Une équipe de l'Université nationale de Singapour (NUS) a annoncé être parvenue à fabriquer, pour la première fois, un aérogel à partir de pneus usagés en caoutchouc.
Le projet promet ainsi une nouvelle alternative pour le recyclage des pneus, dont les déchets participent notamment à polluer les océans.
Un taux de recyclage à améliorer
Chaque année, les activités humaines génèrent environ un milliard de pneus usagés. Ces pneus sont non-biodégradables, et alors que 40 % d'entre eux sont recyclés, la moitié (49 %) est incinérée, produisant de l'énergie, mais également de la pollution. En janvier 2019, la Cellule interrégionale de l'environnement (Celine) rapportait même que leur usure sur la route contribuait à la pollution aux particules fines.Des alternatives - comme celles des pneus sans air - émergent donc pour allonger la durée de vie de nos pneus ou améliorer leur taux de recyclage. Un brevet déposé par des chercheurs de l'Université nationale de Singapour va dans ce sens. Le procédé, résumé sur YouTube, consiste d'abord à réduire les pneus usagés en fibres de petite taille. Celles-ci sont ensuite imbibées d'eau et d'agents de réticulation chimique. Le mélange est enfin mixé pendant une vingtaine de minutes, puis placé à -50°C pendant 12 heures.
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Applications multiples
Le professeur Duong Hai-Minh explique que « (ce) processus de fabrication est simple, rentable et respectueux de l'environnement. L'ensemble du processus prend entre 12 et 13 heures et il coûte moins de 10 dollars singapouriens (6,45 euros) pour produire une feuille d'aérogel de caoutchouc d'une superficie d'1 m² et d'une épaisseur d'1 cm ». Il ajoute : « Le processus peut également être facilement étendu à une production en série. Cela fait des aérogels en caoutchouc un produit commercialement attrayant ».L'aérogel ainsi obtenu est à la fois extrêmement léger et plus rigide que les mousses commerciales. Hautement poreux, il pourrait servir d'absorbant, notamment pour la gestion des déversements d'hydrocarbures. Par rapport aux isolants commerciaux, il disposerait également d'une meilleure isolation acoustique et thermique. Selon les chercheurs, un panneau d'aérogel de 2,54 cm d'épaisseur afficherait la même limite de transfert de chaleur que 25 vitres d'un verre standard. Enfin, par rapport aux aérogels précédemment créés, le nouvel élément ne s'effriterait pas, et peut même reprendre sa forme initiale suite à une compression.
Traité chimiquement, cet aérogel peut devenir hydrofuge, ce qui permettrait de prévenir la formation de moisissures dans les logements où il serait disposé. L'un des membres de l'équipe, le professeur Nhan Phan-Thien a déclaré que « le potentiel commercial des aérogels est énorme. Par exemple, l'isolation phonique et le confort thermique des véhicules sont essentiels dans la conception des véhicules - les marchés mondiaux des solutions d'isolation thermique et acoustique pour les automobiles devraient atteindre 3,2 milliards de dollars américains d'ici 2022. En outre, le marché mondial de la gestion des déversements d'hydrocarbures devrait atteindre 182,7 milliards de dollars américains d'ici 2025 ».
L'équipe a reçu un investissement de 155 000 dollars singapouriens (environ 100 000 euros) du promoteur immobilier Mapletree Investments. Elle compte utiliser la somme pour conduire davantage d'études sur son aérogel et explorer d'autres applications possibles.
Source : Phys.org