Des ingénieurs singapouriens ont créé le premier aérogel réalisable à partir de pneus usagés

Benoît Théry
Publié le 21 mars 2020 à 13h00
pneu
© Pixabay

Une équipe de l'Université nationale de Singapour (NUS) a annoncé être parvenue à fabriquer, pour la première fois, un aérogel à partir de pneus usagés en caoutchouc.

Le projet promet ainsi une nouvelle alternative pour le recyclage des pneus, dont les déchets participent notamment à polluer les océans.


Un taux de recyclage à améliorer

Chaque année, les activités humaines génèrent environ un milliard de pneus usagés. Ces pneus sont non-biodégradables, et alors que 40 % d'entre eux sont recyclés, la moitié (49 %) est incinérée, produisant de l'énergie, mais également de la pollution. En janvier 2019, la Cellule interrégionale de l'environnement (Celine) rapportait même que leur usure sur la route contribuait à la pollution aux particules fines.

Des alternatives - comme celles des pneus sans air - émergent donc pour allonger la durée de vie de nos pneus ou améliorer leur taux de recyclage. Un brevet déposé par des chercheurs de l'Université nationale de Singapour va dans ce sens. Le procédé, résumé sur YouTube, consiste d'abord à réduire les pneus usagés en fibres de petite taille. Celles-ci sont ensuite imbibées d'eau et d'agents de réticulation chimique. Le mélange est enfin mixé pendant une vingtaine de minutes, puis placé à -50°C pendant 12 heures.




Applications multiples

Le professeur Duong Hai-Minh explique que « (ce) processus de fabrication est simple, rentable et respectueux de l'environnement. L'ensemble du processus prend entre 12 et 13 heures et il coûte moins de 10 dollars singapouriens (6,45 euros) pour produire une feuille d'aérogel de caoutchouc d'une superficie d'1 m² et d'une épaisseur d'1 cm ». Il ajoute : « Le processus peut également être facilement étendu à une production en série. Cela fait des aérogels en caoutchouc un produit commercialement attrayant ».

L'aérogel ainsi obtenu est à la fois extrêmement léger et plus rigide que les mousses commerciales. Hautement poreux, il pourrait servir d'absorbant, notamment pour la gestion des déversements d'hydrocarbures. Par rapport aux isolants commerciaux, il disposerait également d'une meilleure isolation acoustique et thermique. Selon les chercheurs, un panneau d'aérogel de 2,54 cm d'épaisseur afficherait la même limite de transfert de chaleur que 25 vitres d'un verre standard. Enfin, par rapport aux aérogels précédemment créés, le nouvel élément ne s'effriterait pas, et peut même reprendre sa forme initiale suite à une compression.

Traité chimiquement, cet aérogel peut devenir hydrofuge, ce qui permettrait de prévenir la formation de moisissures dans les logements où il serait disposé. L'un des membres de l'équipe, le professeur Nhan Phan-Thien a déclaré que « le potentiel commercial des aérogels est énorme. Par exemple, l'isolation phonique et le confort thermique des véhicules sont essentiels dans la conception des véhicules - les marchés mondiaux des solutions d'isolation thermique et acoustique pour les automobiles devraient atteindre 3,2 milliards de dollars américains d'ici 2022. En outre, le marché mondial de la gestion des déversements d'hydrocarbures devrait atteindre 182,7 milliards de dollars américains d'ici 2025 ».

L'équipe a reçu un investissement de 155 000 dollars singapouriens (environ 100 000 euros) du promoteur immobilier Mapletree Investments. Elle compte utiliser la somme pour conduire davantage d'études sur son aérogel et explorer d'autres applications possibles.

Source : Phys.org
Benoît Théry
Par Benoît Théry

Je veux tout savoir, et même le reste. Je me passionne pour le digital painting, la 3D, la plongée, l'artisanat, les fêtes médiévales... Du coup, j'ai toujours des apprentissages sur le feu. Actuellement, j'apprends à sourire sur mes photos de profil.

