Récemment, un ministre du gouvernement japonais a été limogé pour avoir envisagé en public un rejet de l'eau radioactive de Fukushima dans l'océan. L'idée n'est pourtant pas si folle, même si ce n'est pas la seule option étudiée, ni la plus aisée à prendre sur le plan politique...
En septembre, le ministre de l'environnement du Japon Yoshiaki Harada a évoqué l'idée de diluer dans l'océan l'eau radioactive, accumulée sur le site de la centrale de Fukushima, depuis le tsunami de mars 2011 et l'incident nucléaire induit. Une annonce qui a suscité un tel émoi international que le ministre a du quitter le gouvernement le lendemain de sa déclaration...
Mais de quelle eau radioactive parle-t-on ?
Depuis maintenant 8 ans, les cuves des réacteurs endommagés par le tsunami sont régulièrement arrosées d'eau, afin de refroidir leurs cœurs petit à petit. Cette eau s'écoule dans les sous-sols des bâtiments de la centrale, après s'être chargée de certains éléments radioactifs comme le tritium, le strontium et le césium, puis aussitôt pompée et stockée dans d'immenses réservoirs pour éviter la contamination de la nappe phréatique ou un écoulement spontané et non contrôlé dans l'océan.L'eau contaminée subit un traitement pour réduire sa radioactivité, et les radionucléides sont pour la plupart extraits puis entreposés sous forme de déchets solides. Cependant, le problème posé par le tritium reste entier, car cet élément ne peut pas être filtré de l'eau à si grande échelle.
A ce jour, au moins un million de mètres cubes d'eau tritiée sont actuellement entreposés sur le site de la centrale. 100 mètres cubes par jour viennent se rajouter au stock existant, un flux quatre fois inférieur aux niveaux de départ grâce au refroidissement des cœurs, mais toujours important. Que faire alors de toute cette eau chargée en tritium ?
Plusieurs options possibles, aucune n'est parfaite
L'eau tritiée pourrait être évaporée, mais cela causerait un risque de rejet de tritium dans l'air. Elle pourrait aussi être utilisée pour produire du béton, ce qui piégerait le tritium pendant un temps... avant sa libération dans l'air au fil des années. Ou bien être rejetée dans l'océan, la seule option ayant reçu le soutien de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) !Il faut dire qu'aujourd'hui de l'eau tritiée est déjà rejetée dans le cadre du fonctionnement normal des centrales nucléaires, diluée dans l'eau de rivière ou de mer dans le respect des seuils de risque radiologique fixés par les autorités compétentes de chaque pays. Une commission d'experts mandatés par le ministère japonais de l'Industrie a d'ailleurs conclu en 2016 qu'il ne faudrait que 7 ans et 4 mois pour se débarrasser en totalité de l'eau tritiée de Fukushima, dans le respect des seuils actuels. D'autres scientifiques préconisent un rejet étalé sur 20 ans.
Si l'aspect pratique (on le fait déjà) ou la protection de la santé publique (à condition que l'effet de dilution soit suffisant pour respecter les seuils) ne posent pas problème, l'acceptation de la population est une autre histoire. Au final, il s'agira surtout d'un choix politique (délicat). Vu le licenciement éclair de Yoshiaki Harada, ce choix semble d'autant plus incertain...
Source : France Info.