Dépollution : les plantes peuvent-elles aussi servir de bio-raffinerie ?

Aymeric Pontier
Par Aymeric Pontier, Spécialiste environnement.
Publié le 19 octobre 2019 à 13h00
Industrie

Des scientifiques de l'Ineris sont parvenus à extraire des métaux à partir de végétaux mis en terre sur une ancienne zone industrielle pour la purifier. Une première !

Appartenant à l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), des chercheurs basés à Verneuil-en-Halatte dans l'Oise ont réussi à extraire des métaux à partir de végétaux plantés en 2013 sur l'ancienne zone industrielle de Montataire, dans le cadre d'un projet pilote réalisé en collaboration avec l'Ademe et l'agglomération Creil Sud Oise.

Des végétaux qui captent le zinc et le cadmium

Au début du projet, les scientifiques ont sélectionné deux types de végétaux ayant des vertus connues en matière de dépollution : l'arabette de Haller et le saule des Vanniers. Une herbacée locale et un arbre à croissance rapide qui sont prisés pour leur capacité à absorber certains métaux présents dans le sol comme le zinc et le cadmium. Les deux végétaux ont aussi été choisis en raison de leur aspect esthétique, qui contribue à estomper le caractère industriel des lieux.

Concrètement, l'arabette de Haller et le saule des Vanniers absorbent les polluants métalliques via leurs racines, puis les font remonter vers les feuilles où ils sont stockés progressivement, au fil des ans. Ce procédé, nommé « phyto-extraction », n'est pas nouveau en soi : il est utilisé depuis plusieurs décennies déjà pour dépolluer les sites industriels en réduisant les concentrations de métaux dans les sols, et éviter au passage une coûteuse excavation à coup de pelleteuses.

Récupérer les métaux pour mieux les ré-employer ?

La nouveauté ici tient dans la démonstration en laboratoire que lesdits métaux sont récupérables en récoltant et en exploitant les feuilles des végétaux, une fois gavées de zinc et de cadmium.

Ce procédé, que l'Ineris appelle le « phyto-management », permettrait de trouver une fonction inédite aux sites pollués, en y produisant une biomasse valorisable dans le secteur de la chimie verte et de la bioraffinerie, et en y développant une forme d'économie circulaire. Autre atout notable : parvenir à recycler les métaux issus de sols industriels réduirait le coût de leur dépollution et redonnerait une seconde vie économique à des terrains jusqu'ici abandonnés.

Interrogés par Le Parisien, les chercheurs précisent que le zinc extrait des végétaux a même « une efficacité supérieure à celui extrait des carrières ». Une découverte très prometteuse, sachant qu'il n'existe de nos jours qu'une seule mine de zinc opérationnelle en Europe.

Bien entendu, l'expérience doit encore être affinée avant d'envisager une quelconque production à grande échelle, afin de déterminer entre autre la meilleure méthode et la saison optimale pour la récolte des feuilles.

Source : Ineris.
Aymeric Pontier
Par Aymeric Pontier
Spécialiste environnement

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Commentaires (3)
Jacky67

Il serait intéressant de savoir combien de temps il faut avant de faire une récolte, quelle quantité on récupère, quelle quantité il reste dans le sol, etc.

xryl

Interrogés par Le Parisien, les chercheurs précisent que le zinc extrait des végétaux a même « une efficacité supérieure à celui extrait des carrières »

C’est quoi l’efficacité ? Le rendement ?

Hubert_Lambin

Le rendement est faible et il faudra des dizaines d’années (de mémoire) pour dépolluer les sols. Néanmoins, c’est ça le but premier : dépolluer. Cependant, cela fait vivre déjà, par exemple, des agriculteurs en Albanie. Comme rien ne pousse sur ces terres empoisonnées, subitement, ces terres possèdent une valeur marchande. Leur production part en France pour extraction des métaux, il me semble. Ça s’appelle de la phytomine.

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