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Commentaires (10)
johnguy_park

Une info positive, simple, et prometteuse pour le futur. Top !

fg03

J’ai pas compris la prouesse technologique de ce matériau qui n’est qu’un déchet qu’on va recycler partout ou on pourra…
Isolant ? pas du tout c’est juste qu’on va faire des mille feuilles de ce matériau qui va par définition créer un isolant… on fait ça avec n’importe quoi qui n’est pas metallique et on botient la même chose.
…Traité chimiquement il devient hydrofuge… en fait ça veut dire qu’on va l’enduire d’une couche hydrofuge et il va devenir hydrofuge… ouah, crions à l’exploit !
Aerogel… c’est clair ça en jette… ca fait trop high tech… mais bon c’est que de la m@rde qu’on va transformer en bouilli, laminer et couper pour faire des plaques type BA13 qu’on retrouvera dans le BTP mais avec un nom et une estampille scientifique qui justifiera qu’on puisse le vendre 10 fois plus cher.

Kradschneider

Et en plus aucunement débarrassé de ses produits toxiques… tout comme les « formidables » granulés de pneus usagés dont on recouvre les terrains synthétiques.

TotO

Jusqu’à preuve du contraire et compte tenu des études portant sur le recyclage de pneus usagés réduits en particules, Aérogel = Cancer

xryl

Perso, j’ai installé des panneaux isolant en aerogel sous vide dans une pièce pour l’isoler, et c’est le top. Le coefficient d’isolation est incroyablement bas: R = 0.005 à 0.007 W/(m.K) (soit 8x meilleur que de la laine de roche), ce qui permet de ne perdre que 1cm sur les murs (contrainte chez moi pour ne pas perdre trop de place vu que je ne pouvais isoler que par l’intérieur) et quand même avoir un R de 2 pour mes parois. Les aerogels sont emballés dans une poche en mylar puis mis sous vide. J’ai plaqué avec du BA10 devant, donc je n’ai perdu que 2cm d’épaisseur au total, alors que la même isolation avec un matériau classique, j’aurais au moins perdu 10cm d’épaisseur. Et je ne parle pas de la pose, qui se fait en une demi journée (posé/collé), sans masque ni vêtement qui gratte en comparaison de la laine de roche (plus jamais cette m.rde chez moi).

Bref, avant de critiquer les avancées technologiques, renseignez-vous.

yalefeu

Le coefficient d’isolation est incroyablement bas: R = 0.005 à 0.007 W/(m.K)

source officielle s’il vous plait ???

Kradschneider

Ses formidables propriétés n’écartent absolument pas son éventuelle toxicité… L’amiante aussi c’était révolutionnaire, tellement qu’on en a mis partout !

Kradschneider

Ça c’est de l’argument, chapeau ! Donc vouloir s’assurer de l’innocuité d’un nouveau matériau conçu à base d’un autre bourré de substances toxiques c’est vouloir décroître pour retourner au moyen âge… Je crois qu’on peut s’arrêter là tellement c’est ridicule.

TotO

Paroles d’inconscients qui ne pensent qu’à l’économie et non à la santé publique.

Sinic

D’abord, je vais vous demander à tous de changer de ton.

Ensuite, je n’ai pas accès à l’ensemble des caractéristiques du nouvel aérogel, mais il me semble pourtant que l’intérêt de ses propriétés est clair. Si je me reporte à la publication initiale autour du brevet, qui a été déposé en septembre dernier, on y affirme qu’il possède d’« excellentes propriétés d’isolation thermique (Kavg = 0,035 - 0,047 W / m.K) », une stabilité thermique « beaucoup plus grande que celle du polystyrène commercial », des performances d’isolation acoustique 10% supérieures aux mousses commerciales et une capacité d’absorption des huiles « très compétitive par rapport aux sorbants commerciaux. »

Concernant la toxicité, je n’ai pas trouvé d’info dessus. L’investissement de 155 000 dollars que le NUS a reçu doit notamment servir à améliorer la durabilité de l’aérogel. En revanche, ce que je sais, c’est qu’un aérogel servant à isoler une maison sera toujours plus utile que les pneus que l’on empile dans les champs ou que l’on incinère dans les usines.

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