405 000 tonnes d'émission de CO2 par an. Voilà ce que générait en 2010, et uniquement au Royaume-Uni, l'organisation de concerts. Un constat alarmant qui pousse le groupe de trip hop Massive Attack à s'organiser pour l'avenir.
Massive Attack a accepté de faire office de rat de laboratoire pour l'Université de Manchester. Par l'intermédiaire de l'institut Tyndall, celle-ci travaille à la conception d'un modèle de tournées permettant aux artistes sinon d'atteindre la neutralité carbone, de réduire drastiquement leurs émissions.
Encourager les artistes à s'engager pour la planète
Engagé depuis plus de vingt ans pour l'environnement, la formation de Bristol admet qu'accorder des fonds à des associations pour planter des arbres ne suffit plus. « Le défi consiste désormais à faire non seulement des sacrifices personnels, mais également à insister sur le changement nécessaire de ce système. Le business comme nous l'avons connu est révolu », assène Robert « 3D » Del Naja (via Slate), membre de Massive Attack.Alors pour être moteur dans ce changement de modèle, le groupe de trip hop a accepté de servir de cobaye à l'institut Tyndall, auquel il fournira les données de quatre ans de tournée mondiale pour que celui-ci puisse évaluer l'impact environnemental global d'une série de concerts à travers le monde.
L'Université de Manchester espère ensuite être en mesure de mettre au point un modèle de tournées déclinable pour n'importe quel artiste soucieux de son empreinte carbone. Une initiative prônée par Massive Attack comme la seule manière de réduire les rejets de CO2 d'une industrie incapable de se mettre à l'arrêt.
« Nous avons discuté ensemble du fait d'arrêter de faire des tournées — une option importante qui mérite d'être prise en considération. Mais en réalité, l'intégralité des artistes aurait besoin d'arrêter de faire des concerts pour réduire sensiblement l'impact environnemental de la musique live. Dans une industrie qui emploie énormément et qui fait se produire des centaines d'artistes, cela n'arrivera pas. », et Robert Del Naja d'ajouter que les efforts individuels paraissent futiles. À moins que « l'industrie tout entière bouge et crée un changement systémique, il n'y a pas de réelle alternative ».
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Coldplay ne fera pas la promotion de son nouvel album
Dans l'attente d'un modèle de tournée neutre en carbone, certains ont malgré tout décidé d'entreprendre des actions individuelles pour réduire leur impact environnemental. C'est notamment le cas de Coldplay qui, le 21 novembre dernier, annonçait qu'il ne ferait pas de tournée pour promouvoir son nouvel album Everyday Life.Si, d'après Massive Attack, les « petits pas » ne servent à rien, de voir une aussi grosse machine que le groupe de Chris Martin prendre une telle décision n'est pas anodin. En 2016-2017, rappelle Slate, Coldplay avait écumé la planète pour une tournée XXL de 122 concerts. 32 camions et 109 personnes étaient mobilisés sur les routes ; sans même prendre en compte l'impact énergétique des concerts eux-mêmes.
Une idée qui commence donc à faire son chemin. Le mois dernier, Thom Yorke, chanteur du groupe Radiohead, Brian Eno, David Byrne et d'autres artistes parmi lesquels on retrouve Robert Del Naja, ont co-signé une lettre dénonçant leurs pairs qui prônent un engagement environnemental tout en continuant à écumer le monde pour assurer des concerts.
Une lettre qui n'est pas sans lucidité. « Chers journalistes qui nous traitent d'hypocrites. Vous avez raison », peut-on y lire. De quoi mettre en branle un chantier d'envergure pour envisager autrement les concerts et — pire — les festivals ? La question est désormais soulevée.
Via : Pitchfork