dédiée à l'impact environnemental (mais pas seulement) de l'industrie vidéoludique.
Un sujet éminemment actuel, qui se voit ici traité par HeavyEyed sous le prisme de la pollution plastique liée à la production de jeux vidéo physiques. N'en déplaise aux collectionneurs : acheter des jeux en boîte ne fait pas du bien à la planète. Du. Tout.
Le cas Atari
HeavyEyed admet avoir eu l'idée de cette vidéo en se remémorant une drôle d'histoire. Suite à l'échec commercial de son jeu E.T. L'extraterrestre, Atari inhume en 1983 une grande partie de son stock de 4 millions de cartouches invendues dans un désert du Nouveau-Mexique afin de bénéficier d'allègements fiscaux.Ce qui devient une légende urbaine au fil des ans n'est confirmé qu'en 2014, lorsqu'une expédition menée par le réalisateur Zak Penn met au jour une véritable décharge de cartouches Atari 2600 représentant le petit homme vert imaginé par Steven Spielberg.
Malgré les trente années passées sous terre, les cartouches (et leur packaging) demeuraient intacts, et les jeux parfaitement fonctionnels. Cette anecdote, qui pouvait prêter à sourire il y a quelques années, s'observe au travers d'un prisme bien différent aujourd'hui. Oui, Atari a délibérément enterré ses invendus, et 30 années n'ont pas suffi à la planète pour s'en débarrasser.
Alors qu'advient-il des autres jeux physiques qui ne trouvent pas preneur ?
Les boîtes de jeu difficilement recyclables
Nous sommes nombreux à regretter les petits livrets papier que nous trouvions jadis dans les boîtes de jeux vidéo. Mais saviez-vous que leur disparition avait, pour chaque tonne de manuels produits, épargné 13 arbres, l'émission de près de 2 700 kg de CO2 et l'utilisation 68 000 litres d'eau ?Un impact bénéfique pour l'environnement serait à prévoir si les jeux au format physique disparaissaient également. La raison ? Les boîtes de jeux vidéo sont produites dans un plastique connu sous le nom de polypropylène (le symbole PP 5), également très utilisé dans l'industrie agroalimentaire (pots de yaourt, barquettes alimentaires, etc.).
En 2010, plus de 2,67 milliards de kilos de polypropylène ont été produits, et moins d'un pour-cent du total a été recyclé après usage. En 2017, la demande en polypropylène pour les États-Unis uniquement dépassait les 450 millions de kilos.
Pourtant, le polypropylène est, sur le papier, facilement recyclable. Faisant partie de la famille des thermoplastiques, il peut être fondu et remodelé indéfiniment. Seulement, problème : les boîtes de jeux vidéo sont différentes selon les constructeurs en termes de densité de plastique, de couleur et de taille. Le processus de tri et de recyclage demande donc beaucoup plus de temps et d'effort... pour un produit qui, commercialement, ne vaut rien à la revente.
Certains éditeurs tentent pourtant de montrer l'exemple. Football Manager 2020 (édité par Sega), sera le premier jeu vidéo au monde à être « 100 % recyclable », a annoncé le directeur du studio Sports Interactive Miles Jacobson. Entièrement conçue à partir d'un carton recyclé, la pochette du jeu de gestion est aussi imprimée à partir d'huile végétale.
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Le numérique est-il notre salut ?
On a compris : acheter des jeux en boîte c'est mal, et ça n'apporte au final pas grand-chose au-delà de l'aspect collection. Alors quoi, il faudrait se jeter à corps perdu sur les versions numériques des jeux ?Ce n'est pas si simple, explique HeavyEyed. Si le numérique permet en effet de réduire drastiquement la pollution plastique causée par les boîtes de jeux, il repose sur des infrastructures ultra énergivores : les data centers. Infrastructures qui doivent aussi être rafraîchies, et qui consomment donc une quantité astronomique d'eau.
Au mieux, on peut considérer que la consommation de jeux vidéo au format numérique est un pis-aller. Comparativement, l'impact environnemental (gravure des disques, transport, stockage, et recyclage rendus caducs) du numérique est « moins pire ». L'inconvénient étant que numérique et physique continuent de coexister, alourdissant d'autant plus la charge de la planète en matière de pollution.
Le vidéaste recommande malgré tout de privilégier les achats dématérialisés pour satisfaire à notre fibre écologique. Encore mieux ? Acheter de seconde main afin d'éviter la surproduction et de donner une deuxième vie à des jeux qui se destinent à finir à la poubelle. Ou enterrés six pieds sous terre au Nouveau-Mexique.
Source : YouTube