Il y a quelques semaines, nous commencions à mesurer l'impact du confinement de la Chine sur la qualité de son air. Il en a été de même plus récemment en Italie. Et Reuters a rapporté lundi les premiers signes d'amélioration fournis par l'agence spatiale européenne (ESA) concernant les autres grandes villes du continent.
De l'autre côté de l'Atlantique, ces améliorations risquent cependant d'être contrebalancées par les décisions de l'administration Trump. Après que le président américain a renoncé à confiner l'État de New-York - le plus touché par l'épidémie -, son administration vient d'annoncer un gel des contraintes environnementales pour les entreprises.
L'EPA donne carte blanche à l'industrie
L'Environmental Protection Agency (EPA) américain a publié jeudi 26 mars un communiqué dans lequel elle affirme « ne pas s'attendre à engager des sanctions pour le non-respect de règles de surveillance, de tests d'intégrité, d'échantillonnage, d'analyse en laboratoire, de formation et d'obligation de déclaration ou de certification lorsque l'EPA admet que le Covid-19 en était la cause ». En d'autres termes, cette règle signifie qu'usines, centrales et autres industries polluantes n'auront pas l'obligation de respecter les normes environnementales, à condition que ce non-respect soit imputé au nouveau coronavirus.Le problème, souligne Vox, est double. D'une part, cette mise en suspens de la réglementation a été instaurée de manière indéfinie. Et d'autre part, cela donne aux secteurs concernés une grande marge de manœuvre : les réglementations concernant la pollution de l'air, mais aussi de l'eau et celles relatives à la gestion des déchets sont gelées. Et si l'agence a appelé les industries à « agir de façon responsable » et à « minimiser les effets et la durée de toute non-conformité », celles-ci pourront justifier le non-respect des règles avec beaucoup plus d'aisance : il leur suffira « d'accuser le Covid-19 ».
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« Permis de polluer »
Bien entendu, la décision a immédiatement suscité des critiques. Cynthia Giles, l'ancienne responsable de l'application des lois de l'EPA sous le président Obama, a déclaré qu'elle « n'était au courant d'aucun cas où l'EPA aurait jamais renoncé à cette autorité fondamentale ». Pour elle, ce communiqué sonne comme « une abdication de la responsabilité de l'EPA de protéger le public ». Pour Gina McCarthy, P.D.-G. du Natural Resources Defense Council et ancienne administratrice de l'EPA, « il s'agit d'un permis de polluer. Purement et simplement ».Pour de nombreux observateurs, le but réel de l'administration Trump est de faire retirer les lois environnementales, le Covid-19 n'étant qu'un prétexte. Le directeur exécutif de l'organisation environnementale du Sierra Club, Michael Brune, a déclaré dans un communiqué : « Alors que le pays se concentre sur la protection de la santé et de la sécurité publique contre le COVID-19, Donald Trump et Andrew Wheeler (l'administrateur actuel de l'EPA) exploitent cette pandémie pour légaliser la pollution toxique ».
FAKE NEWS: @NYT is spreading inaccurate info & misleading the public. That's not what America needs right now.
— EPA Administrator Andrew Wheeler (@EPAAWheeler) March 27, 2020
TRUTH: EPA is working hard to protect public health & the enviro while providing a small degree of flexibility during these extraordinary times. https://t.co/ZIPML7Jt0M
Face aux critiques, et bien qu'elle n'ait pas fixé de durée à la mesure, l'agence insiste sur son caractère exceptionnel et temporaire. Pour Andrew Wheeler, il s'agit de protéger la santé publique et l'environnement « tout en offrant un petit degré de flexibilité (aux entreprises) en ces temps extraordinaires ». Donald Trump étant clairement engagé contre les lois environnementales, cela reste difficile à croire.
Source : Vox