Un récent article scientifique proposé par un groupe d'experts de l'Organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) constate qu'il serait possible de profiter des océans pour fournir six fois plus de nourriture, à condition de mettre en place une gestion plus efficace et durable des surfaces maritimes, ainsi que certaines innovations technologiques.
Selon ce document, les deux tiers des protéines animales nécessaires pour nourrir la population mondiale en 2050 pourraient provenir des océans, contre 20 % actuellement. Les poissons, algues et crustacés pourraient aussi devenir une importante source de vitamines, de minéraux essentiels, ou d'acides oméga-3, voire fournir d'autres nutriments, que l'on ne trouve ni dans les végétaux ni dans les animaux terrestres.
Nourrir l'humanité grâce à l'aquaculture marine ?
Les auteurs de cet article scientifique estiment que les océans ont un vaste potentiel inexploité pour nourrir l'espèce humaine, et que cette ressource pourrait être utilisée bien davantage qu'aujourd'hui, tout en réduisant l'empreinte environnementale de notre espèce. Une partie du surplus alimentaire pourrait ainsi provenir d'une meilleure gestion de la pêche, notamment de techniques de capture plus respectueuses.Toutefois, les membres du « Panel de haut niveau pour une économie durable de l'océan » insistent surtout sur les bienfaits de l'aquaculture marine, ou « mariculture ». Ce terme désigne l'élevage d'animaux ou de végétaux marins dans les zones côtières, dans des fermes de haute mer, ou encore dans les eaux internationales. On parlerait le cas échéant d'une aquaculture offshore qui reste à inventer.
Cette solution aurait une capacité de production considérable, comme l'avait déjà révélé une précédente étude de 2017 : en convertissant moins de 0,015 % de la surface des océans en aquaculture, il serait possible d'obtenir autant de poissons que la quantité pêchée par l'espèce humaine en un an ! Un tel développement supposerait toutefois la conception de nouvelles solutions de surveillance et de suivi des stocks dans ces fermes aquacoles océaniques, comme un changement de régime alimentaire.
Vers une agriculture sous-marine ?
Un impact bénéfique sur le climat
L'autre grand avantage de l'aquaculture marine serait, d'après les membres de ce groupe d'experts, une forte réduction des émissions de CO2 pour une production égale de protéines. L'élevage de mollusques et de petits poissons pélagiques (poissons vivant en plein mer) émet près de 20 fois moins de dioxyde de carbone par gramme de protéine animale produite vis-à-vis de la viande de bœuf, par exemple.La FAO anticipe qu'au moins 500 millions de tonnes de viande devront être produites chaque année d'ici 2050 pour couvrir les besoins alimentaires de l'humanité. Or la solution de l'aquaculture pourrait couvrir largement ce chiffre. Même une modification minime de nos régimes alimentaires, en faveur de sources marines à faibles émissions de carbone, aurait des effets bénéfiques en matière de lutte contre le changement climatique.
Source : The Ocean Panel