Vendredi soir, le président de la République Emmanuel Macron a dialogué avec 150 citoyens tirés au sort pour proposer des mesures pour lutter contre le changement climatique, dans le cadre de la Convention citoyenne pour le climat animée par le Conseil économique, social, et environnemental (CESE).
Lancée en octobre 2019, la Convention citoyenne pour le climat est composée d'une assemblée de citoyens tirés au sort pour formuler des propositions pour agir contre la crise climatique. Ceux-ci auditionnent des experts du climat, des acteurs économiques et des représentants associatifs, pour évaluer le coût de leurs propositions et leurs effets sur le climat. Dans le cadre de leurs travaux, ils sont assistés par l'Ademe, le Haut Conseil pour le climat, ainsi que par un comité de juristes.
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Un référendum pour valider les mesures proposées par les citoyens ?
Le 10 janvier 2020, le Président Emmanuel Macron s'est rendu pour la première fois à une réunion de travail de cette assemblée afin d'échanger avec les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat, mise en place dans le contexte de ce que l'on peut appeler la « crise des gilets jaunes ».Les membres de la Convention lui ont demandé ce qu'il comptait faire de leurs propositions, remises d'ici le début du mois d'avril, pour réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre de la France d'ici 2030 par rapport au niveau de 1990.
Interrogé à plusieurs reprises sur l'organisation d'un référendum pour faire valider les mesures par l'ensemble de la population, le Président s'est dit « ouvert » à cette éventualité, pour une partie des propositions tout au moins : « Je pense qu'il faut, sur quelques mesures, en appeler à un référendum, qui permettra de partager avec tout le monde la préoccupation sur le sujet », a-t-il affirmé. Tout en s'engageant à soumettre les autres propositions « sans filtre », au Parlement.
Dans les deux cas, validation par référendum ou par le Parlement, Emmanuel Macron propose la mise en place d'un « mécanisme » permettant aux 150 citoyens de suivre l'application des mesures. Toutefois, il se réserve le droit « de ne pas être d'accord » avec certaines d'entre elles.
La taxe carbone : une erreur de jugement, un retour sous conditions
Concernant la hausse de la taxe carbone, qui fut à l'origine du mouvement des gilets jaunes, le président de la République a reconnu « une erreur ». Plus tard au cours du débat, il a précisé sa pensée : « Ce que je n'avais pas assez vu, c'est l'impact social sur des citoyens qui travaillent et vivent dans des endroits où il y a peu de transports collectifs ».Plusieurs citoyens membres de la Convention redoutent une reprise de la hausse de la taxe carbone, voire un possible rattrapage. Ne niant pas une telle possibilité à l'avenir, Emmanuel Macron a voulu indiquer les conditions qui devront être prévues le cas échéant : « L'acceptabilité d'une telle taxation, si elle est remise sur la table, n'est soutenable que si elle prévoit des mécanismes pour accompagner à la fois les plus modestes et ceux qui en sont les victimes ».
Libre-échange, écocide, plastique... Les réponses du Président
De nombreux autres sujets ont été abordés au cours des deux heures d'échange. Sur une éventuelle reconnaissance du crime d'écocide, une proposition rejetée par le Parlement, le Président a répondu qu'il s'agissait d'un « travail qui n'a de sens qu'au niveau international ».Au sujet de la compatibilité entre le modèle économique actuel et la transition écologique, il a critiqué un capitalisme d'accumulation tout en disant « croire dans l'économie de marché », compatible selon lui avec l'écologie. Il a ajouté qu'il fallait réformer l'économie mondiale de manière à intégrer la « composante climatique et environnementale », pour éviter une « crise profonde ». Concernant de futurs accords commerciaux, le Président a rappelé sa position : « La France aura toujours cette ligne : pas d'accord commercial avec un pays qui ne respecte pas l'Accord de Paris ».
Une intervenante a par ailleurs critiqué l'interdiction du plastique à usage unique en 2040, date qu'elle juge « lointaine ». Ce à quoi Emmanuel Macron a répondu qu'il était impossible de passer du jour au lendemain à un monde sans plastique : « Si vous me dites d'interdire les bouteilles en plastique dans six mois, c'est infaisable. On a des milliers de nos concitoyens qui travaillent dans ce secteur, on a une industrie qui existe, on ne peut pas leur dire du jour au lendemain que leur travail n'existe plus ».
Source : Conseil Economique Social et Environnemental